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tribue beaucoup I les tenir exempts de prefque toutes nos
maladies. J’en dirois autant de leurs boiffons!;'ils n’en.eon-
noiffent d’autre que l’eau: l’odeur feule du yinék de l’eau-
de-vie leur donnoit de la répugnance j ils en témoignoient
auffi pour le tabac, les épiceries & en général pour toutes
les chofes fortes. g
Ü y a dans ■ Le peuple de Taiti eft cotnpofé de deux races d’hom-
cesC d^hom- es très-différentes, .qui cependant ont la même langue,
mes. les mêmes moeurs 8z qui paroiffent fe. mêler enfemble fans
diftinétion. Là première, 8c c’eft la plus nombreufe » produit
des hommes de la plus grande taille : il eft ordinairé
d’en voir de fix pieds 8c plus. Je n’ai jamais rencontré
d’hommes mieux faits ni mieux proportionnés; pour peindre
Hercule & Mars, on ne trouveroit nulle part d’auffi
beaux modèles. Rien ne diftingue leurs traits de ceux des
Européens; 8c s’ils étoient vêtus, s’ilsvivoient moinsià
l’air & au grand foleil , ils feroient auffi blancs que' rions;
En général leurs cheveux; font noirs. La fécondé race eft
d’une taille médiocre, a les cheveux crépus 8c durs comme
du crin, fa couleur & fes traits different peu de'ceux
des mulâtres; . Le Taitien, qui s’eft embarqué aveG nous ;
eft de cette fécondé racé, quoique fonpere foitjehefd’uri
canton ; mais il poffede emintelligence ce qui lui manque
du côté de la beauté................. . ;
Défais fur ' Les uns 8c les autres fe laiffent croître la partie inférieure
quelques-uns, barbe; maisils ont tous les mouftaches 8cle haut
ges. des joues. rafes.,'Ils laiffent auffi -toute leur longueur aux
ongles , excepté à celui du doigt du milieu de la main
droite. Quelques-uns fe coupent les cheveux très-courts,
d’autres les laiffent croître & les portent' attachés fur le
fommct de la tête. Tous ont l’habitude de fe les oindre ;
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airifi que la barbe, avec de l’huile de cocôs. Je n’ai rencori?
tré qu’umfeul 'homme eftropiéi«& qui paroiffoit l’avoir été
par une chûte. Notre Chirurgien major m’a affuré qu’il
avait vu fur plufieurs les traces? de la petite vérole, & j’a-
vois pris toutes les .méfiâtes poffibles pour que notis ne leuf
commumcaffioris pas l’autre, ne pouvant fuppofer qu’ils
en fuffent attaques,
; T)n voit fouventdosTaitienf.nnds', fans> .aut-re-y êtement leurs vête-
qu uné edmure quhteur>coui;ré les parties naturelles; Ce* mens'
pendant les principaux s’enveloppent rordinairement, dans
une grande piece. d’étoffe;qu’ils laifferit tomber jufqu’aux
genoux. C’eft auffi-là le.feul habillement dès femmes, 6c
elles favent l’arranger avec affez -d’art pour rendre c e 1 {impie
ajuftement ftifceptible de coquetterie'. Comme lesTair
tienne-sfiie v%t jamais au feleil fans .être couvertes, 6c
qu’un petit chapeau de cannes, garni de Heurs., défend
leur vîfage; de fes. rayons, elles font beaucoup plusrblan*-
chesnque les Sommes. EHesiiout les traits affez délicats ;
mais ce qui les. diftingue, c’eft la beauté de leurs corps dont
lesîcontours n’ow .point été défigurés par 15 ans de torture.
Au refte, tandis qu’en Europe les femmes; fe peignent ufagedefe
en-TOiuge *ks joues, celles de Taiti fe peignent d?unbleu p^jfr a
foncé les. reins 6c des feflès; c’eft une parure 6c en même
teins une marque de diftinétion. Les hommes font Tournis
à la même mode. Je ne fais comment ils s’impriment
ces traits ineffaçables ; je penfe que c’eft en piquant la
peau 8c y verfant le fisc de certaines herbes, ajnfi que je
fax vu pratiquer aux indigènes du Canada. Il eft à remarquer
que de tout tems on a trouvé cette peinture à la mode
chez les peuples voifins encore de l’état de nature. Quand
Céfer fit fa première defcente en Angleterre, il y trouva