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 rement,  & près à  près.  Ces  feuilles  font  à   trois folioles, articulées fur  
 un  long  pédicule grêle,  & creufé en  deflus dans  toute fa longueur; il  
 eft  convexe  en  deifous,  &c  renflé  à   fa  naiflance.  Les  f o l io l e s   font  
 entières,  liifes,  ovales,  aiguës,  vertes en deflus, de couleur  cendrée  
 en  deifous ;  elles font  retrécies  à   leur naiflance, &  creufées  en gouttière. 
 Je  n’ai  pu  obferver  les  fleurs de  cet arbre ;  je  n’en  ai  vu  que  les  
 fruits;  ils  étoient difpofés en  épis,  à l’extrémite des rameaux. 
 Le  f r u i t   eft  oblong,  verdâtre ,  à  trois  groffes  cotes  arrondies,  
 plus  larges  par  le  bas ;  il eft lurmonté  d’une petite pointe.  Ces  trois  
 côtes  font  trois  capfules  feches,  unies  enfemble  par  l’angle  qu’elles  
 forment  à  leur  face  interne ;  elles  font  couvertes  d’une  peau  qui lé  
 détache  dans  leur  maturité ;  chacune  s’ouvre  en  deux  valves  avec  
 élafticité  de  bas  en  haut,  Sl  c’eft  toujours  du  côté  intérieur  qu’elles  
 commencent  à  fe  féparer.  Ces  valves  font  jaunâtres,  d’une  fubftance  
 ligneufe,  compacte,  ferme,  &  comme  ofleufe.  Chaque  capfule contient  
 ordinairement deux  s em e n c e s ,  quelquefois une feule, &  d’autrefois  
 trois :  elles  font  attachées  à  l’angle  interne  de  la  capfule.  Ces  
 femences  font des coques  comme ovoïdes, rouflatres,  & bariolées de  
 noir.  Leur  coque  eft  caflante  &C mince ;  elle  contient  une  amande  
 blanche,  enveloppée  d’une  fine  membrane  de  même couleur.  Cette  
 amande  eft  agréable au goût, & très  bonne  à manger.  On ne  peut la  
 mieux  comparer  qu’à  une  noifette ;  elle  en  a  le goût. 
 On  a  repréfenté le rameau,  fes feuilles, le fruit, & les deux valves  
 d’une  capfule,  de  grandeur  naturelle.  Les  grofleurs,  qui  font  fiir  le  
 rameau ,  font occafionnées  par les  piquûres d’infedtes. 
 Cet  arbre  eft  nommé  SIRINGA  par  lesGaripons;  H Ê VÉ  parles  
 habitans  de  la  province  d’Efmeraldas'au  nord-oueft  de  Quito,  &  
 c a o u t cho u c   par  les Maïnas;  PAO  SERINGA  par  les  Portugais  
 du  Para. 
 On trouve une mauvaife  figure  de  cet  arbre,  de  fes  feuilles & de  
 fon fruit, Planche  20 ,Mém.del’Ac.Roy. des Sciences,  1751. 
 Les  Galibis  &  les  Garipons  ramaflent  foigneufement  les  noifettes  
 des  fruits  de  cet  arbre.  Ils  les  confervent &  les mangent avec plaifir. 
 J’ai 
 J’ai été témoin de leur empreflement à les  recueillir, lorfque ces arbres  
 fe  font  rencontrés  dans  les  voyages  que  je  faifois avec eux ;  je les ai  
 imités ;  j’ai mangé  beaucoup de ces noifettes fans  en  être aucunement  
 incommodé. 
 Pour peu qu’on entaille l’écorce du tronc de cet arbre, il en découle  
 un fuc laiteux ;  &  quand on  veut  en  tirer  une  grande  quantité ,  on  
 commence par faire au bas  du tronc une entaille profonde  qui pénétré  
 dans  le  bois  ;  on fait enfuite une incifion qui prend du haut  du  tronc  
 jufqu’à  l’entaille,  &  par  diftance  on  en  pratique  d’autres  latérales  
 & obliques  qui  viennent  aboutir  a  l’incifion  longitudinale.  Toutes  
 ces  incifions  ainfi  pratiquées  conduifent  le  lue  laiteux  dans  un  Yaiè  
 placé  à  l’ouverture  de  l’entaille,  le  lue  s’epaiflit,  perd  ion  humidité, 
   &  devient  une  réfine molle  ,  rouflatre  &  elaftique  ;  lorfquil  
 eft  très  récent,  il prend  la  forme  des inftruments  8t  des vafes  flir le!-,  
 quels  on  l’applique  couche  par  couche ,  que  1 on fait  fecher a mefure  
 en  l’expofant  à  la  chaleur  du  feu.  Cette  couverture  devient  plus  ou  
 moins  épaifle, mais  toujours molle & flexible. Si les vafes font de terre  
 glaife, on introduit de l’eau pour  la délayer & la faire  fortir;  fi c’eft un  
 vafe de terre cuite,  on  le brife en petits morceaux ;  c eft  la façon d o-  
 pérer  des  Garipons. 
 On  fait  avec  cette  réfine des boules  iolides qui,  étant lechees, font  
 fort  élaftiques ;  on  en  peut  faire  toutes  fortes  de  petits  inftruments,  
 comme  féringues,  bouteilles,  bottes,  fouliers.  On  en  fait  aufli  des  
 torches  &  des  flambeaux  dont  la  lumière  eft  éclatante. 
 Cet arbre croît dans les forêts d’Aroura, du Maripa, deSaint-Regis,’  
 du Comté de Gêne., de la crique des Galibis, de Sinémari, & de Caux.  
 Il  étoit  en  fruit  dans  les mois  d’Avril  6c  de Mai, 
 E x p l i c a t io n   d e   l a   P l a n c h e   t r o i s   c e n t   t r e n t e - c in q u ie m e . 
 1.  Fruit formé de trois capfules  qui font  unies  enfemble.  
 t.  Capfule  offeufe,  ouverte  avec  élaflicité, en deux valves.  
 j.  Semence. 
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