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Celle-ci eft large, & a les lèvres groffes. Les mâchoires & les os du
gozier font garnis d’une quantité de dents pointues. La langue eft épaiffe,
unie & mobile. Les yeux ont une prunelle noire, entourée d’un iris blanc.
Le ventre, fur-tout dans les mâles, eft jaune d’orange, aufii bien que les
rayons des nageoires de l’anus & dé la poitrine; mais quelquefois il eft
aufii gris. Le mâle eft appellé roi-mage par les Islandois, rogn-kal par
les Norvégiens. La femelle,, qui eft beaucoup plus grofie, prend le nom
de graa- sleppa chez les premiers, & de rogn-kefxe chez les féconds.
Les côtés & les rayons des nageoires du dos & d e l’anus font gris, avec
des points noirâtres. Le dos eft noir & tranchant; mais les côtés & le
ventre font larges. En devant, on remarque au ventre un cercle large,
formé comme une coquille annelée. Le poifion peut par le moyen de
ce cercle s’attacher tellement aux corps unis, qu’on ne fauroit plus l’en
arracher qu’avec violence. On fait combien un corps uni s’attache à un cuir
humide. Selon le calcul de Hanov, le poifion qu’il décrit, & qui avoit
Luit pouces, étoit attaché àvec une force de foixante & quatorze livres a);
de forte qu’il n’eft pas étonnant que Mr. Pennant en ait vu un- beaucoup
plus gros, tellement attaché à un vaifieau plein d’eau, qu’on levoit le
vafe en voulant prendre le poifion F). L’anus fe trouve au milieu du corps
Tous les rayons font fourchus.
Le lièvre de mer eft un habitant de l’Océan feptentrional & de la mer
Baltique., Je l’ai reçu non-feulement de Hambourg. & de Lübeck, mais
aufii de la Poméranie. On n’en trouve guère qui aient plus d’un pied
& demi, ou deux pieds de long; mais il y en a qui font très-épais &
très-larges. La chair de ce poifion eft dure & de mauvais goût, fur-tout
dans ceux dont les nageoires font pâles : ceux qui les ont rouges, font
meilleurs. Cependant il n’y a que les gens du peuple qui en mangent; &
à caufe de fon bas prix, les pêcheurs s’en fervent fouvent pour appât. Le
flétan fe prend fur-tout à cet appât c). En Islande, où la pêche .du lièvre
de mer eft confidérable, on le mange frais ou falé, ou on le fait fécher
à l’air, pour l’envoyer dans l’étranger d ). Avant que de le fécher, on le
pend, on lui coupe la queue, les nageoires & les parties minces du ventre.
On le trouve dans les filets en prenant le dorfe & le faumon. Il fe tient
le plus communément, comme le diable de mer, caché derrière les
monticules ou les rochers, & épie les poiifons que les flots lui amènent.
Pour fe fixer dans la place qu’il a choifi, il fe fert du cercle qu’il a au
ventre. Il fraie au mois de Mars; il .multiplie beaucoup, & a un grand
a) Seltenh. der Nat. I. p. 530. ¡36. c ) Pontop. Norr. p. 163.
I>) B. Z. III. p. 133. ¿ ) oiaff. Reif. Isl-lip. 313.
Part. I I I . A a