
 
		j  4  Objèrvadons Jùr la Culture  du  Cafe\ 
 fait lorfqu’il encre  en  féve ; bien-tôt il repouife  Sc  avec force: mais dès  
 qu’il  eft parvenu  à  trois ou  quatre  pieds de  hauteur,  on recommence  
 l’étêtement  qui  a  les  mêmes  iiiites  funeftes.  Comme  les  Caféiers  ne  
 périfTent  pas  tous  à  la fois  ,  on  regarnit  chaque année.  Les  colons  ne  
 s’occupent pas à remédier plus efficacement aux pertes qu’ils éprouvent.  I  
 Cependant ils  ont  tous  les  jours  fous  les  yeux  ce  que j’ai  vu  pendant  
 mon  icjour  à  Bourbon ,  que  des  Caféiers  plantés auprès  des maifons  
 Sc des cafés ,  au  bord des  grands ruiffeaux,  au  bas  des  ravines,  parmi  
 des Gouyaviers  Sc  autres arbres;  que  ces  Caféiers,  dis-je,  plantés  Sc  
 venus  fans  foins  ,  ont  plus  de  huit  pieds  ,  font  d’une  belle  verdure,  I  
 portent beaucoup de  fruits  Sc  n’onc  pas  de  branches par le  bas , avan-  I  
 tages  que- ces  arbres paroiffent devoir  à  ce  qu’ils  ne  fouffrent  ni  du  I  
 foleil brûlant  ni  des grands  vents, ni  de  l’étêtement. 
 De retour  en France, au commencement de  i? 6 z , je reçus au mois  I  
 de Mai,  des  ordres  pour me  rendre à  Caïenne,  où  j’arrivai  le  11  de  I  
 Juillet.  Yoici ce  que j’y  ai  appris  ou  obfervé  fur  les  Caféiers  de  plu-  I  
 fieurs  habitations.  On me  fit voir  fur  l’habitation  dite  de  S.  Louis  ,  I  
 qui  appartient  aux Millionnaires,  un  vafte  terrein  qui avoit  été  cou-  I  
 vert de Cafeiers  plantés en quinconce : cette plantation qui  rapportoit  I  
 beaucoup ,  n’a duré que dix ans en  rapport,  puis elle  a  commencé  à  |  
 dépérir  Sc  a  enfin  été  entièrement  détruite  par  l’ardeur  du  foleil ;  on  
 y  iuivoit  auffi  la pratique  d’ététer les arbres. 11  reftoit encore fur  cette  
 habitation  un  alfez  grand  nombre  de  Caféiers  abrités  par  les  cafés  
 des Nègres  ou par des arbres, & qu’on laiffoit  en liberté  fans  les  tailler;  
 ces Caféiers  étoient  d’un  très-bon  rapport :  il  fe trouvoit  des Caféiers  
 dans  le même  état fur l’habitation de M. Macay ;  ceux-ci produifoient  
 jauffi beaucoup. 
 M.  de  Monty  avoit,  dans  la  Guiane  Françoife  ,  au  quartier  d’A-  
 rouva, un excellent  défriché planté  de  Caféiers  en quinconce. Ses  arbres  
 étoient d’une  belle venue ;  cependant  il  fe  plaignoit  de  trouver  
 chaque jour  des  arbres  flétris,  comme  fi  les  feuilles  euflfent  été expo-  
 fées  à  la vapeur  de l’eau  bouillante. L’abondance  des pluies momentanées  
 de ces contrées, l’action vive  du foleil qui leur  fuccède  bien - tôt,  
 {“chauffent tellepient  la terre  à  trois  Sc  quatre pouces  de profondeur, 
 Obfervations Jùr la Culture du Cafe.  y* 
 que la vapeur  qui  s’en  éleve  eft  auffi  épaifle que  celle de  l’eau  bouillante. 
   Eft-il  étonnant  qu’un  arbre qui  aime  le frais;  Sc  dont  la  feuille  
 doit conferver  de la  fermeté, dépérifle  promptement  par de pareilles  
 impreffions fréquemment réitérées. 
 A mefure que les Caféiers,venus pêle-mêle avec d’autres arbres qui ont  
 favorifé leur accroiflement en les  abritant dans leur jeuneflc, à mefure»  
 dis-je, que ces Caféiers deviennent gros, on élague les porte-abris, en-  
 fuite  on  les arrache:  les  Caféiers  s’étendent,  portent un ombrage, un  
 frais  fuffiiânt  à la  terre ;  les troncs acquerrent  la grofleur  du  bras,  Sc  
 ils donnent  un  Café  fupérieur  à  celui  des  autres  Colonies,  rond  Sc  
 petit  comme  celui  de Moka  ,  duquel  il  approche  auffi  plus  que  les  
 |Pafés  des Ifles, parce que fit maturité  n’eft pas précipitée  par la féche-  
 reffe du fol. 
 De la Guiane Françoife, je paflfai à  S. Domingue  en  1754  & j’y  ai  
 fait  les  mêmes remarques fur les plantations de  Caféiers  dans  les  quartiers  
 du  Port-au-Prince,  du  grand Sc petit  Goave,  du  Fond  des  Nègres  
 ,  du Mirebalais, jufqu’au  Cap  du Fort-Dauphin Sc du Môle S. Nicolas. 
  Les Caféiers abrités par des  maifons Sc des  cafés,  ou plantés dans  
 des lieux bas,  ont une  verdure vive, Sc ne font jamais attaqués des pucerons  
 ;  au lieu  que  les Caféiers  des  terreins  fecs  ,  découverts ,  expo-  
 fés  aux vents  Sc  au foleil,  font fujets à  jaunir , à dépérir,  durent peu,,  
 font  trop endommagés par les pucerons, 
 Auffi  lorfqu on deftine un  terrein  inculte  à  faire  Une plantation  de  
 Cafeiers, s il y  a des  arbres, il  eft à  propos d’en  conferver  çà  Sc  là  un  
 nombre fuffifant  pour abriter les jeunes  Caféiers,  Sc fur-tout  de  jeunes  
 arbres qui étendent leurs rameaux ôtaient un feuillage garni Sc toujours  
 verd,  011 préférera ceux dont les racines ont peu  d’étendue fur  la fiir-  
 face  de la  terre, Sc  fur-tout ceux  qui  peuvent  être  d’une  plus  grande  
 utilité, tels font les  Jacquiers, Manguiers, Avocats, Sapotilliers-, Abricotiers. 
   Si  le  terrein,  deftiné  aux Caféiers,  ne  contient pas d’arbres %  
 il  convient  d y  en  mettre  quelques - uns  à  des  diftances  raifonna-  
 bles  deux  ou  trois  ans  avant  de  faire  la  plantation  ou  du moins  en:  
 la  faifânt  ;  mais  alors  il  en faudra davantage,:  Sc  on  en  diminuera  le'  
 nombre  chaque année, à mefure  qu’ils donneront de l’ombre. La terre