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 8°  La nouvelle  Réfine n’eft pas  totalement  foluble  dans  l’efprit-dc-  
 vin.  La partie ,  qui  s’y diffout,  demande une grande  quantité  de  ce  
 diffolvant.  Les  premières  diffolutions  ou  teintures  font  légèrement  
 ambrées, les fui vantes font à peine colorées. L’efprit-de-vin à  la fin ne  
 paroît  point  changer  de couleur :  cependant il  tient  un peu de Réfine  
 en diiTolutjon, puifqu’il blanchit avec l’eau. 
 Toutes ces teintures, qui ont ete  filtrées chaque  fois qu’elles ont été  
 faites, ont dépofé peu à peu, par le refroidiffement Sc le repos, une ma  
 tiere blanche réfineufe qui  a pris un arrangement falin. Cette  matière  
 qui  eft tres-blanche, eft en même temps très-légere Sc très-volumineufe. 
 Si  on la  fait  chauffer  un peu dans  une  petite  capfule  de verre , elle  
 fe liquéfie  Sc devient tranfparente. Mife  fur les  charbons, elle répand  
 une odeur légèrement aromatique. Elle eft très-caffante & £e réduit  en  
 poudre, quand on la frotte entre les doigts. 
 J’ai dit que la nouvelle Réfine a’étoit pas totalement ibluble dansl’ef-  
 prit-de-vin. La portion, qui  refte, eft  affez grife  & un  peu  falie par les  
 ordures.  Cette  portion,  qui  paroît  infoluble dans  l’efprit-de-vin ,  s’y  
 difl’out tant  qu’il  eft bouillant : mais  l?efprit-de-vin  étant  refroidi, elle  
 fe  dépofe  totalement  fous  la forme de cette matière  blanchâtre  dont  
 il  eft parle ci-deffus ;  ce qui  démontre  que  cette  Réfine eft  compofée  
 de deux  fubftances  réfineufes :  celle  qui  eft  blanche  eft  en  moindre  
 quantité, que celle qui refte diffoute dans îélprit-de-vin. 
 Les  teintures  ci-deffus"Iaiffent, après  l’évaporation , une Réfine qui  
 fe  ramollit  facilement par la maftication, comme  fait le maftic. 
 9° La  teinture de  l’ambre  gris, lorfqu’elle  eft bien  chargée, dépofe  
 une  matière blanche, comme la nouvelle Réfine. 
 i o°  L’efpece  de  dépôt  que  fait  la  teinture ou diffolution  de  cette  
 Réfine, ne  lui eft pas plus particulier qu’à l’ambre  gris. Plufieurs autres.  
 Réfines préfentent la même chafe.  C’eft  une  cryftallifation  qui fe voit  
 bien  dans  les  teintures compofées  ou  vernis,  où il  iè  forme  des  cry-  
 ftaux  très-grands  Sc très-beaux.  La  plupart  des  Réfines  ont  en  effet  
 des  rapports différens avec  l’eiprit-de-vin ,  en raifon de leur folubilité,  
 fùivant  toute  apparence.  Mais, outre  ces  rapports  du plus  au moins,  
 des différentes Réiines avec l’eiprit-de-vin,  il y  a encore plufieurs Réfi- 
 Analyfe  du  Coumier.  43 
 nés  qui  contiennent  deux  fortes  de  fubftances  réfineufes  (a),  dont  
 l’une  eft  à  peine  foluble  dans  l’efprit-de-vin ; &  celle  qui  l’eft  moins  
 que l’autre , fe  fépare fouvent  par la cryftallifation ou  fe précipite  aux  
 parois ou au fond des vaiffeaux. 
 110 La nouvelle Réfine,  ayant été foumiie  a  la diftillation, a donne  
 d’abord un  phlegme  infipide,  enfuite un  efprit  acide,  une huile  pe-  
 fante, jaune &  d’une odeur affez  agréable.  Le  réfidu, qui a  relié  dans  
 la  cornue, eft une  matière  charbonneufe, en tout femblable au  Caput  
 mortuum  des fubftances  réfineufes: en  un mot ,  elle  fournit les  mêmes  
 produits  exaéhement  que  l’ambre gris  a  donnés  à M, Geoffroy,  ainfi  
 qu’à M. Hermann & Grimm, dans les  Ephémérïdes des Curieux  de  la»  
 Nature, excepté un fel volatil concret, affez femblable  à celui  du fuccin  
 que  ces  deux Auteurs  ont également tiré  de l’ambre gris, & que nous  
 n’avons pas  pu obtenir de  la trop petite quantité de notre  Réfine  que  
 nous avons pu analyfer. 
 Quoique  la  nouvelle Réfine  n’ait  pas  exaétcment tous  les  rapports  
 poffibles  avec  l’ambre  gris ,  & ne préfente pas  précifément  les  memes  
 phénomènes  ,  elle  paroît  néanmoins  lui  être  analogue  à  beaucoup  
 d’égards  ;  i°  par  les  deux  matières  très-diftinétes  qui  la  compofcnt;  
 z°  par la  maniéré  dé  le diffoudre  8i  de  fe  pr-ec-ipiter  dans  l efprit-de-  
 vin ;  30  par  fon  odeur  qui  approche  beaucoup  de  celle  de  1 ambre  
 gris ; Sc fi cette  odeur eft moins  forte, on fait  aulli  qu’on trouve  fréquemment  
 de l’ambre qui n’en a point du tout. Il  eft meme  a preiùmer  
 que  celui qui  en eft chargé l’a reçue artificiellement, & la tient de quelque  
 préparation particulière. 
 Qn  trouve  encore  un  quatrième  rapport  entre  la  nouvelle  Refine  
 & l’ambre gris, dans  l'égale facilité  qu’ils  ont l’un  Sc l’autre a prendre  
 l’odeur du mufe,  Sc dans l’identité de celle que cette fubftance animale  
 développe  dans ces deux matières réfineufes. 
 '  Il  y  a  des  Auteurs,  Sc Geoffroy  entre  autres,  qui  onr prétendu,  
 que  l’ambre gris  étoit un  bitume  minéral, qui ,  coulant du  fein  de la  
 terre dans la  mer, s’y  condenfoit peu  à  peu ,  Sc formoit  ces  pains  Sc  
 ces  maffes  plus  ou  moins  folides,  plus  ou moins  confiderables que 
 (a) D.  il. A. i.obf.  171.  4°n  „   .. 
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