les fibres sont circulaires. Mais sur une lign e , et distantes, s’ou-
vreiit des centaines de bouches arrondies, fermées par un froncement
relevé de leur bordure ou par une sorte de spbyncter
épaissi; or , de ces bouches suinte, lorsque le tentacule vient
embrasser un corps quelconque, le liquide vénéneux dont nous
avons parlé. Ces bouches vont jusqu'à fextrémité ténue du tentacule
, et par leur épaisseur elles ressemblent aux glandes des
végétaux rosacés, chargées d’élaborer la matière que leurs
abords foiirnisseut, et qui devient définitivement vénéneuse
eu sortant des mailles de leur tissu.
Certes, le système nerveux des physales, encore inconnu,
doit avoir une action bien énergique; car, au moindre contact,
au moindre choc, les tentacules musculaires se contractent,
et tels d’entre ceux qui flottaient sur la surface de la mer, ou à
queltpies pieds deprofoudeur sous l’eau, frappent instantanément
de stujieur la proie qui va donner daus leurs réseaux dangereux,
et l’enveloppent de plis en se contractant au point de n’avoir
plus que quelques pouces, lorsque, distendus, leurs dimensions
sont de quinze à vingt pieds.
Ce liquide si corrosif est coloré eu bleu, sa consistance est
légèrement sirupeuse ; il se dissout instantanément dans feau
ou l ’a lcool, et les tentacules d’uue physale qui mourut dans un
bocal de 6 litres rempli d’eau de mer, où nous la tenions en
captivité, suffirent pour colorer toute cette masse d’eau daus
l’intervalle d’une n u it, eu beau bleu a zu r , et sans laisser paraître
les plus légers vestiges de trame organisée. Lorsque ce
liquide est appliqué sur quelque endroit du corps humain
que ce soit, et il agit avec d’autant plus de violence que les parties
sout plus délicates, il occasionne aussitôt le sentiment le plus vif
d’une urtication intense, ajipréciable pendant quelques jours,
si le contact a été de peu de durée, et si la peau a reçu peu de
matière corrosive; mais suivi d’inflammation érysipélateuse,
avec fièvre, syncope , puis délire, si le contact a été prolongé.
Malgré nos ¡irécautions nous touchâmes légèrement des tentacules
( et il faut avouer que ces filaments semblent s’entortiller
et se cramponner avec avidité aux corps qu’ils approchent,}
et nous éprouvâmes des douleurs atroces. Uu officier de
la corvette la Coquille, M. de Blois de la Calande, eut des
accidents assez formidables après avoir saisi une physale. Le
remède le plus actifà employer aussitôt l’urtication, uous aparu
être l’ammoniaque liquide un peu étendue d’eau, ou une solution
d’acétate de jilomb.
«La vessie de mer, dit le P. Feuillée, cité par Cbanvallon
( Voy. a la Martinique, in-4”, p. 107, iy 63), m'occasionna , en
la touchant, des douleurs .si vives que j ’en eus des convulsions
par tout le eorps. »
Nous extrairons d’un mémoire de M. Ricord-Madiana, médecin
à la Guadeloupe, sur les propriétés toxiques de la pby-
sale, une série de citations importantes et de faits curieux,
moins connus qu’ils ue mériteraient de l’être.
On lit dans Dutertre( Voy. aux Antilles') \
« Un jour que je gouvernais un petit canot, ayant aperçu eu
mer une de ces galères, je fus curieux de voir la forme de cet
animal, et je rechercliai attentivement si j ’y pourrais reucon-
trer quelque chose de remarquable ; mais je ne l’eus |>as jilutôl
]iris, que tous s'es fibres m’engluèrent la main, et à peine en
eus-je senti la fraîcheur (car elles sont froides au toucher), qu’il
me sembla avoir plongé mon bras, jusqu’à l’épaule, dans une
chaudière d’huile bouillante, et cela avec de si étranges douleurs,
que quelque violence que je pusse faire pour me contenir,
de peur qu’on ne se moipiast de moy,je ue pus m’empécbcr
de crier par plusieurs fois à pleine teste ; Miséricorde, mou
Dieu, je briisle! je brusle ! De bonne fortune pour moi, cela
m’arriva à deux heures après midy; car s’il arrive que l’on
Voyage de la Coquille. — Z, Tom. II, Pari. II. 2® Div. ^