
 
		L E   COUMI E R   de  la  Guiane.  ( P l a n c h e   592,.) 
 C ’eft  un  a r b r e   dont  le  t r o n c   s’élève  à plus de  trente  pieds  dans  
 les  forêts  ,  il  a  environ  deux  pieds  de  diametre.  Son  é c o r c e   eft  
 grife,  épaiife,  8c  rend abondamment,  par incilion, un  fuc  laiteux qui  
 fe  fige,  fe  durcit  en  peu de temps. 
 Sa tête  eft  branchue,  fort  rameufe.  Les rameaux font triangulaires,  
 8c  portent  à  chaque  noeud  trois feuilles, du  centre defquelles  fortent  
 deux,  trois  ou  quatre  bourgeons;  8c  à  mefure qu’ils  fe multiplient &  
 s’allongent, les  feuilles  inférieures  tombent;  ce qui  forme des  noeuds  
 à l’endroit  où  elles étoient attachées. 
 Ces  feuilles font ovales,  pointues,  d’un  beau vert en deflùs, un peu  
 moins vertes en dellous, 8c liftes :  elles ont un court pédicule creufé en  
 gouttière  en deffus, 8e convexe en deffous. Lorfqu’on les déchire, elles  
 rendent un  fuc  laiteux. 
 Les  f r u i t s   fortent de  l’aifTelle  des  feuilles qui  tombent;  ils naiffent  
 plufieurs  enfemble,  portés  chacun  fur  un  long  pédoncule ;  ils  font  
 arrondis, comprimés  à  leur  fommet, ¿c de la groffeur d’une  noix garnie  
 de  fon  brou.  Leur  peau  eft  fine  8c  rouflâtre.  La  chair  eft  de  la  
 même  couleur,  fondante , &  un peu pâteufe, d’un  goût fort ao-réable.  
 Avant fa maturité  il eft rempli d’un fuc âcre Sc laiteux; il contient trois,  
 quatre  ou  cinq  pépins  ronds  8c  un peu applatis. 
 Les  Negres  portent  le  fruit  de  cet  arbre  dans  les  marchés  de  
 Caïenne,  Ht  les Créoles  en ornent leurs  defferts, les mettant au nombre  
 des  bons  fruits  du  pays. 
 Il  y  a  de  ces  arbres  dans  l’île  de Caïenne ,  8c  dans  la  terre ferme.  
 On les  trouve  à Aroura,  8c  dans  les  forêts  qui s’étendent de la crique  
 4es Galibis  jufqu’à Sinémari. 
 Il  y  eft  nommé  COUMJ  par  les  Galibis  ,  8c  poirier  par  les  
 Français. 
 Je  n’ai jamais vu  cet arbre  en  fleur. 
 Le  fuc  laiteux  du Coumier m’ayant paru, lorfqu’il eft figé,  être  une  
 jéfine  qui a beaucoup de rapport  à l’ambre gris, je priai M. Rouelle de  
 vouloir  bien  en  frire  l’analyiè,  8c  de  la  comparer  à celle  de  l’ambre,  
 Voici  cette  analyfe  comparée, 
 a n a ly s e   d e   l a   r é s in e   DU  COUMIER y 
 Par  M.  R O U E L L E . 
 , ° C e t t e   Réfine  eft  d’un  gris  blanchâtre  ,  un  peu  plus  colorée  
 à  l’extérieur  ,  que  dans  l’intérieur.  Elle  eft  affez  légère  ,  peu  
 compare, s’écrafe facilement, nage fur l’eau, 8c ne reflfemble à aucune  
 de  nos  Réfines  connues,  foie  intérieurement, foit extérieurement. 
 i°  Quoiqu’elle ne  foit  pas  abfolument dépourvue  d’odeur  ,  on  ne  
 peut cependant pas la regarder comme  aromatique. 
 j°  La feule  fubftance  à laquelle on  peut  la  comparer  ,  c’eft  l’ambre  
 gris,  dont elle  différé  toutefois par fon odeur,  par  fa couleur, qui  eft  
 un  peu plus blanchâtre,  8c par un peu plus  de légéreté. 
 40 Un morceau de cette Réfine, préfenté à l’aâion d’une bougie allu:  
 mée, fe liquéfie 8C s’enflamme un peu.La  portion, qui fefond, eft d’un  
 brun foncé  8c tranfparent. Cette même portion ainïi fondue  fe ramollit  
 par la maftication,  comme fait le maftic. 
 50  L’ambre gris  fe  liquéfie 8c s’enflamme un peu plus facilement à  la  
 bougie, prend un  corps  réfine.ux, 8c eft un peu moins liant que la nouvelle  
 Réfine par  la maftication. 
 6° Cette Réfine étant réduite en poudre, 8c  traitée avec de l’eau diftil"  
 lée par la digeftion 8c l’ébullition dans un petit' matras, il s’eft manifefté ,  
 dans  cette  ébullition, une  légère  odeur  qui 11 étoit point  défagréablei  
 L’eau s’eft  légèrement colorée,  8c eft  devenue un  peu  amere.  La  Réfine  
 s’eft ramollie , s’eft  réunie en petites maffes,  qui fe font précipitées  
 au fond de  l’eau. Maniée  entre  les  doigts,  elle  s’eft  un  peu  ramollie  
 & a pris un  peu  de corps.  Par la maftication  ,  elle  a  produit le meme  
 effet que le  maftic.  L’eau féparée de la’ Réfine 8c filtrée, avoit un léger  
 goût d’amertume ; évaporée,  elle a terni à peine le verre. 
 :  j °   L’ambre  gris  traité  de  même avec l’eau  diftillée  ,  l’a  légèrement  
 colorée,  comme  la  nouvelle  Réfine.  Il  s’eft  plus  ramolli  qu elle  par  
 l’ébullition 8c a  toujours nagé  fur l’eau, qui, féparée de  l’ambre, filtrée  
 hc m,ife à  évaporer, n’a  prefque point  terni la capiùle. 
 F