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H faut qu’il y ait une réunion exacte de l'ouverture du canal féminal avec
l’ouverture de la matrice. Les parties que nous venons de décrire font
propres à faciliter cette réunion : car quand les deux mufcles tirent &
féparent ces petits os, on voit paraître leurs parties pointues. Or, lorfque
le mâle prefle fortement ta -femelle avec fès. pieds étendus, & que les.
mufcles commencent à fe lâcher, les bandes & les cartilages élaltiques
étendus, fe retirent, & attachent fortement le pied. Mais pour que les
pointes des os ne blelfent point la femelle, ni les piquans, dont le corps
de cette dernière eft garni, les pieds du mâle, îl falloit que la férofité
glutineufe, dont nous avons parlé, fortît des glandes & fut conduite vers
les pieds par le canal. Les mufcles de la nageoire de l’anus, qui font
au-deffus des glandes, les prelfent aufii dans le mouvement du poiffon,
& en font fortir la férofité. Or, ü cette humeur glutineufe étoit portée
continuellement par un paffage fermé vers la partie inférieure du pied, les
petits os, qui ne s’écartent que dans le tems de l’accouplement, fe colleraient
& deviendraient immobiles. Voilà pourquoi ce canal eft ouvert, au lieu
d’être fermé. Mais de tems en tems, lorfque cêia eft nécelfaire, le long
mufcle, qui prelfe la partie cartilagineufe, ne laiffe d’autre paffage à la
férofité que celui qui la conduit vers le pied. A la direétion de ce canal,
& au jeu d’un fi grand nombre d’os, qui fe fait par deux mufcles, on
reconnoît la main du fage Créateur.
Probablement le poiffon fe fert auffi de »ces pieds en guife d’aviron,
pour nager. Comme ils ne font pas deftinés à faire marcher l’animal, il
n’étoit pas néceffaire qu’il y eut des os de jambe plus forts, pour porter
le corps. Ces os pouvoient être feulement foibles & cartilagineux ; mais
comme ils fervent en même tems de point d’appui aux mufcles de la
nageoire du ventre, ils font divifés en plufieurs articulations, afin que le
poiffon puiffe tourner fes nageoires du côté qu’il veut.
Voilà le réfultat des obfervations que j’ai faites, il y a quelques années?
mais comme je n’ofois pas tirer une conclufion fur le tout d’après ma
feule expérience, je réfolus de les faire connoître au public. Mais à
préfent, les obfervations que je viens de faire fur trais rayes & autant de
requins, que m’a envoyé mon digne ami, Mr. Spengler, & qui étoient
tous mâles, m’ont convaincu que ces parties ne font rien moins que des
membres deftinés à la génération. Il ne nous relie donc plus qu à obferver
les vraies parties de la génération, que j’ai trouvées en effet dans 1 intérieur
du bas-ventre. L’examen de ces parties m’a conduit à des remarques
intéreffantes, dont je vais rendre compte. La première chofe que ja i
obfervée, c’eft deux trous, dont un fe trouve de chaque côté de lanus,
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& qui fe rendent dans la cavité du bas-ventre. Gomme j’ai remarqué
qu’en, foufflant dans ces trous, le bas-ventre fe gonlloit, je les. ai nommés
trous abdominaux. Mais n’ayant pu trouver de véficule aérienne, ni dans
les trois rayes, ni dans les trois requins, que j’ai difféqués, j,e penfe que
ces trous leur en tiennent lieu. Après que, les entrailles furent ôtées,
j ’apperçus deux lobes larges, minces & rougeâtres, qui étoient unis par
le moyen d’une membrane mince. Enfuite, je remarquai deux longs
vaiffeaux minces, placés le long de l’épine du dos. Mais comme ils fe
réuniffoient en deffous, derrière l’anus, dans une. ouverture commune,
où je pouvois fouffler l’air jufques dans lefdits corps jaune, ces parties ne
peuvent être autre chofe que les reins & les uretères. A chaque côté de
de ces derniers, j ’ai vu s’étendre, en ferpentant;Adeux vaiffeaux, qui
s’élargiffent un peu en deffous. Comme l’injeélion du mercure m’a prouvé
clairement leur direétion en ferpentant, & qu’ils ont beaucoup de
reffemblance avec les vaiffeaux Ipermatiques, je n’héfite point à les donner
pour tels. Ils fortent par en haut d’un petit corps glanduleux, qui tient la
place des tefticules, & ils fe réunifient au-deffous, à côté de l’ouverture
urinaire, derrière l’anus. Enfin, ces canaux s’élargiffent avant leur extrémité,
& ont par-là de la reffemblance avec les véficules' féminales. Dans les
femelles ,• au lieu de vaiffeaux Ipermatiques, on trouve les ovaires. Les
ovaires étoient cylindriques, & leur extrémité fupérieurë touchôit au
diaphragme. Les canaux des oeufs avoient l’épaiffeur d’une groffe plume
de corbeau; ils étoient feulement affujettis très-légèrement à l’épine du
dos; leur couleur étoit jaune; ils s’élargiffoient non loin de l’anus, & fe
terminoient aufii derrière l’anus dans une ouverture commune.
Comme les mâles de ces animaux n’ont point l’ayantage d’avoir un
membre pour la génération, & que les femelles ne font point leurs oeufs
comme les poiffons à écailles, il n’y a aucune autre copulation que le
rapprochement de l’ouverture des véficules féminales ; ce qui eft fuivi
probableinent d’un frottement des parties de part & d’autres. Afin que la
vapeur de la fémence puiffe parvenir plus fûrement à l’entrée du canal
des oeufs, il eft néceffaire que les pieds dont nous, avons parié , foicnt en
action. Nous trouvons aufïi chez la plupart des hannetons d’eau, & même
chez tous les infectes, des membres particuliers, qui fervent au mâle à
tenir la femelle ferme pendant l’accouplement. Je pourrais prouver par
plufieurs faits arrivés récemment à Berlin, que, parmi le genre humain
même, les femmes deviennent aufii fécondes fans accouplement formel.
Nous trouvons ces poiffons dans prefque toutes les mers de l’Europe;
mais rarement dans la Baltique. Ils habitent les fonds?" & en hiver, jls fe