xg6 -De l a T r u i t e d e s A l p e s .
dépeîifes. Comme nous n’avons point de défini de ce poiffon, ce naturalifte
m’a rendu par-là un grand fervice, ainfi qu’à tous les ichtyologiftes. Le tems
du frai tombe en Février, & dure pendant huit jours. Ce poifion dépofe
fes oeufs près dès bords en forme de cercle. Quand les pêcheurs remarquent
ces cercles, ils y mettent leurs filets, pour prendre les autres poifions
qui ont coutume de s’y trouver a). Sa chah- eft rouge, de bon goût, ,&
facile à digérer.- Les Lapons prennent ce poiffon en quantité fur leurs
montagnes ¿ ). Selon Mr. Pennant, on le trouve auiïi en Angleterre fur
les montagnes, dans la province de Galles & dans le Weftmiinfter c).
Schwenckfeld parle auiïi d’une truite noire que l’on trouve dans un lac
de Siléfie fur les montagnes des Géants d~). Malgré toutes les peines que
je me fuis données, pour m’en procurer une, je n’ai pu en avoir. Je penfe
que c’eft la truite brune décrite dans la première partie.
Tous les ichtyologiftes ont donné la truite des Alpes pour une elpêce
particulière. Afin de ne point contredire tant de grands naturaliftes, je
me fuis rangé autrefois de leur fentiment; mais je crois qu’elle ne diffère
point de l’omble, & que la différence des couleurs vient de la qualité de
l’eau. La defcription que Linné nous donne de ce poiffon dans fon Syftème
& dans fes Voyages de Gothland, confirme mon opinion; car il ne parle
point au fujet du dernier poiffon de la couleur bleue qu’il avoit donnée
pour caractère au premier. Or, fi l’on compare ici ce que j ’ai dit des
diverfes couleurs de l’omble, on trouvera du moins que notre poiffon ne
peut être confidéré que comme une variété.
Linné s’étonne avec raifon, de quoi vivent les truites qui habitent
naturellement les montagnes, puifque les montagnes continuellement
couvertes de neige & de glace, n’offrent ni plantes, ni infectes, ni aucun
autre poiffon. Mr. le Profeffeur de Paula Schrank fait la même remarque
en parlant de l’omble du Koenigsfée; il dit : La manière dont ce poiffon
fe nourrit eft pour moi une véritable énygme r car l’eau eft fi nette, qu’il
doit s’y trouver peu d’infectes; & je n’y en ai trouvé aucun.
Zznné attribue l’exiftence de ce poiffon fur les hautes montagnes, où
les lacs font féparés de toutes rivières ou fleuves qui pourraient les y
avoir conduits, aux grandes inondations qui, félon lui, les y ont laiffés.
Cette opinion, qui me paroît vraifemblable, explique comment des poiffons
de l’Océan fe trouvent en même tems dans les lacs.
a) Linn. MPeftgothl. Reife. p, 19g. ’ c ) B. Z. III. p. 307.
h) — Faun. Suec. p. 124. d) Theriotr. Silëf. p. 44.9.
XVI.
il