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 Un quatrième  ouvrier  écume avec foin  le  fyrop  du  flambeau ;  on y  
 jette pour la  derniere fois  de  la  leflive  alkaline  afin de faire monter les  
 écumes.  C’eft au Chef des  ouvriers à faire les obfetvations réquifes fur  
 la  nature  du  Suc  que  les  Cannes  produifent,  pour  réulfir  dans  la  
 clarification. La feule  expérience peut déterminer les  dofes de la leflive  
 alkaline.  Le  fyrop  acquiert une  confiftance  de  miel dans le  flambeau :  
 quandileftà ce point, l’ouvrier tranfvafe le  fyrop  dans la batterie. 
 Un  cinquième  ouvrier,  qui  eft  ordinairement  le  plus  attentif &  le  
 plus  habile ,  écume avec  grand  foin  cette derniere  cuite, de  laquelle  
 réfulte principalement  la qualité  du  Sucre  ,  l’ouvrier verfe  fon  fyrop  
 dans  le  rafraichijfoir. 
 L’ouvrier connoîtle Sucre, lorfque le fyrop poilfe &  colle les doigts.  
 La pratique donne facilement cette connoifl'ance. 
 Ainfi  fucceflivement le  Suc  que  le  moulin  fournit,  paife  du  réfèr-  
 voir au puis, du  puis  à  la gourmande, de la gourmande  à la  propre,  
 de la propre au flambeau , du flambeau  à la batterie, &  de-là  au  rafraîchi  
 Ifoir. 
 Ce  travail ne  doit  point  être  interrompu ;  le  feu ne  doit  s’éteindre  
 que le moins  qu’il eft  poflible, parce  que  les  chaudières  réfroidiflant  j  
 s’écaillent, fe rouillent, fe déchargent,  fe  brûlent ; & le  Sucre  devient  
 toujours défectueux;  en ouqre ,  rien  ne fait tant de tort aux fourneaux  
 que  le  contait  de  l’air  &  l’humidité  qüe  les  corps  chauds  attirent  
 avec avidité.  Il s’y  forme des crevalfès  ;  les briques s’éfleuriflTent,  & le  
 total s’écroule facilement.  Ce n’eft pas un petit objet, lorfqu’ilfaut  toucher  
 aux fourneaux, fur-tout eh un pays  où tous les fecours  manquent. 
 Lorfque  les Cannes  font  aqueufes,  l’on  fait  toutes les  deux heures  
 une cuite: un ouvrier habile la fait en une heure &■ demie; & un moulin  
 bien conduit, en temps fec, doit produire  toutes les heures trois formes  
 de  fyrop cuit, ou Sucre. 
 Un fixiéme  ouvrier  tranfporte le fyrop  cuit,  des  rafraîchiifoirs  dans  
 les formes. 
 On a foin  de boucher  avec un tampon, foit  d’étoupe  où  de  paille ,  
 le trou  de  la forme en dehors, & on le tient bouché pendant  18 ou  14  
 heures, temps qui fuffîc pour refroidir le Sucre, & qu’il graine. 
 Olfervatlons Jùr la Canne à Sucre & fur le  Sucre.  6 3 
 On  tire enfuitele  bouchon qui  eft  au bas  de  la forme,  pour  laifler  
 paifer  & écouler l’eau  ou fyrop incapable de cryftalliiàtion, 
 Lorfque le  fyrop ne  coule  pas  comme il doit, on introduit une brochette  
 de fer  directement  au centre de la forme par le trou. 
 On  laifle ainfi pendant  15  jours égouter le fyrop ; fi cela ne fuflït pas,  
 on remue avec une fpatule de bois, & par enhaut, le contenu de la forme  
 jufques vers fon milieu. Le Sucre qui réfulte de  cette manipulation, eft  
 ce qu’on appelle Sucre b rut. 
 Lorfqu’on  veut  purifier  le  Sucre,  c’eft-à-dire,  le  terrer,  le  rendre  
 marchand, faire couler la furabondnnce du fyrop qui rend le grain gras,  
 jaunâtre & même noir, 011  enleve la iiiperficie  du  Sucre qui eft dans la  
 forme ;  cette  fuperficie  eft toujours gralle; l’on creufe jufqu a  ce qu’on  
 le trouve grainé. 
 On a dans un  vafe,  fait  exprès,  de  la  terre  franche,  dépouillée  de  
 tout  corps étranger  ,  & détrempée  à un  dégré moyen ;  l’on  couvre la  
 fuperficie  de la forme  d’une couche de cette  terte de l’épaifleur d’environ  
 demi pouce & plus : on laifle fept à huit j ours à l’eau de  la  terre pour  
 traverfer  le  Sucre, &  s’écouler par le  bas de la forme. 
 Si te  premier terrage ne fuffit pas, l’on en fait un deuxième, ou fi l’on  
 veut le Sucre plus net, on enleve la  première  terre, on bêche  le Sucre  
 un peu, on l’égalife &  on y met une deuxième  couche de terre  franche  
 un peu plus  forte &  plus liquide;  ou  bien  on  emploie  la même terre,  
 de laquelle on fépare la crafl'e qui s’v eft attachée delfous;par ce moyen  
 cette  terre détrempée  & lavée fert plufieurs fois. 
 Il arpve quelquefois que le piochage & la deuxième terrage plus liquide  
 , font couler le  Sucre,  ce  qu’on  connoît par de petites  foflètes,  ou  
 trous qui fe forment fur la,forme; alors on a de, la cendre fine qu’on fait  
 tomber dans les trous ,'jufqu’à ce qu’ils ne paroiflènt plus charoyer. 
 On laifle le  deuxième  terrage  1 5  jours,  ou  jufqu’à  ce  qu’on  veuille  
 tirer  le Sucre de la  forme,  puis on tranfportéce Sucre ou dans une étu-  
 ve  pour  qu’ilféche, ou bien au foleil. 
 La forme doit, après  ces purifications, rendre  2,0 livres de Sucre net  
 8z  6 pots de fyrop.  71 z  pots de Sucre de Cannes, produifent 1 zo  livres  
 de Sucre , &  3 6  pots de fyrop.