A r t i c l e S e ç-./pfeN d .
Des Serpes en particulier.
I.
L A S E R P E .
X C V X X P l a n c h e . É i g . 3.
Trente -quatre rayons à la nageoire de l’anus: Gajleropelecüs pinna ani
radiis triginta quatuor. B . u t . P . IX . V . 1 1 . A . X X XI V .
C. x t l i i . D . x i i . 1 1 .
Clupea Sternicla, Cl. pinnis ventralibus nul
lis. Linn. S. N . p. 524. n. 8-
Gafteropelecus. Gron. Mut II. p.7. n. 155
Zooph. p. 135. n. 409. cab. 7. fig. 5.
Salmo Gafteropelecus. Pallas. Spic. Zool.
Fafc. Vin. p. 50. tab. 3, fig. 4.
Der Beilbauch. Müller. L. S. III. p. 375.
L e s trente-quatre rayons de la nageoire de l’anus, font le caractère
diftinétif de ce poiffon. On trouve trois rayons à'ia membrane des ouïes;
neuf à la nageoire pectorale; deux à celle du ventre; vingt-deux à celle
de la queue; onze à la première du dos, & deux à la fécondé.
La tête & le tronc font fort comprimés des deux côtés, & d’une
belle couleur argentine, dans laquelle fe joue un bleu d’acier. L’ouverture
de la bouche eft grande, ainfi que les écailles, à proportion de la groffeur
du poiffon. La langue eft blanche, unie & épaiffe. Lès yeux font grands,
ronds, placés près de l’ouverture de la bouche, & ont une prunelle noire,
entourée d’un iris argentin.. Entre la lèvre fupérieure & les yeux, on
apperçoit les narines. L’ouverture des ouïes eft large, & l’opercule des
ouïes eft unie. Depuis la gorge jufqu’à l’anus, s’étend un os tranchant,
qui eft auffi mince que du papier, & qui par fon tranchant & fa forme
a -quée reffemble à une ferpe de jardinier ; c’eft pourquoi je lui ai donné
ce nom. Cet os ainfi que le tronc, eft couvert d’écailles. Il fert de point
d’appui à la nageoire peétorale, qui eft longue & qui a la forme d’une
faucille; celle de la queue eft fourchue. Toutes les nageoires font grifes.
Ce poiffon doit nager avec beaucoup de promptitude, car il n’a que
peu d’obftacles à vaincre. Sa patrie eft la Caroline & Surinam. Il eft du
nombre des poiffons voraces, comme’ on le voit par les dents dont fa
bouche eft garnie. Mais comme il eft petit, il ne doit fe nourrir que du
frai des autres poiffons, de vers & d’infectes. Du moins ceux que je poffêde
ne font pas plus gros que le deffin que j’en donne fur la quatre-vingt &
dix-feptième planche.
On voit par cette defcription, que ce poiffon n’eft femblable à aucun
de ceux connus jufqu’à préfent. Le rafoir que j’ai décrit a ) , eft celui
auquel il reffemble le plus, à caufe des trois rayons de la membrane des
ouïes, du peu d’épaiffeur de fon corps & de fon ventre tranchant. Mais
les dents dont fa bouche eft armée, l’excluent du genre des carpes, auquel
appartient le rafoir. Ainfi Gronov a eu raifon d’en faire un genre particulier.
Mais il s’eft trompé en lui refufant les nageoires ventrales, en ne donnant
que deux rayons à la membrane des ouïes, & en ne faifant pas remarquer
la fécondé nageoire du dos. Après quoi Linné à fait la même chofe ; &
ce grand naturalifte a commis une nouvelle faute, en le rangeant dans la
claffe des harengs b). Linné décrit un autre poiffon femblable à celui-ci c),
qui fe trouve dans le Recueil de l’Académie de Stockholm, & que Mr. le
profeffeur Pallas regarde comme le même poiffon que le nôtre d'). Mais
dans la membrane des ouïes & dans la nageoire de lanus, le nombre des
rayons diffère trop entre ces deux poiffons pour qu’on puiffe croire qu’ils ne
font qu’une feule efpèce : car Linné compte fix rayons à la membrane des
ouïes de fon poiffon, & cinquante-trois à la nageoire de l’anus; au lieu que
dans les fix ferpes que j ’ai examinées, je n’ai trouvé que trois rayons à la
membrane des ouïes, & trente-quatre à la nageoire de l’anus. Cependant,
fi la remarque de Mr. le profeffeur Pallas eft jufte, & que ces deux poiffons
ne foient qu’une même efpèce, nous devons à Linné la découverte des
nageoires ventrales; & dans le cas contraire, c’eft Mr. P allas qui les a
obfervées le premier. Cet habile obfervateur a auiïï découvert le premier
la fécondé nageoire du dos; mais comme il n’y a point remarqué les rayons,
il la prend pour une nageoire adipeufe ; & met par cette raifon notre
poiffon dans la claffe des faumons. Cependant, les rayons de la fécondé
nageoire du dos, & ceux des nageoires du ventre, font fi délicats, qu’on
ne peut les appercevoir qu’au microfcope; de forte qu’il n’eft pas étonnant
que Gronov & Kôhlreuter e') n’aient pas remarqué la dernière, ni P allas
la première.
Stadus Millier fe trompe, quand il dit que la ferpe n’a point de dents J").
a) Voyez la première Partie, p, aoo. d') Spic. Zool. Fafc. VIII. p.-50.
i ) S. N. p. 514. n. H e ) Noy. Comment. Petrop. Vol. III. p. 404.
c ) Clupea Sima. Au lieu cité. n. 7. f ) Linn. Naturiyft. IV. p. 375.