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 mais  ce  pied  étant  péri,  M. Bancras,  Bourguemeftre  d’Amfterdam;  
 envoya ,  en  1714,  à  Louis  XIV,  un pied  de  Caféier  dont  l’hiftoire  
 eft  intéreiTante,  parce  qu’il  fut le  pere  des  premières  plantations  de  
 Café dans nos  Iiles de l’Amérique. 
 Dès  1 7 16 ,  de  jeunes  plans  élevés  des  graines  de  ce  pied  ,  furent  
 confiés  à M. Ifemberg, Médecin , pour les  tranfporter dans  nos  Colonies  
 des Antilles ; mais ce Médecin  étant mort peu de temps après fon  
 arrivée , cette  tentative  n’eut  pas  le  fuccès  qu’on en attendoit.  C’eft à  
 M. deClieux, que les Mes  ont  l’obligation  d’avoir  formé  de nouveau  
 en  1710,1e projet d’enrichir la Martinique de  cette culture, & on doit  
 à  fes  foins  la  réuilite  de  ce  fécond  eifai.  Ce bon  Citoyen ,  pour lors  
 Capitaine  d’infanterie & Enfeigne  de Vaiffeau, s’étant  procuré, par le  
 crédit de M.  Chirac  ,  Médecin,  un  jeune  pied de  Café  élevé  de  la  
 graine du  Cafféier,  confervé  au  Jardin  du  Ro i,  s’embarqua  pour  la  
 Martinique ; mais je crois devoir  laiffer M.  de Clieux  rendre  compte  
 du  fuccès  de  fon  entreprife,  dans  l’extrait  d’une  Lettre  qu’il m’a  fait  
 l’honneur de m’écrire à ce fujet, le 12, Février 1774. 
 « Dépofitaire  de  cette  plante  fi  précieufe pour  moi,  je  m’embar_  
 »  quai  avec la plus grande  fatisfaétion ; le  Vaiffeau qui  me porta , étoit  
 » un Vaiffeau Marchand,  dont le nom, ainfi que celui du Capitaine qui  
 » le  commandoit,  fe font  échappés  de  ma  mémoire  par  le  laps  du  
 ■»  temps ■, ce dont je  me  reffouviens parfaitement,  c’elf que  la traver-  
 » fée  fut  longue,  &  que  l’eau  nous manqua  tellement,  que  pendant  
 » plus  d’un mois,  je  fus  obligé  de  partager  la  foible portion  qui  m’é-  
 » toit délivrée, avec  ce pied de Café fur  lequel je fondois les plus  heu-  
 » reufes efpérances  & qui faifoit  mes délices ;  il  avoit tellement befoin  
 » de  fecours,  qu’il  étoit  extrêmement  foible,  n’étant  pas  plus  gros  
 » qu’une  marcotte  d’oeillet.  Arrivé  chez  moi,  mon  premier  foin  fut  
 » de  le planter  avec  attention dans le  lieu  de mon  jardin  le plus favo-  
 » rable  à  fon  accroiffement  :  quoique  je  le  gardaffe  à  vue,  il  penfa  
 » m’être  enlevé  plufîeurs fois,  de maniéré que je fus  obligé de le faire  
 » entourer de piquans,& d’y établir une garde jufqu’à fa maturité» 
 » Le fuccès  combla mes efpérances,  je recueillis environ deux  livres  
 » de  grains  ,  que  je  partagai  entre  toutes  les  perfonnes  que  je 
 Ohfervations fur la Culture du  Cafe'.  y 1 
 ■ jugeai  les plus  capables  de donner  les  foins  convenables  à  la profpc.  
 » rité de cette  plante.  La  première  récolte  fut très - abondante ;  par la  
 » fécondé ,  on  fe  trouva  en  état  d’en étendre  prodigieufement la cillai  
 ture.  Mais  ce  qui  favorifa  flnguliérement fa  multiplication , c’eft que  
 » deux ans après,  tous les arbres  du Cacao du  pays ,  qui  faifoient  l’oc-  
 » cupation & la feule reffource  de plus de deux  mille  habitans,  furent  
 » déracinés  ,  enlevés  & radicalement  détruits  par  la  plus horrible des  
 »  tempêtes, accompagnée d’une inondation qui fubmergea  tout le ter-  
 » rein  où  ces  arbres  étoient plantés ; terrein qui  fut fur  le  champ  em-  
 » ployé  avec autant de  vigilance  que  d’habilité ,  en  plantation de  Ca-  
 » féiers, qui firent  merveille, & mirent  les  cultivateurs  en  état  de  le  
 »  répandre  &  d’en  envoyer  à  S.  Dominguç  ,  à  la  Guadeloupe ,  &  
 » autres  Mes  adjacentes, où  depuis il a  été  cultivé  avec le  plus  grand  
 » fuccès, &c. &c. &c. 
 ■  Ce fut à  peu près dans  le même temps  ,  que  le Café  fut  apporté  à  
 Caïenne. En  1719 , un fugitif de  la Colonie  Françoifè  ,  regrettant ce  
 pays qu’il avoit  quitté pour fe  retirer dans  les établiffemens Hollandois  
 de  la  Guiane,  &c  délirant  revenir  avec  fes  compatriotes,  écrivit  de  
 Surinam,  que  fi  on  voul.oit  le  recevoir  &  lui  pardonner  fâ  faute,  il  
 apporteroit des grains de  Café  en  état  de  germer , malgré  les  peines  
 rigoureufès  prononcées  contre ceux qui  fortoient de  la' Colbnie’ avec  
 de  pareilles graines. Sur la parole qu’on  lui donna ,  il arriva à Caïenne  
 avec des  graines récentes  qu’il remit  à M.  d’Albon ,  Commiffaire  Ordonnateur  
 de la Marine,  qui fe chargea de  les élever :  fes foins  eurent  
 le meilleur  fuccès ; les  fruits  qu’eurent bien-tôt  fes  arbres  furent  diftri-  
 bués aux  habitans, qui,  en  peu  de  temps,  multiplièrent  les  Caféiers  
 au  point d’en  faire une culture lucrative. 
 La Compagnie  des  Indes,  établie  à  Paris  envoya,  en  1 7 r7 , ^ I’Ifle  
 de  Bourbon,  par  M.  Dufougeret-Grenier  ,  Capitaine  de  Navire  de 
 S.  Malo,  quelques  plans de  Café Moka ,  qui  furent  remis  a M.  Des-,  
 forges - Boucher  ,  Lieutenant  de  Roi  de  cette  Me.  Il  paroit  qu’il  
 n’en reftoit  ,  en  1710 ,  qu’un  feul  pied  dont  le  produit  fut  tel cette  
 année - là  ,  que  l’on  mit en  terre  pour  le  moins  quinze  mille  feves  
 de Café.