Lemmermann ( 3 2 , 1'. 145) a iiisislé siii" ce fail ijue les inicroorgauisines
rl’raiu douce sonl encore, môme cn Europe el en Aniériipie, fort mal connus,
cl (pic cerlalnes régions seules, celles dans le voisinage desquelles demeure un
algologue, sonl invcsi ignées dc façon un peu complèle.
Celle observalioii sera encore pins fondée quand il s’agira des Tropiques,
el elle laisse enlrevoir la qnanlite d’éludes <[iTil y aiirail encore à faire dans
ce domaine. Quand on voit cpic les liolaiiisles i|iii s'altaqueni à ce sujet Ibnl,
en Europe même, ol dès qu’ils exiiloilciil une région dont les algues sont ])cn
comnies, loiile imc Ionie d’oliservalions inlcressanles, lani, au point de vue des
nouvelles espèces qu’à celui des détails Liologiqucs, on comprendra sans peine
le vasie champ qui sc présente à l’explorateur dans le domaine immense des
Indes Néerlandaises. On m’olijeclera sans doute le cosmopolilisme des micro-
organismcs, et l’on me dira que des recherches dans deux régions fort éloignées
pourront donner des résultats très analogues. Sans doute, si les conditions
oll'erles par les deux stations sont idcnliipics; cl celte analogie même aura son
inlérêt. N’cst-il pas curieux de conslater que la même éh-gante Desmidiéc ou
la même gracieuse l'rotococcacée déjà aiierçnc à Genève, en llollaiidc, en
Amérique, se retrouve identique cn Nouvelle-Zélande, au .Tajion, dans les eaux
brûlantes de .lava et du Brésil, dans les mares froides du Spitzberg et du
Groenland ?
Et à part cela, songeons aux si diverses condilions offertes par les Indes
Néerlandaises, songeons qu’on ira des plaines de liasses régions aux lacs de
plateaux souvoiil très élevés, qn’on rencontrera des eaux dc toutes sortes de
conslitiUion, depuis les caiix saumâtres du rivage, celles des étangs et des
marécages, celles si particulières des sawahs, jusipi’aux eaux fraîches des lacs
de montagnes alimentés par des sources limpides: songeons que la tempéralure,
ce facteur si important de la varialion, ne sera pas comprise, dans les dill'é-
rentes stations, entre les seules limites dc la chaleur tropicale du bord de la
mer el du froid relatif des régions hautes, mais qu’en outre, dans ces contrées
volcaniques, on renconircra par centaines les bassins pleins d’une eau plus ou
moins chaude, les sources où l ’eau sort de terre presque houillantc cn dégageant
(1 épais nuages dc vapeur; songeons encore que le fond des divers bassins est
fort varié, selon qu’il se Irouve formé par les terres d’alliivions des régions
basses ou des sawahs, ou par le sol d’origine volcanique, ou par une terre
riche on humus, &c., &c.
Et si I éloignement de deux localités n’entraîne pas nécessairemcnl l’aïqia-
rition de nouveaux types, la dilférence des conditions hiologiqucs que nous
venons de voir, el dont l ’cimmération aurait pu être encore largement
dévelo|)péc, sera l’origine d’une foule d’oliservalions iiiléressaiiles el nouvelles,
puisque la presque totalité des rares liolanistcs (|iii onl récolté des algues à
•lava ne sc sonl guère éloignés dc liuitenzorg, el ipie Ions n’ont pu étudier
que du matériel lixé et eu majeure partie décoloré, ce i[iii n’est ]ias favorahlc
à la recherche des Chlorophycées. Us n’ont pas pu non plus lenir cunqile
des dillérenccs de condition ilu milieu. Ils sont rarissimes, ceux qu! oui
observé à l ’étal vivant les microorganismes planctoniques des Troiiiqiies (aussi
hicn des Indes Anglaises el de la région malaise (¡ne de l’Afrique el dc
• l’Amérique). ,lo ne parle pas, cela va sans dire des cnil lires qui permctiroiil
d’éludicr plus cn détail la slrucliirc des cellnlcs, leurs variations selon le milieu,
leurs adaplalions, et que nul n’a entreprises jusipi’ ici. Mais elles vieudnml
cn leur temps, cl lorsque le terrain dc la sysiémaliqnc propremenl dite sera
un peu déblayé. Cela prendra du temps sans doulc, puisipic la moindre ¡lêelie,
dc cinq minnies l'aile dans le premier bassin veini, décèle mille, merveilles et
fournit déjà un ample champ de travail à l’ohservatcur attenlif.
Unisse ce pelit opuscule qui, je. le répète n’a d’aiilres prétentions i|iie
(l’ai)porter une liien faible eoniriluilion à nos connaissances des algues tropicales,
trouver une place modeste A côté des oeuvres fondamentales de. ceux qui oui
Iravaillé dans ce même domaine. Piiisse-l,-il monirer aux eolleelionneiirs de
l’avenir ce qu’il y a encore d’intéressant el de peu comm dans les bassins
d’eau douce si fréquents dans une terre hiiraidc comme .lava, et les inciter à
récolter encore du matériel d’éliidc douL l’examen leur procurera certainement
beaucoup de surprises et surtout de satisfactions.