Derrière les yenx, on voit deux ouvertures en forme de croiffant, terminés
chacun par deux canaux, dont l’un répond à la bouche, & l’autre aux
ouïes. Ils fervent à l’animal à rejetter l’eau qu’il avale, foit en prenant fa
proie, foit celle qui entre par l’ouverture des ouïes. Ces ouvertures font
pourvues en dedans de la bouche d’une foûpape, qui empêche la nourriture
d’y entrer. Les ouïes font conformées comme celles des poilfons à
opercules des ouïes; mais elles ne font pas libres comme dans les derniers.
Le bord extérieùr eft àiïujetti à la peau par le moyen d’une membrane.
Klein en donne un deflih; mais il n’eft pas exaét c). La tête, qui eft
petite, eft entourée en partie de la poitrine vers les côtés, & finit en une
pointe tantôt plus longue, tantôt plus courte. L’ouverture de la bouche
eft en travers, garnie de plufieurs rangées de dents, pointues chez les
uns, émouffées chez les autres. Les ouvertures des ouïes ont une direction
oblique. La cavité du ventre eft ronde; la queue mince & longue, & l’anus
fe trouve au commencement de la queue. Les nageoires peétorales, qui
entourent le tronc, font garnies d’une peau épaiiTe, qui empêche de
déterminer le nombre des rayons. - Les nageoires ventrales font réunies
au fond avec celle de l’anus d'). Chez la plupart, la queue eft garnie de
de deux petites nageoires, & d’une ou de plufieurs rangées de pointes.
Chez quelques-uns elle finit en pointe de forme de broffe; & dans ce
cas, elle eft garnie d’un piquant dentelé. Plufieurs ont le côté fupérieur
garni de pointes grandes & petites; quelques-uns feulement en ont furie
côté inférieur. Ils portent leurs petits dans-une enveloppe noire, forte,
dans un quarré long, qui eft terminé par quatre pointes ou corne. Us
font connus fous le nom de fouris de mer e) , & font de la groffeur des
oeufs de poule. Nous en trouvons un deflîn dans Rondelet f ) , Gejher g')
& Jonfion h). Us mettent bas depuis.le mois de Mai jufqu’à la fin d’Àriût:
ils né font qu’un petit chaque fois ; & quand il eft forti, un nouveau
fe développe. Dans le tems de l’accouplement, chaque femelle eft
accompagnée de plufieurs mâles. Les femelles font beaucoup plus greffes
c ) Miiï. Pile. I. tab. 66. fig. 1. vertu médicinale particulière. Selon Forskaol, les
' dl). Arijlote dit, a la vérité, que 1 es rayes n’ont Grecs s’en fervent encore comme d’un remède dans
point de nageoires, ( Nat. Hijî. lib. i. c. ¿¡. ) & les fièvres intermittentes. Quelque, tems . avant
qu’elles ne fe fervent que de leur corps pour nager; l’accès, ils mettent cette peau fur des charbons ar-
( De Part. lib. 4. c. ig. ) mais leurs nageoires font dens, & en font refpirer la fumée au malade par la
•auili diftin&es que celles des plies. Dans les lèches, bouche & par le nez.
aufti bien que dans les fraîches, on reconnoît non- f ) Hift. des PoifT P. I. p. i jo.
feulement les rayons, mais auili les articulations, g) Aquat. p. 789. Icon, Anim. p. 137. Thierb.
quand la peau eft ôtée. p. 74.
e) Mus rnarinus, pulvinar inarinum. Autrefois, h) De Pifc. tab. ia . fi g. 4.
on avoit conclu que la forme extérieure avoit une
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que les mâles; & ceux-ci ont des piquants beaucoup plus forts & en
plus grand nombre. Pendant l’accouplement, on dit qu’ils fe tienneut fi
étroitement ferrés, que lorfqu’on en tire un qui a mordu à l’hameçon,
l’autre vient en même tems f);
Comme les ichtyologifteS modernes ont négligé de confidérer ces
poiffons relativement à l’économie, j’ai tâché d’y fuppléer, en ralfemblant
tout ce qu’AriJlote a dit â ce fujet.
Dans l’accouplement, dit-il, ils ne rapprochent pas feulement leurs côtés
inférieurs; mais le mâle fe place furie dos de la femelle. Ils ont certaines
parties, qui leur font particulières, par lefquelles, ils s’accrochent pendant
le tems de l’accouplement k~). Les poilfons du genre des rayes ont deux
ouvertures /) pour le paffage des petits;||au lieu que les autres, ainfi
que les oifeaux, n’en ont qu’un pour le paffage des oeufs 772). Tous les
cartilagineux ont en même tems de gros & de petits oeufs. Les plus bas
fortent les premiers; ce qui fait que les poiffons de cette clalfe s’accouplent
& frayent plufieurs fois par mois. Pendant que les oeufs fupérieurs font
fécondés, les inférieurs parviennent à leur maturité 72). La fuperfétation
a aufli lieu dans ces poilfons. Dans les .cartilagineux, les mâles ne
difperfent point la femence, ni les femelles leurs oeufs o). Ils ne
multiplient pas beaucoup. Quand le tems de la naiffance approche, ils vont
vers les côtes, pour y chercher une eau plus chaude, & y procurer une
retraite plus fure à leur poftérité pi). Tous les poilfons cartilagineux font
vivipares y). La raye naît avec une peau ; au lieu que le requin, n’en a
point: car dans celui-ci, l’oeuf crève dans la mère; & dans la première
au dehors r).
Chez les rayes & les requins, on trouve deux appendices près de
l’anus, que les ichtyologiftes modernes r ) ont pris pour des membres
de génération; mais les obfervations que j’ai fait là-deffus prouvent le
contraire, comme on va le voir : Linné foutient même, que parmi les
amphibies nageans, tous les mâles font pourvus d’un double membre de
génération t). Cette alfertion eft fauffe dans toutes ces parties; car quand
on fuppoferoit que lefdits appendices font réellement des membres de
génération, il n’y a cependant que les rayes & les requins qui en foient
pourvus. Il y a longtems que j’ai penfé qu’il n’étoit pas probable que la
i ) Penn. B. Z. III. p. 83-
k ) H. A. lib. 5. c. 3. 5 .1. 6. c. 11.
I ) VulvtC bifurcatx.
m) Lib. 6. cap. 10.
ri) 6 . — 11.
o) De générât, lib. 3. c. 7.
p ) Lib. 6. cap. 11.
ÿ ) H. A. lib. a. c. 13. De générât, lib. 3. c. 11.
r ) Lib. 6. Cap. 10.
s ) Linn. S. N. p. 895'
t ) Au livre cité, p. 348.