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lui, c’eft le feul des animaux qui ont du fang qui ne fe reproduife ni par
l’accouplement, ni par les oeufs; parce qu’il n’y a dans cette efpèce ni
mâles ni femelles. Il croit que les anguilles naiffent de la fange corrompue.
Car comme on les trouve dans des marais defféchés, lorfque la pluie vient
à les remplir, il faut bien, dit-il, qu’elles aient été produites de ces marais.
Si ce philofophe àvoit réfléchi, qu’elles pouvoient y avoir été apportées
par les inondations caufées par les grandes pluies, ou que l’anguille vit
longtems cachée dans la bourbe, il auroit fenti aifément l’incertitude de
cette conféquence. Il faut qu’il n’ait pas fongé non plus, que fi c’étoit la
vafe corrompue qui produifit les anguilles, on en trouveroit dans tous les
marais de cette efpèce.
Pline, qui refufe auffi à l’anguille l’un & l’autre fexe h'), dit avec un
ton d’affurance, que les anguilles, en fe frottant contre des corps durs,
font forthr de leur corps des petites parties, qui s’animent & deviennent
des anguilles z).
Athénée les fait naître de la vafe corrompue i ) ; d’autres, de la
pourriture des animaux /). Comme on trouva quelquefois plufieurs
anguilles dans le corps des chevaux qu’on avoit jettés dans l’eau quelque
tems auparavant; on en conclut qu’elles étoient venues de leur corruption.
Mais ôn ne penfoit pas que l’anguille, ainfi que plufieurs autres poilfons,
aime à fe repaître de charogne. i
Rondelet foutient, qu'elles fe reproduifoient comme les autres poilfons
pourvus de laites & d’oeufs. 11 difoit, que la grande quantité de graiffe
dont la laite & les oeufs étoient entourés dans lés anguilles, empêchoit de
les appercevoir, & i l affuroit en avoir vu entrelacées l’une dans l’autre; ce
qu’il regardoit comme un accouplement m).
On a voulu les faire naître aufii de la rofée du mois de Mai, &
on a taché de le prouver par l’expérience fuivante : On prend au mois
de Mai deux morceaux de gazon; on les place l’un contre l’autre, de
manière que les deux côtés garnis d’herbe fe touchent On couvre le tout
d’herbe, & vers le fou on jette ce paquet dans l’eau, de manière que
l’herbe foit égale à la furface’ de l’eau. Alors, s’il a fait une forte rofée
pendant la nuit, on trouve, le matin des ¡petites anguilles parmi le gazon.
Quelque ridicule que foit cette opinion & quelque peu digne qu’elle
paroiffe d’arrêter un inftant, Leuwenhock l’a cependant jugée digne d’une
réfutation;
h) Nat. Hift. lib. 10. cap.68. * ) Voy- De Pifc. p. J47-
i) Voici ce qu’il en dit: Angaillàe citUrunt fc l ) Rondel. Hijft. des PoiiT. P. IL p. 144.
Jcopulis ea Jirigmenta vivefcunt, ncc alia. efi earurn m) Au livre cité. P. II. p. 145»
procréâtio. lib. IX..cap. 57.
réfutation; & voici comme il explique ce phénomène n ) : On fait que la
rofée ne tombe que par un tems calme & tranquille. Les poilfons fe
tiennent ordinairement.au fond; mais dans un tems clair, .les jeunes
fur-tout viennent fur .la furface de l’eau, qui efi; la partie la plus
chaude. Or comme les jeunes anguilles trouvent en même tems de la
nourriture dans le gazon, on voit pourquoi elles s’y trouvoient loffqu’il
tomboit de la rofée, & pourquoi elles ne s’y trouvoient pas dans le cas
contraire. Mais Helmont qui attribue tant d’efficacité à la rofée du mois de
Mai, ne la croit pas cependant propre à produire des anguilles, & il y
ajoute le miel o). Un autre fait naître les anguilles de la corruption des
peaux d anguilles jettées dans l’eau ; & éLeuwenhôck s’eft donné auflï
inutilement la peine de réfuter cette opinion. Cet auteur croit avoir
trouvé une grande quantité de petites anguilles dans la liqueur qui fort du
nombril lorfqu’on le prelfe />). Mais je croirais plutôt que ¡ce font des
animalcules, tels que ceux que j ’ai remarqués en grand nombre dans la
matière vifqueufe qui fort du boyau culier, comme je l’ai dit dans mon
mémoire fur les vers des inteftins q'). Cependant Leuwenhock ne s’en tint
pas à cette expérience, il alla plus loin. Tous les mois.,*'depuis le printems,
il ouvrit un certain nombre d’anguilles, & à la fin, il trouva au mois d’Août
dans la matrice d’une anguille, un petit, & deux dans une autre. Us
avoient, comme on le voit par le deffin, la grolfeur d’un crin de cheval
& la longueur d’un pouce r). Il efi: aifé de voir que ces expériences
pénibles n’ont pas répandu affez de lumière fur la génération des anguilles;
car une multiplication fi modique ne ferait pas à beaucoup près fuffifante
pour réparer la deftruétion que les hommes & les animaux font chaque
année parmi les anguilles. Cependant il fe pourrait que les anguilles
filfent leurs petits peu à peu, & qu’alors il n’en reftât que quelques-uns
dans le corps. C’eft de cette manière que j ’ai aufii expliqué le cas fuivant:
Je priai quelques perfonnes de ma connoifîance d’obferver attentivement
en ouvrant des anguilles, s’ilsn’appercevroient point les petits qui doivent
fe trouver à l’épine du dos, non loin de l’anus. Mr. Elckner, habile
mécanicien de Berlin, remarqua en ouvrant une anguille trois petits
animaux, dans un fac, qui avoient la figure de ceux de Leuwenhèck. Il
men apporta un dans de l’efprit de vin, & j ’y trouvai la plus grande
reffemblance avec l’anguille. Dans la fuite Schwenckfeld, médecin à
Breslau, fit naître les anguilles par les ouïes de la bordéliêre s ), en quoi
n) Arcana Natur. Epift, 7J. P. I. p. 333. j ) p. j j . tab. ,< *% . id - r i *
A}: Voyez Rieger. Introd. Tom. I. p.. 559- r) Voyez la pag. 337.. % A, B. C. D.
p ) Auüeucité.Ep.75. P.i.p. 34i.fig.A.B.C.D. s) Theriotroph. W , p . 414.
Part. I I I . ’ C