plus lin voilier, et cpie pour elle sa vessie ait été une carène
gracieuse présentant aux vents une voile de satin, et laissant
traincr derrière elle des guirlandes trompeuses frappant de
mort l'étre cjui se serait laissé entraîner à leur séduction.
La manière dont se nourrissent les.physales esl très-rcmar-
(piahle. Nous avons observé mainte et mainte fois les faits dont
nous allons parler. Les longs tentacules qui laissent suinter
une humeur vénéneuse deviennent, par leur relâchement et
lorsque le zoophyte les abandonne vaguement derrière lui, des
sortes de conducteurs nerveux. Les poissons qui nagent avec imprévoyance
viennent-ils â les heurter, chaque tentacule,
par un mouvement aussi rapide que l'éclair, aussi brusque (|u’une
décharge électrique, les frappe de stupeur par la matière vénéneuse
fpi’il recèle, et se roule sur eux en s’y attachant de manière
il comprimer leur enveloppe aussi instantanément et plus vivement
ceutfois tpic ne le fait un serpent qui entortille sa victime.
Souvent une physale à |aeine grosse comme une noix tue un
poisson beaucoup plus fort qu’un hareng; mais ce sont principalement
les poissons volants ([ui deviennent leur proie journalière,
conjointement avec les poulpes. L’animal ne se débattant
plus entre les tentacules qui le serrent est alors ramené,
par la contraction puissante de ceux-ci, au niveau des bouches
absorbantes. Là, toutes les ventouses dont nous avons parlé
s’ap])llqnent sur les chairs, s’y incrustent, et par un mode de
succion qui leur est spécial, décompo.sent ces mêmes chairs,
les transforment en une bouillie liquide, s’en gorgent jusqu’au
point d’en acquérir uue distension énorme, et versent ensuite
cette sorte de chyme dans le réservoir commun de l’ap])areil
digestif C’est ce cliyme que nous avons vu affecter la couleur
et l’aspect (le la lie de vin, qui est transporté dans le canal
central qu’on suit au milieu et entre les deux membranes de la
vessie, et qui s’abouche â des tubes latéraux d’anastomose.
Il n’est pas aisé de se rendre compte des procédés par lesquels
une jihysale remplit d’air la capacité de sa portion vésiculeuse.
Seulement nous savons, à ne pouvoir en douter, qu’au
moment où ce zoophyte veut chasser l’air qui le fait surnager,
il obtient ce résultat par la grande contractilité des parois
musculaires de sa vessie dont les fibres concentriques, en opérant
un mouvement de pression d’arrière en a vant, forcent la soupape
antérieure à s’ouvrir; c'est alors que la crête ramenée
jusque sur la vessie semble annulée, et c’est dans cet état
que les marins disent que la physale a serré sa voile.
La patrie des physales n’e.st point aisée à circonscrire. Très-
abondantes entre les tropiques, elles sont parfois tout aussi
communes dans les zones tempérées de l’un et l’autre hémisphère ;
ce n’est toutefois qu’accidentellement qu’on les voit perdues
ou égarées par les hautes latitudes. Ces zoophytes sont essentiellement
de haute mer, et lorsqu’ils se rapprochent des terres,
c’est qu’ils y sont portés par les courants, et surtout par la
persistance de certains vents. C’est ainsi qu’à la suite des
tempêtes d’automne dans le golfe de Gascogne, on en voit de
gisants sur les côtes de France. C’est dans l’hivernage qu’ils
jonchent les sables des Antilles el qu’ils périssent, abandonnés
qu’ils sont, parles flots qui les ont vomis sur la grève.
On ne peut se dispenser d’admettre plusieurs espèces de
physales. Les quatre que nous avons figurées se sont offertes â
nous constamment revêtues des mêmes attributs, toujours isolées
entre elles, c’est-à-dire n’habitant que des parages donnés;
et cependant, bien que nous ayons vu des milliers d’individus de
chacune d’elles, on ne peut se servir pour les spécifier de caractères
précis, de phrases qui peignent avec exactitude leurs dissemblances.