des marécages d’une catégorie bien particulière, à cause d’une foule de
circonstances fort complexes :
1” Pendant une partie de l’année les rizières sont couvertes d’eau, tandis
(¡n’clles sont sèches pendant plusieurs mois.
2» L’eau fortement nutritive el très limpide pendant la période d’inondation,
ilevra donc être fort riche en Chlorophycées.
o» La lertdite du sol el l’alternance des périodes inondées et sèches permct-
li'onl un très fort développement des macrophytes enracinés.
4" Presque partout à la surface des rizières inondées se dévelojipe- un ahondant
macroplancton A’Azolla, de Salvinia, &c., (¡ni intercepte dans une large
mesure la lumière.
5» Le riche développement des macrophytes planctoniques on enracinés qui se
décomposent chargent l’eau de substances tourbeuses en dissolution, qui
expliquent l’énorme développement des Desmidiées,
El toutes ces circonstances viennent nous expliquer pourquoi la moindre
peclie faite dans les sawahs perinet de rencontrer une telle richesses de formes
j)lanctoni(iues. Car il s’agit évidemment d’une flore planctonique: si uu grand
nombre des organismes que nous examinons s ’accrochent aux poils des organes
submergés ou à divers débris, ils n’y sont pas fixés au sens strict du terme,
et ils doivent être considérés comme passivement suspendus dans l’eau, selon
la délhntion que nous avons vue plus haut.
Et cette llore des rizières, de caractère nettement limnétique, mais
complexe, ne possède pour ainsi dire pas uu seul élément pélagique; on y
trouvera, outre les Protococcacées et les Diatomées qui caractérisent les élangs,
des Desmidiées abondantes, et justement celles qui possèdent les pii£iianls, les
crochets, les bras dont nous avons parlé plus haut; elles sont adaptées,
comme nous l’avons vu, à pouvoir se maintenir eu s’accrochant aux organes
submergés et cn effet, ces types sonl fréquents dans tous les marécages bien
caractérisés, dans les régions tempérées ou froides comme dans les contrées
tropicales, partout où l’étang est couvert de macroplancton on possède en
grand nombre des macrophytes immergés.
Je n’ai étudié que des individus appartenant à la flore limnétiqne. La
lareté précisément des localités étudiées répond par avance à un reproche
qu’on pourrait me faire: on trouvera sans doute que j ’aurais dù rechercher
de façon un peu plus générale la répai-tilion de ces formes à Java el examiner
la flore des bassins qui se trouvent dans d’autres conditions. ,Ie ne dis pas
que je ne le ferai pas plus tard, mais cela ne serait pas entrii dans les bornes
que j ’ai fixées au présent travail, et je tiens à bien insister sur ce fait que.
si je parle ici el là de l’abondance d'ime espèce, j ’entends toujours que j ’en
ai vu de nombreux exemplaires dans la slation étudiée: je ne |ir(‘jiige ¡las de
sa répartition. Du reste, est-il bien nécessaire d’établir dans son détail la
répartition des espèces de ces microorganismes qui peuvent .se reneonlrer
partout où existent les conditions favorables à leur développement? Je ne le
crois pas, et je reste pleinement de l’avis de Ciion.iT quand il'd it i'9, P. VI;;
à cause de l’ubiquisme de ces plantes, »il est d’une utilité douteuse de
»sacrifier un temps précieux à établir nue énumération floristique des algues
»d’eau douce, à moins que celte énumération ne soit faite à un ¡loinl de vue
»biologique” . Et D. 72: »Les circonscriptions biologiques des algues n’auront
»donc aucun rapport avec le domaine des flores; ce seront des formations
»végétales qui, non seulement se répéteront avec des variations selon le climat,
»mais qui iiourronl être parfaitement identiques sous des ciels différents” .
Sans doute à Java, et c’est un point à revoir cn détail, serait-il très
intéressant d’étudier méthodiquomeni toutes les localilés si variées pouvant
héberger des algues d’eau douce. On trouvera peul-êire, par exemple des lacs
de suffisante étendue el, de profondeur assez grande pour comporter une flore
strictement ¡lélagique. Je prends un exemple: le Sitoe Dagendit, près de Darocl,
est-il un étang, ou peut-êire un vrai lac au sens biologique ? L e .m,mer,maxs signale
quelques espèces trouvées dans ce lac, mais trop peu pour qu’il nous soit
permis d’en tirer une conclusion, d’autant plus (¡ue, vu la faible pente de ses
rives envahies de végétation, et de caraclèriî marécageux, les éléments limné-
liqnes littoraux sont entraînés par le vent souvent assez fort et vont se mêler
aux éléments du large qui pourraient être pélagiques. Il faudrait, pour élucider
le caractère exact de ce lac, faire de nombreuses pêches méthodiquement, plus
ou moins près des rives et à diverses époques de l’année, par des temps calmes
ou agités. Les nombreux autres lacs des Indes Néerlandaises, tous ces anciens
cratères qui se sonl, transformés en étendues d’eau souvent très profondes
el d’une superficie parfois considérable, réserveront certainement à l'algologne
un champ d’observations systématiques et biologiques des plus fructueux.
7. NOMENCLATURE.
J’ai déjà dit le danger qu’il y a dans la détermination des organismes
d eau douce d’établir des nouvelles espèces sans tenir compte d’ime manière
sérieuse du cosmopolitisme el du pléomorphisme, sans être au courant de toute