sembla éprouver uue vive douleur sur le bord des lèvres et à
la gueule; il bavait et se frottait cette partie dans le sable, sur
les herbes, en faisant des sauts à droite et à gauche; passant
sans cesse ses pattes sur sa gueule, où il ressentait certainement
une vive douleur, ,1e remontai à cheval, et, malgré sa souffrance,
le pauvre animal continua de me suivre; après vingt minutes
de marche, il sembla ne presque plus rien souffrir. J’avais
un morceau de pain que je lui donnai, et il le mangea avec appétit,
sans qu’il parût avoir aucune difficulté pour avaler. Son
mal n’avait eu lieu que sur les bords de la gueide. fl fut bien
toute la journée, n’ayant eu aucune évacuation extraordinaire
qui ])ût indiquer que l’ingestion de cette galère avait eu quelque
action sur les orgaues do la digestion. Le lendemain et les jours
suivants, l’animal était aussi bien jmrtant que de coutume,
sans qu’il parût aucune trace d’inflammation, ni daus la gorge
ni dans la gueule. »
« Deuxième expérience. Le 20 du même mois, je pris deux
galères sur le bord de la m e r , je les coupai en morceaux ; puis ,
avec une cuiller, je les fis avaler à un très-jeune chien qui tétait
encore sa mère, et cette forte dose de galère n’eut aucun effet
sur lu i , les tentacules ayant probablement été enveloppées avec
le corps de la galère en la coupant en morceaux, ne lui touchèrent
])oint la gueule, ce qui fit qu’il n’y éprouva aucune
douleur. Ne serait-il |)as possible que les muqueuses internes
supportassent l’application de certaines substances caustiques
sans éprouver le même degré d’irritation que ces membranes
exposées à l’air ressentent lorsqu’on leur ajtplique ce même
caustique ? »
«On avale quelque chose à un degré de chaleur qu’on ne pourrait
supporter dans la bouche si l’objet brûlant y restait. »
« Troisième expérience. Je inc suis procuré plusieurs galères ,
puis les ayant jdacées sur un carreau de vitre, je les ai fait sécher
e lle s ai pulvérisées. Vingt-cinq grains de cette poudre,
administrés à un très-jeune chien, n’ont produit aucun effet
délétère. Deux fois cette quantité, administrée à un jeunecbat,
n’a rien produit non plus. Lt cela ne m’a jioiut surpris; car,
puisque la galère fraicbe n’empoisonne point, comment pour-
rait-on supposer que la dessiccation de ce zoophyte pût augmenter
ses ([ualités vénéneuses, s’il en avait réellement ? bien
au contraire, il est plutôt raisonnable de croire que, par sa
dessiccation, le principe délétère provenant de n’importe (|uel
animal, tout comme des holothuries ou galères , doit perdre infiniment
de son activité par l’évajioration et les autres chaiige-
meiits que l’air et la chaleur produisent avant qu’il soit entièrement
desséché. »
« Quatrième expérience. Je coupai une galère en morceaux, et
je les fis avaler à un jeune poulet gras. Il n’en fut nullement
incommodé. Trois heures ajirès, je le fis tuer et rôtir; puis je
le mangeai et en fis manger à mon domestique, ce qui ne nous
fit mal ni à l’un ni à l’autre ; preuve bien certaine que ce n’est
point pour avoir mangé des galères que les poissons deviennent
vénéneux ; car si c’était ainsi, le poulet nous aurait bien certainement
empoisonnés. »
« Cinquième expérience. Je mis vingt-cinq grains de galère pulvérisée
daus uu peu de bouillon; j ’avalai cette dose sans la
moindre crainte, et je n’en fus nullement incommodé.»
«D’après ces expériences, qui bien certainement sont concluantes,
que penser de l’histoire qu’on rapporte à la Guadeloupe
, d’un monsieur Téb é, gérant de l’habitation de M. B . ,
dans le quartier du Jjamantiu, lequel fut la victime de sou
cuisinier, qui, dit-on, après avoir cherché en vain à fempoi-
sonner avec un peu de râpurc de ses ongles qu’il avait soin de
répandre sur le jtoisson rôti qu’il lui servait tous les jours à son
diner, se décida , voyant qu’il ne réussissait pas par ce moyen,