corps n’avait pas moins de deux pieds et demi de longueur sur
luilt pouces environ de largeur, et se brisa en cent morceaux
lorsqu’on voulut le tirer hors de l’eau. Ce que nous en dirons
est donc entièrement emprunté au récit de l’officier que nous
avons nommé.
La forme du bérosome est cylindrique ; il nageait obliquement
penché à la surface de la mer; arrondi à son sommet, il
était largement ouvert à l’extrémité postérieure, et muni sur le
pourtour de cette ouverture de longs filaments cylindriques
dont le nombre, suivant M. Bérard, était de huit. Il était parfaitement
creux à l’intérieur; son tissu consistait en un mucilage
abondant, très-gluant et à moitié liquide. Ce tissu se brisait
au moindre choc. Sa coloration générale était d’un blanc
mat relevé par des amas de points rouges disposés en lignes régulières
et droites d’un pôle à fautre. Ces points roses étaient
eux-mêmes des corps animalisés, ovoides, sacciformes, terminés
par une tête ayant cinq pointes mucronées rouges et un
point rouge au milieu. Ces corps d’une extrême petitesse avaient
en propre des mouvements contractiles très-apparents, et le
tissu de la masse elle-même possédait une irritabilité qui se
manifestait par des ondulations successives.
Ce corps serait-il, ce qui est fort probable, une réunion d’embryons
de mollusques? D’un autre côté, quel serait l’animal
qui pourrait mettre au jour un corps aussi fragile ayant deux
pieds et demi de longueur sur huit pouces environ de diamètre?
85. OEUFS DE MOLLUSQUE INCONNU.
(Pl. X V I , fig. 4 , g. n.)
A . U n oe u f isolé te rm in é p a r une a i le m em b ran eu se .
Lorsque la corvette la Coquille sortit de la baie de Callao sur
la côte du Pérou, la mer était couverte de corps en tire-bouchons
en tous points semblables entre eu x , et au portrait que
nous donnons d’un individu. On ne peut douter un seul instant
que ce cordon spiral ne soit une longue grappe d’ovaires à féconder.
Disposé en massue au sommet, cylindrique dans le
reste de son étendue, vivement coloré dans toute sa partie supérieure
, son rouge de saturne finit par pâlir et faire place à la
couleur blanchâtre indécise à son extrémité. Ce corps se conservait
quelques instants intact dans l’eau de mer; mais dans
l’eau douce son mucus se dissolvait, et tous les petits oeufs qui
en formaient l’ensemble se désagrégeaient aussitôt. Les oeufs
sont ovalaires, aplatis, peu épais, colorés en rouge de saturne,
avec des linéaments vasculaires intérieurs colorés en rouge carmin;
ils sout encadrés sur leur bord d’une petite membrane
blanche, membrane allongée en forme d’aile à la partie postérieure
; ces petits oeufs tenus dans l’eau douce contractaient leurs
parois, pirouettaient sur eux-mêmes, et l’irritabilité ne tardait
pas à s’éteindre.
FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE DU SECOND ET DERNIER VOLUME.