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mâle. Plus loin, en arrière, on trouve l’anus. La nageoire de là queue
n’a pas une direétion horizontale comme celle des baleines. La peau eft
unie, mince, & d’une fubftance coriace. Sous cette peau, eft le lard, qui
a ordinairement deux ou trois doigts d’épaiffeur. Différentes nations en
font de l’huile ; & à Terre-Neuve, on fait des andouilles avec fa chair.
Nous trouvons ce poiffon prefque dans toutes les mers. J’ai reçu de
Hambourg celui que je décris ici: il a été pris à l’embouchure de l’Elbe
par les pêcheurs de Heiligeland. Le lard avoit un doigt d’épaiffeur. On le
prend aufli quelquefois dans la Baltique. Frifch parle d’un marfouin qui
avoit quatre pieds de long a ) , qu’on avoit pris en Poméranie, près de
la petite ville de Damm, dans un lac qui communique avec la Baltique,
où il étoit entré en pourfuivant fa proie, ou pouffé par la tempête. Hanov.
parle aufli d’un marfouin qui avoit trois pieds de long, & pefoit foixante
& une livre h'). Klein en reçut deux de la Baltique, dont il a donné la
defcription c). Le marfouin parvient à la longueur de neuf à dix aunes.
Jonflon fait mention d’un qui pefoit mille livres £). ' Ces poiffons vivent
d’autres poiffons, qu’ils attrapent, nagent extraordinairement vite & en
troupes ; ce qu’on remarque fur-tout dans le tems de l’accouplement.
Alors il y a ordinairement dix à quinze mâles après une femelle. Dans ce
moment d’empreffement, ils font quelquefois fi imprudens, qu’ils viennent
quelquefois jufque fur le rivage. Olaffen affure, qu’en 1744, on en prit
cent en Islande fur la terre, vers une petite baie, & que les habitans s’en
emparèrent e). Ils ne font ordinairement à la fois qu’un petit, qui fuit
continuellement fa mère pendant tout le tems qu’il tette. Le tems de
l’accouplement arrive en Août; & c’eft alors où on les prend le plus
aifément. Comme ils font-leurs petits en Juin, Ariflote remarque avec
raifon, qu’ils portent pendant dix mois / ) . Cette affertion eft confirmée
par les obfervations de Rondelet, qui en Oétobre, ne trouva dans leur
corps qu’une maffe informe, & au printems, une maffe un peu plus
développée g~). Un de ces animaux nouvellement né, a déjà une groffeur
affez confidérable ; car l’embrion que Klein a tiré d’une mère, avoit
vingt-un pouces & demi de long h~). La chair de ce poiffon a un goût
huileux. Les Groenlandois & les Écoffois la mangent. Les premiers le
regardent comme un de leurs meilleurs poiffons. Ils le font bouillir ou
rôtir
a) Mifcell. Berol. Tom. VI. p. 144.
b) Seltenh. der Natur. Tom. I. p. 429.
c ) MiÆ Pifc. I. p. 44.
d) De Pifc. p. iao.
t ), Nachr. von Xsl. I. p. 194. §. 54g.
f ') H. A. lib. 9. cap. ia .
g) Hift. des PoiiT P. I. p. 350.
h) MiiT Pifc. II. p. 40. tab. 3. fig. a. b.
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rôtir après l’avoir laiffé corrompre jufqu’à un certain degré, pour l’attendrir.
Les derniers le falent & le font fumer. Les Groenlandois mangent aufli
les entrailles & la peau avec le lard. Ils fe fervent encore de ce dernier
pour leurs lampes. Avec le gozier, ils font des bourfes, qu’ils employent
pour leur chaffe fur l’eau, & avec les nerfs des cordes. On voit par-là,
•comment la néceflité apprend à ces peuples à fe fervir des parties que
les autres peuples rejettent ; car en Hollande & en Dannemarc, où on
donne fouvent la chaffe à ces poiffons, on ne s’en fert que pour faire de
l’huile. Les Norvégiens,& les Lapons, chez lefquels on trouve les marfouins
en grande quantité, trouvent aufli leur chair d’un très-bon goût.
Le marfouin, en nageant, courbe toujours la tète & la queue par en
bas; de forte que quand i f s’approche de la furface, on ne voit que le
dos; mais dès qu’il eft mort, il reprend une direétion droite. Ariflote dit,
que quand ce poiffon dort, il a la tête hors de l’eau & qu’il ronfle z). Il
fe montre quelquefois au-deffus de l’eau, comme les autres efpèces de
baleines ; ce que les matelots regardent comme un ligne de tempête.
Quand le marfouin fe voit pris, il pouffe, comme le dit A riflote,, une
elpèce de gémiffement', & vit fix à. huit heures hors de l’eau. On a
remarqué, que lorfqu’on tue une femelle pleine, la queue de l’embrion
paroît par le nombril; ce qui vient fans doute du retirement fpafmodique
que fait la mère en mourant. Ce poiffon tourne-quelquefois dans l’eau; &
alors il a l’air d’être d’une forme triangulaire : c’eft fur-tout alors qu’on le
tire. Mais les chaffeurs doivent obferver de tirer aufîitôt que le poiffon
paroît au-deffus de l’eau: car fans cela ils rifquent de manquer leur coup;
parce que le poiffon fe renfonce auflitôt.
Le cerveau eft divifé par une cloifon en deux lobes : l’un droit,. &
l’autre gauche. Les os des nageoires peétorales font remarquables ; car
quand on en a ôté la peau, on y voit tous les os qui font dans le bras
& la main de l’homme. Le bras fe meut à l’omoplatte & aux os du
coude, & ceux-ci aux petits os qui forment le carpe, & le carpe eft
attaché aux phalanges. Mais dans la nageoire de la queue, qui eft courte,
roide & horizontale, je n’ai pas trouvé la moindre reffemblance avec le
' pied, Ainli je doute de ce que dit Mr. le profeffeur Uermann, qu’on a
remarqué dans le fquelette d’un dauphin, qu’on conferve à Leide, les pieds
réunis h). Le canal aérien étoit large, & conflftoit en gros cartilages ronds.
Le poumon avoit deux lobes larges par en haut, & pointus par en bas. Le
coeur étoit gros, avoit deux chambres & deux oreillettes, dont la droite
ï ) H. A. lib. 9. cap. 14.
Part. I I I .
k) Tabula; affinit. Animal, p. 149.
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