tombe dans cet accident au matin, la douleur croist toujours
jusqu’à midy; et diminue à mesure que le soleil décline, et le
soleil se cachant sous l’horizon, l’on est entièrement guéri. »
Leblond ( Voyage aux Antilles, t. I, p. 35o ) , donne une
figure de physale et dit ;
« Uu jour je me baignais avec quelques amis dansune grande
anse, devant l’habitatiou où je demeurais; ])endant qu’on péchait
de la sardine ¡tour le déjeuner, je m’amusais à plonger, à
la manière des Caraïbes, dans la lame prête à se déployer; parvenu
de l’autre côté, je gagnais au large et revenais sur une
autre vague, m’échouer sur le rivage. Cette prouesse, que les
autres ne s’avisaient pas de tenter, faillit me coûter la vie. Une
galère, dont plusieurs s’étaient échouées sur le sable, se fixa
sur mou épaule gauche, au moment où la lame me rapportait
à terre ; je la détachai promptement; mais plusieurs de ses
filaments restèrent collés à ma peau jusqu’au bras; bientôt je
sentis à faisselle une douleur si vive que, prêt à m’évanouir, je
saisis un flacon d’huile qui était là et j ’en avalai la moitié, pendant
qu’on me frottait avec l’autre; mais la douleur s’étendant
au coeur j ’eus un évanouissement. Revenu à moi, je me sentis
assez bien pour retourner à la maison, où, deux heures de repos
me rétablirent, à la cuis.son près, qui se dissipa dans la nuit. »
On lit dans la narration du naufrage de la Méduse, par Sa-
vigny, « qu’une esjièce de mollusque, connu à bord de.s vaisseaux
sous le nom de galère, était quelquefois poussée sur
le radeau en très-grand nombre, et lorsque leurs longues
expansions se reposaient sur des membres dépouillés, elles
occasionnaient les souffrances les plus cruelles. »
Beaucou|) d’habitants des Antilles, et plusieurs des médecins
qui les habitent, disent que les galères sont un poison violent, et
(|ue les nègres s’en servent, après les avoir fait sécher et pulvérisées,
pour empoisonner les hommes et les bestiaux. Les
pêcheurs des des croient aussi que lorsque les poissons avalent
des galères, ils deviennent délétères et empoisomient ceux qui
les mangent. Ce préjugé a été adopté par beaucoup de
voyageurs, et a même trouvé place daus un grand nombre de
livres scientifiques. Nous allons v o ir , par l’expérience, que la
galère peut bien brûler la main ignorante qui touche ses tentacules,
mais que lorsqu’elle est séchée et pulvérisée au soleil,
ce n’est plus qu’une substance inerte qui ne |>roduit aucun
effet sur féconomie animale. Voici cependant ce eju’on lit daus
les ouvrages des voyageurs les plus célèbres ; «11 ne faut pas manger
la bécune sans précaution, dit le P. Labat (vol. 2, p. 3 1), car
ce poisson est sujet à s’empoisonner et à empoisonner ceux (jui
le mangent quand il est dans cet état. Comme il est extrêmement
vorace, il dévore goulûment fout ce qui se présente dedans
et dessus feau , et il arrive très-souvent qu’il s’y rencontre
des galères ou des pommes de mancenillier, qui sont des poisons
très-violents et très-caiisti([ues. La bécune n’en meurt pas, quoiqu’elle
en ingère ; mais sa chair contracte le venin, et fait mourir
ceux qui la mangent, comme s’ils avaient avalé de ces
méchantes pommes ou des galères. »
» Il y a tout lieu de c roire, dit M. Lebloiid ( ouvrage cité ), que
la sardine , après avoir maugé des filaments ou tentacules de
galères, acquiert uue qualité vénéneuse , ainsi que plusieurs
autres espèces de poissons. Me trouvant à souper, coutiuue-t-il,
dans uue auberge avec d’autres personnes, on servit une bécune,
dout les gastronomes sont très-friands, et qui d’ordinaire ne
fait aucun mal; cinq eu mangèrent, et éprouvèrent bientôt
après des symptômes de poison qui sc manifestèrent par une
chaleur bridante à la région de l’estomac. J’eu saignai deux :
l’un fut guéri par le vomissement, l’autre ne voulut rien prendre
que du thé et quelques cuillerées d’Iiuile. La colique dura toute
la nuit, s’apaisa le matin ; mais il lui resta une horreur de feau ,
4-