coups d’oeil géographiques cl autres généralités qui ne sauraient
être d’aucune utilité pour la science, attendu qu’elles n’eussent
pu s'établir que sur un très-petit nombre de faits, recueillis en
passant, à la hâte, souvent dans des saisons pendant lesquelles
les insectes sont encore en nymphes ou à l’état de larves. Sans
être de la secte des incrédules, je n’ajoute aucune foi aux assertions
de ces voyageurs cpii, parce qu’ils n’ont pas trouvé de
fastueux insectes dans un pays, où eux-mêmes déclarent n’avoir
demeuré que peu de jours à une seule époque de l’année, viennent
nous dire que ce pays ne produit cjuepcuou pas d’insectes.
T1 est évident que si l’on passait seulement une année dans
le même lieu, on changerait d’opinion ou c£ue , du moins, ou
aurait quelc[ue raison à avancer des faits moins incertains : je
citerai à l’appui de mon opinion une observation de M. Gay
q u i, ayant habité le Chili cinc[ années sans trouver un seul
individu d’un Méiasome (le Gjriosomus loevigatus que j ’ai jmblié
dans le Magasin de zoologie, i 834- cl. ix, pl. io 3 ) ,en a pris en
(|uantité pendant le cours de la sixième. .T’aurais pu reproduire ici
quelques-unes des notes recueillies par M, d’Urville à la
suite des relâches qu’il a faites à Sainte-Catheriiie, à Callao, à
Payfa, etc. ; mais les raisons que j ’ai exposées plusbautmc décident
à m’en abstenir. En général, on ne saurait trop se prémunir
coiitre ces auteurs sédentaires ou ambulants, qui veulent s’ériger
en législateurs, sauf à voir, peu après, leurs ordonnances
conspuées par le bon sens public.
On sera peut-être surpris de trouver que la presque totalité
des Lépidoptères portent dans mon texte des noms qu’ils n’ont
|ias sur mes planches, publiées depuis sept a iis ( i); cette différence
vient de ce que le naturaliste qu’on chargea de |iublier l’entomologie
de \Astrolabe, ne tenant aucun compte des travaux
qui ne sont pas les siens, et voulant avoir l’insigne honneur de
(i) Voyez, à la page 1 7 1 , le tableau de la publication de.s livraisons de la Co-
quitle et l’époque de celle de rentom ologie de \Astrolabe.
placer son nom à la suite de celui d’un papillon, a mieux aime
créer des difficultés pour les naturalistes que d’adopter des noms
qui pour tout autre existent en possession d’état dans la science,
(|ue j ’avais eu le droit d’imposer à ces m ê m e s Lépidoptères suides
planches somptueusement coloriées, publiées deux ans
avant le texte de M. Boisduval, et qui conséquemment eussent
équivalu pour tout autre à une description complète. Quand
un nom d’espèce ou de genre est donné dans une collection
seulement, comme on n ’est pas tenu de le deviner, on n’est (loint
blâmable en l’ignorant, et chacun demeure dans son droit de
publier cette espèce ou ce genre (1); mais quand des espèces
sont figurées dans un ouvrage dont le texte demeure sous presse,
que leurs figures sont reconnues bonnes ou seulement suffisantes
, leurs noms doivent être respectés, nul n’a le droit d’embrouiller
la synonymie en les changeant. Liniiée, le grand
législateur de fliistoire naturelle, foudroie par avance, dans
sou style concis, de pareils abus ; je pense donc C£ue, le code du
professeur d’Upsal sous les y eu x , on ne saurait assez blâmer la
conduite de fauteur de feiitomologie de \Astrolabe ; pour moi,
qui crois entendre mieux les intérêts de la science, je n ai pas
cru devoir tenir à faire prévaloir mes noms, quoique j ’en eusse
le droit ; j ’ai même adopté ceux que leur substitua M. Bois-
diwal, montrant ainsi à quel point je craindrais d’encourir le
reproche d’embrouiller la synonymie.
Je ne terminerai pas cet avant-propos sans remercier
MM. Lessoii, Serville, Lefcbvrc, Chevrolat et Gory, pour les
belles espèces qu’ils m’ont communiquées; en ellet, ces natu-
(i) «Je rem arque que plusieurs naturalistes s’em pressen t, com me par une
anticipation titu laire, de donner des nom s à quelques coupes qui leur paraissent
devoir form er de nouveaux genres, sans se donner la peine d’en établir les
caractères. Ce ne sont que de simples indications, e t q u i n imposent aucune loi. »
(L atreille, Nouv. Diet, d ’hist. n a t., nouv. édit., t. a 3 ,p . 1 9 2 ; et Mac Leay, Hor«’
entom ., édit. L eqnien, p. a/j-)