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,, ai remarqué avec le tems, qui étoient toutes rouges, lorfqu’elles avoient
„ à peine la longueur d’un doigt. Il n’y a que les rouges qui deviennent
„ argentines, mais feulement quand elles font vieilles, parce que la couleur
„ rouge pâlit peu à peu, & devient enfin blanche. Les taches rouges
■„ frappent la vue, fur-tout dans celles qui font noires. Ces taches
„ Commencent à paraître au bout de la queue. Je les nourris comme les
„ carpes, avec du pain blanc.”
Un marchand de curiofités naturelles en a laiffé à Caffel. Son Excellence
Mr. le Comte de Heyden, Envoyé de Hollande, en a apporté à Berlin>
il y a quelque tems. C’eft à fa bonté que je dois la belle dorade dont je
donne le deffin.
Quand on garde les dorades chinoifes dans des verres, ou dans des
vafes de porcelaine, on les nourrit avec des petites oublies, de la mie de
pain blanc bien fine, des jaunes d’oeufs durs mis en poudre, ou de la chair de
porc hachée & de limaçons, dont,, à ce qu’on dit, elles aiment beaucoup
la mucofité. Elles prennent aufii volontiers les mouches qu’on leur jette.
En Eté, il faut les changer d’eau deux fois par femaine, & plus fouvent
encore quand l’air eft chaud & étouffant. En hiver, il fuffit de la renouveller
tous les huit ou quinze jours. Dans les étangs dont le fond eft de. terreau
ou de terre graffe, ils n’ont pas befoin d’autre nourriture. Mais fi le fond
eft fablonneux, on peut les entretenir avec du pain de chenevis, du
fumier, ou du pain. En hiver, elles ne mangent point : car les Chinois ne
leur donnent point de nourriture pendant trois ou quatre inoisp ;c’eft-à-dire,
tant que duré cette faifon. Comme on pourroît aifément les bleffer en les
prenant des vafes, on fe fert d’un petit filet. Ces poiffons aiment les lieux
ombragés, de même que la carpe, la tanche & le caraffin; ainfi on fait
bien de leur jetter un peu de verdure, pour s’y cacher. Mais il faut prendre
des branches qui ne donnent pas une mauvaife odeur à l’eau; ce qui ferait
mourir les poiffons. Comme les petits font beaucoup plus vifs que les gros,
on les préféré ordinairement pour les mettre dans des vafes : cependant,
il ne faut pas y en mettre trop ; fans cela .ils mourraient. Afin que
l’on puiffe voir de loin leurs mouvemens & leurs belles couleurs, il
faut prendre principalement de grands & larges bocals de verre blanc.
L’ouverture ne doit pas être trop petite , afin qu’ils puiffent refpirer
aifément; fi ne faut pas non plus qu’elle foit trop large, parce qu’alors ils
pourraient fortir hors du vafe & périr. Quand l’étang n’a ni herbages dans
le fond, ni des bords unis, où les femelles puiffent dépofer leurs oeufs, il
faut y jetter des branches vertes. Ce poiffon a un grand ovaire, multiplie
confidérablement, & fraie en Mai. l ia la vie dure..: car félon Mr. Baßer,
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un de ces poiffons, qui avoit fauté hors d’un bocal, & étoit tombé par terre,
où il refta une heure, fe remua encore lorfqu’il fut remis dans l’eau b').
Ces poiffons ont l’ouïe fine. Pour leur donner à manger, on les attire
aifément fur la furface de l’eau avec un certain ligne. Ils apprennent aufii
à reconnoître ceux qui leur donnent ordinairement à manger; car ils fe
préfentent, dès qu’ils les entendent venir de loin. Les Chinois ont un petit
fifïïet aux vaiffeaux où il les confervent, afin de les accoutumer à un certain
fon. Lorfqu’ils font enfermés dans des vafes, ils ne deviennent guère
plus long que de fix à huit pouces; mais dans les étangs, ils parviennent
à la longueur de douze à quatorze pouces.
Au commencement du canal inteftinal, on trouve les dents, comme
dans les aunes poiffons de ce genre. Ce canal a trois finuofités, & eft aufii
long que le poiffon. La laite & l’ovaire font doubles. La véficule aérienne
eft compofée de deux parties; l’une large, & l’autre étroite.
Ce poiffon fe nomme :
Km gjo, dans la Chine. Silbcrfifch, tant qu’il eft jeune.
K in -ju , au Japon. Goldkarpfen, e n Allemagne.
Goldjhh, en Angleterre. Borée de la Chine & Poijfon d’or,
■ 'Goldjijch, en Hollande &enSuède; en France.'
Linné c) & Gronov d) croient avoir trouvé le caraétère diftinétif de
ce poiffon dans la queue à trois fourchons; mais ce caraétère eft auiïï
incertain que celui qu’ils tirent dans un autre endroit de la nageoire de
l’anus, qui eft double e ): car ces marques font accidentelles. Il eft vrai
que la couleur rouge, que je donne pour caraétère, ne fe trouve pas
toujours dans les jeunes poiffons; mais alors les caraétéres diftinétifs ne
font pas toujours clairs.
Gronov fe trompe aufii, quand il prend pour notre poiffon la brème rie
Klein f ~), qui a trois fourchons à la nageoire de la queue.
Î) Hor. Subféc. Tom. ¿IL p. 84.
c ) Faun. Suec. n. 3 31. e ) S. N. p. 5-17. n. 7. Zooph. n. 341.