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Ray l’a fidèlement copié r). Schoneveld, médecin à Kiel, les fait naître
fous la peau de l’éperlan, de la morue, & de quelques autres poiffons u).
Ce font des animaux alfez femblables aux anguilles qui ont trompé ces
deux auteurs. Le premier prend des fangfues pour des jeunes anguilles.
J’ai trouvé ces animaux, non feulement dans les ouïes, mais auifi dans le
palais de plufieurs autres poiffons de rivière. Le fécond a pris pour des
jeunes anguilles les gordins d’harengs x ) , que l’on trouve fouvent dans
les poiffons de mer. D’autres encore ont fait naître les anguilles de l’eau
claire, fans le concours d’aucune femençe y"). Les pêcheurs de Sardaigne
croient que l’anguille naît d’un marbot .aquatique : voilà pourquoi ils la
nomment pi marna. de p is umbiddcis p). Allen rapporte quil a trouvé des
oeufs dans une anguille, & fix petits dans un autre; mais comme il dit
qu’ils étoient dans le canal inteftinal, Mr. Dole a raifon d’obferver, que cet
endroit ferait contraire au procédé général de la nature, qui ne met point
les oeufs ni les petits dans un canal où le paffage de la nourriture pourrait
leur caufer du dommage a). Sans doute que les anguilles qu’il a obfervées,
avoient avalé des oeufs, & les prétendus petits étoient des petits vers ¿).
Willughby eft le premier qui avoua franchement que la génération
des anguilles étoit inconnue c). Mr. lé doéïeur Elmer affurè au contraire,
qu’une anguille a rendu plufieurs petits vivans, enfermés dans des petites
vefiies d'). Charleton affure la même chofe, & prétend avoir trouvé onze
petits dans la matrice d’une anguille e). Dans la fuite, Mr. Fahlberg vit
au mois de Février 1750, dans une anguille encore vivante, un petit à
moitié forti par le trou ombilical. Il l’ouvrit, & trouva dans la matrice
quarante autre petits, qu’il mit dans de l’eau; & ils s’y remuèrent pendant
fix heures de la même manière que les anguilles / ) . Birckholti rapporte
aufG que les vieux pêcheurs expérimentés, en Juin & Juillet, faifoient
fortir du corps des anguilles vivantes, en leur preffant le ventre, & que
lui-même en avoit vu enfuite aulfi dans le corps des mères g ). Plufieurs
vieux pêcheurs expérimentés de ce pays, m’ont alluré auffi, que fi, dans
ce tems, on preffe une anguille-mère, les petits en fortent fous la forme
de ferpents très-petits & très-déliés, & qu’ils ont auffi fouvent remarqué
t ) Synopf. Pifc. p. 37.
il) Ichch. p. i l .
x ) Voyez ma DiiTertation fur les vers des in-
teftins. p. 33. tab. g,, fig. 7'— 10*
y ) Schwenckfeld, Theriotr. p. 416.
7 ) Cçtti. Sard. III. p. 8*-
a) Phylof. Tranf. Abridged. Vol. II. p. 833*
b) Voyez ma Diilèrt. p. 34.
■ c) Ichth. p. 111.
d) Ephem. Nat. Cur. P. I. p. 119,
e ) Onomaft. p. 154.
f ) Schwed. Abhandl, Tom. ÏI. p. aoo.
g ) Ghurmarck. p. 4.
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des petites anguilles, quand leurs bateaux troués font fi pleins de greffes
anguilles, qu’elles fe preffent les unes fur les autres.
Gefner eft le premier qui ait dit que l’anguille étoit vivipare, & il
s’appuyoit fur le témoignage de deux pêcheurs expérimentés, qui avoient
vu fortir d’une groffe anguille une quantité de petites de la longueur de
trois pouces /z)ï Cetti affure auffi que l’anguille eft vivipare z ÿ 31
J’ai demandé à plufieurs de mes amis du dehors quelques obfervations
fur la génération des anguilles; & voici ce qulls me mandent.
Mr.de Buggenhagen, de Buggenhagen en Poméranie fuédoife, m’écrit:
“ Après le frai de la brème, difent'les pêcheurs, on trouve, les
„ anguilles en grandes troupes, & ils croient que c’eft alors qu’elles
„ s’attroupent. Mr. de Blandow, mon voifin, qui demeure à Jamitzow,
„ prit quelque items avant la fenaifon une angqille, qui étoit d’une groffeur
„ extraordinaire. Le cuifinier en l’apprêtant, trouva dans fon corps une
„ quantité de vers; de foite qu’il la montra à fon maître, en lui difant,
„ qu’on ne pouvoit la manger. M. de Blandow obferva ces petits vers au
„ microfcope, & il trouva que c’étoit exactement des petites anguilles,
„ dont quelques-unes étoient à peine greffes comme un fil; d'autres, un
„ peu davantage, & qui fe remuoient déjà vivement dans le ventre de leur
„ mère”. Mr. le confeiller Heim, qui demeure à préfent à Berlin, m’écrivit
de Spandow ce qui fuit: “ Tous les pêcheurs s’accordent à dire que
„ l’anguille fait des petits. Hier encore j ’ai été chez plufieurs, pour m’en
„ informer, & j ’ai appris une chofe qui mérite d’être rapportée : On
„ prit un jour une groffe anguille, & on la mit auffitôt dans le bateau.,
„ Quelque tems après les pêcheurs, à leur grand étonnement, virent un
„ nombre affez grand de petites anguilles , qui n’étoient pas encore à
„ beaucoup près auffi grandes que des fangfues, & aucun des pêcheurs
„ ne douta que ce ne fuffent des petits fortis de la groffe”.
Beckmann raconte auffi que les pêcheurs de Writzen prétendent qu'ils
ont remarqué dans une groffe anguille des petits auffi pfinces qu’un fil fin,
& longs comme deux phalanges Æ).
Mr. Millier., célèbre naturalifte de Coppenhague, affure qu’il a trouvé
des oeufs dans quatre anguilles /)• Les ovaires étoient de la longueur
d’un pouce; ils étoient remplis d’oeufs de différente groffeur, & placés prés
de la véficule aérienne & des reins. Ces oeufs n’écloroient-ils point dans
le ventre de la mère, comme cela arrive dans la lote vivipare?
h) Aquat. p. 44.
i ) Sard. III. p. 62. .
i ) Churmark. Tom. II. p. 5. 31.
I ) Schrift, der Gefellfch. naturforich, Freunde.
Tom. I. p. 104,