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 Pour faire  le  taffia, jl faut  environ un quart de  fyrop mêlé  avec  de  
 l’eau ; par exemple,  on mêle  .12,0 pots  du fyrop  avec 45 6  pots  d’eau,  
 qu’on  laiife fermenter ;  cette fermentation fe fait  en 7 à  8  jours.  Le V f  
 naigrier  ( ainfi eft appelle  l’Ouvrier, ) connoît que la liqueur  eft bonne  
 à diftiller,  lorfque la fermentation eft tombée. 
 Il  réfulte  ordinairement de ce procédé  100  pintes de taffia. Les écu.  
 mes  fe mettent  à  part pour fermenter’,  parce  qu’elles  communique-  
 roient  un  mauvais  goût  au  taffia :  on  y  ajoute  quelquefois  plufieurs  
 pots  de fÿrop. 
 Je ne vois pas qu’il y ait aucune correélion à faire à ce  travail : il n’y  
 a  que  des moyens  de  clarification  à communiquer  au Chef d’atteliçr;  
 mais  pour  cet  effet,  il faut de nécefïïté  conduire deux ou trois cuites. 
 L’on pourrait,  dans  la  çonftru&ion  des  fourneaux, porter  le foyer  
 ou le premier  feu  à  la gourmande,  au lieu  qu’il  eft  au flambeau :  mais  
 puifque  l’opération fe  fait  bien  par cet uiage,  il n’y  a  qu’un Fabricant  
 intelligent  qui puilfe faire cette correétion. 
 Il  eft certain que  le  flambeau  devroit être moins chauffé, parce que  
 le feu  trop yiolent fait fouvent brûler la  cuite; il eft  fort  difficile  alors  
 de bien blanchir le Sucre, nul  terrage ne peut lui ôter  le goût diÆrûle  
 &  fon oeil  jaunâtre. 
 Je ne parle point des bâtimcns,  Il n’y a pas une Sucrerie à Caïcnne,  
 qui  ait un quart des bâtimens qu’une Sucrerie roulante exige : il en faut  
 de très-confidérables, & tous les uns très-près des autres,  à  caufe  de  la  
 fuite  du travail, 
 T R O I S I E M E   M É M O I R E ; 
 TROISIÈME  MÉMOIRE. 
 O B S E R V A T IO N S   SUR  L E   M A G N O C . 
 Des efpeces de Magnoc les plus  connues a Càienne. 
 L  A première  efpece de Magnoc  eft celle  dont  la  racine  eft bonne à  
 manger fix mois après que la plante a  été mife en terre ; c’eft le Magnoc  
 maié. Cette racine eft courte,  groffe , dure à  râper ; fon écorce s’enleve  
 difficilement ;  étant râpée &  preffée  ,  elle  rend  peu de  fuc  :  fes  tiges  
 font  baffes,  très - branchues  &  rameufes ;  elles  ont  au  moins  douze  
 pieds  de  haut,  & leur  écorce  eft grisâtre. 
 La féconde  efpece,  qui  fe nomme Magnoc  cachiri ,  différé  de  la  
 première par fes  racines, qui ont un pied & demi ou plus de  longueur  
 iïir  environ fept a huit  pouces de diametre ;  par fes tiges  groffes  à peu  
 près  comme  le  poignet,  branchues &  hautes  de fix à fept pieds,  Les  
 naturels  du pays ne l’arrachent  qu’après  dix mois de culture ;  ils" remploient  
 principalement à la fabrication d’une boiffon, qu’ils  nomment  
 Cachiri ;  raifon  pour  laquelle  ils  donnent  le  nom  de  Cachiri  à  ce  
 Magnoc. 
 La  troifiéme  efpece  eft  nommée Magnoc bois blanc :  elle  différé  
 de la précédente  par  fes  racines,  qui  ont  beaucoup  de  rapport,  par  
 leur  forme &  leur  groffeur,  à  celles  du Magnoc  maïé.  Ses  tiges  ont  
 fix a fept pieds de haut,  elles font terminées par de très-petits rameaux  
 courts, chargés de feuilles; leur  écorce  eft d’un  gris  cendré.  Pour  employer  
 fes  racines,  il  faut  qu’elles  foient  âgées de  quinze  mois  ;  on  
 fait avec cette efpece de Magnoc , une  caffave  très-blanche &  agréable  
 a  manger. 
 La quatrième elpece  eft le Magnoc mai-pourri-rouge,  les  tiges font 
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