toutes les espèces qu'on voulait y faire entrer, avec celles des
genres (ju’ou suppose voisins; j ’en ai toujours disséqué la
bouche, et souvent celle des genres avec lesquels je les comparais
; j ’ai cru surtout qu’il était utile de faire connaître les raisons
déterminantes de mes nouvelles coupes, et, enfin, j ’en al formulé
les caractères avec des détails suffisants pour qu’on les
reconnût autant que possible sans le secours des collections oû
ils sont entassés.
11 en a été de même pour mes espèces; je ne me suis pas
borné à dire sèchement et sans autre préambule ; Tel insecte,
auquel je donne tel nom, est noir, à pattes rouges, h élytres
bleues avec une bande transversejaune : il présent tâchez de voir
avec lequel de ceux déjà décrits il a le plus de ressemblance. Il
n’y manquerait que d’ajouter avec le grand Corneille :
« Devine, si tu peux, et choisis, si tu Poses. »
J’ai voulu mener mon lecteur du connu à l’inconnu, et je lui
ai d it , ajirès avoir cliercbé dans le plus grand nombre d’auteurs
que j ’ai pu consulter ; Tel insecte a beaucoup de ressemblance
avec telle espèce que vous connaissez bien ou qui est décrite et
figurée dans tel ouvrage, mais elle en diffère sous les points
de vue suivants i dans f espèce que je vous cite pour exemple
les pattes sont toutes rouges, dans la mienne la base des cuisses
est noire en dessous; dans celle que vous connaissez la bande
des élytres touche aux bords, dans la mienne elle n y arrive
pas tout à fait, etc., etc.; e t, après avoir fait ainsi ressortir
les caractères différentiels de mon insecte, après lavoir ainsi
isolé de ses congénères ( i) , je l’ai décrit presque mlnutieuse-
(i;) «P our établir une espèce nouvelle, il faut, avant to u t, la distinguer de
toutes tes'espèces décrites, e t, pour cela, il est nécessaire de les connaître
toutes, soit en n a tu re, soit d’après des descriptions. La même réglé s’applique
à la form ation d’un genre; elle exige autre chose qu’une différence vague et
superficielle : il faut trouver un caractère certain, qui distingue le nouveau genre
meut et de manière à ne pas permettre f[u il soit confondu avec
quelque insecte que ce soit. Cette façon de procéder est, à la
vérité, beaucoup ])kis longue, puisipie, pour s’assurer qu’une
es]ièce est nouvelle, il faut eomiiarer toutes cel les du même genre
et feuilleter souvent un grand nombre d’ouvrages; (|uelquefois
même,pour m’assurerque mon espèce appartenait certainemcut
au genre auquel je la rapportais, il m’a fallu examiner ses caractères
généi'iques comparativement et faire l’anatomie de sa
bouche. La même manière de procéder a été a|)|)llquée à la
formation des genres nouveaux; on verra dans mon texte, aux
pages 17 , 27, 7 1 , 7 9 1 2 i3 , 247, P»r exemple, que j ’ai été
obligé de faire de nouveaux tableaux des lamilles pour y
introduire un genre et lui assigner sa place naturelle dans la
série zoologique. Ces travaux, en général peu appréciés d’un
certain nombre d’acheteurs de livres ou méprisés [lar des
prétendues sommités de la science, qu i, soignant plus leur
renommée que leurs ouvrages, portent uniquement leurs vues
aux places lucratives, ces traxTiux, dis-je, n’ont été faits
qu’avec prudence et lenteur, après un grand nombre de dissections
exécutées sous la loupe ; des faits bien établis, qui
me conduiront peut-être à la cécité, comme le malheureux
Sav ign y, en sont le résultat que j ’ose donner pour incontestable
; mais, du moins, j ’aurai la consolation d’avoir rempli honorablement
la tâche que je m’étais donnée, et d’avoir fait un travail
que je crois digne du grand et bel ouvrage auquel ont concouru
des savants dont l’exemple me commandait de travailler
eu conscience.
Comme le nombre de feuilles mis à ma disposition était limité,
je me suis abstenu d’y perdre l’espace avec de ces prétendus
de tous ceux qui existent déjà. J’en dirai autant de la création des familles, des
tribus, des ordres et des classes. » (B urm eister, mém. sur la div. nat. des punaises
terrestres (géocorises) considérées surtou t relativem ent à la structure de
l’antenne. Revue cntom . de S ilberm ann, t. a , p. 6 .)
Voyage de la Coquille. — Z. T’ont. / / , Part. II. ■! Div. (j