
 
		» les coquillages, &c. forme de l’ambre ». En un mot, ce Fadteur pré-  
 tendoit avoir trouvé la  véritable  origine  de  l’ambre. Cela n’empêche  
 pas  cependant Rumphius de  croire , que l'ambre gris naturel1,  c’eft-à-  
 dire , celui qu’on pêche & qu’on trouve fur ïes bords de la mer, eft une  
 produârion ou comme un excrément (projeclum ) de cet élément. 
 Toutes lesefpeces de  ce genre d’arbres donnent deux fortes de Ré-  
 iines s mais  elles n’ont  pas toutes  la même odeur , ni les mêmes  propriétés. 
  Il y en a qui  ont l’odeur, la ténacité 8c le gluten de la gomme  
 Elemi,  8c  qui  forment  comme  des  pains  ou  ftalaérites pendues  aux  
 branches 8c au  tronc  des  arbres d’où elles  ont  découlé. Telle  eft une  
 efpece femblable, qu’on trouve à lTfle de France. 
 M. Aublet a trouvé , en effet, à l’Ifle de France & à  l’Ifle de Bourbon  
 , deux efpeces d’arbres du même genre,  8c qu’il dit  être  l'Amyris  
 de Linrueus.  Ces  arbres  viennent en haute futaie  8c  ont jufqu’à  trois  
 pieds ôc plus de  diametre :  ils  donnent l’uiï j une Réfine  qui,  dans  la  
 première eipece; a l’odeur du  citron &  plus  agréable encore ;  odeur  
 qu’elle  eonferve même dans la terre où elle s’imbibe à meihre qu’èlle y  
 découle de l’arbre : l’autre  donne une Réfine , dont  l’odeur approche  
 de celle de l’Elenai.  Ces Réfines  qui font,  en perçant  l’écorce, d’une  
 confiftance molle  ,  bitumineufe  &  de  couleur  blanchâtre ,  fe  déffé-  
 ehent enfuite, forment de groffes maifes féchés',  friables, 8c fe  diffol-  
 vent- entièrement dans  l’efprit-dë-vin.  Dans les  ouragans ,  ces Réfines  
 font entraînées par les eaux dans les ravines, les rivieres 8c dans la mer,  
 où elles  deviennent encore  plus compades, plus féches, plus friables,  
 jaunes comme de la poix-réfine, & d’ùn parfum plus radouci. On prend  
 celle que la mer rejette à la côte , pour la brûler dans les Eglifes. 
 Feû Jvl- dela Bourdonnaye en faifoit amalfer à Madagascar, à  Bourbon  
 8c à Plfîe de France. Il en fit entrer dans le goudron qu’il  compofa  
 pour calfater 8c radouber l’Efcadre avec laquelle il fut prendre Madras. 
 Il y a des efpeces  dont-la Réfine a une odeur  trés-vivè ,  très-pénétrante, 
  qui porte à la çête 8i qui incommode, tandis que dans d’autres,  
 au contraire ,  l’odeur eft douce- &  très - fuave :  en un mot, il y a à cet  
 égard beaucoup de variétés, ainfi  que pour la couleur qui  eft plus ou  
 moins blanche, plus ou moins grife, enfin plus ou moins noire, fin vanc 
 l’âge 8c  l’efpece  différente  des individus ;  en forte que  fi  l’ambre mis  
 doit véritablement  fon  origine  à  quelqu’une  des efpeces de ce o-enre  
 d’arbres, il ne fera pas  dès-lors difficile de trouver la fource de  l’ambre  
 noir qui eft plus mauvais, & que Geoffroy prétend ù’être tel, qu’à caufe  
 de la vafe dont il eft imprégné, ou avec laquelle il a été allono-é. 
 Geoffroy nous a donné une Analyfe de l’ambre gris. Il a trouvé qu’en  
 le  traitant par l’efprit-de-vin ,  il  y  avoit  une matière  noire &  ténace  
 comme de la poix, qui étoit infoluble dans ce menftrue. Il a obfervé le  
 dépôt blanc qui fe précipite par le refroidilfement 8c le repos, 8c qui, en  
 fe defféchant, prend une apparence de terre foliée brillante, affez femblable  
 au blanc de Baleine. 
 Par la diftillation, l’ambre gris lui a donné  d’abord un phlegme infi-  
 pide, un efprit acide, une huile jaune  très-odorante, avec  une petite  
 portion  de fol  acide  volatil  affez  femblable à celui du fuccin. Ce  qui  
 refte dans la  cornue eft,  dit-il,  une matière noire luifante  8c  bitumineufe  
 ¡mais il paroît quà cet égard M. Geoffroy n’a pas pouffé la diftillation  
 jufqu’à la fin. 
 F i n   d u   S u p p l e m e n t .