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par en bas, avec une bordure noire; celles de l’anus & du dos font brunes,
& celle de la queue eft noire.
Le diable de mer habite non-feulement là mer du Nord, mais encore
l’Océan feptentrional & méridional, & la mer Méditerranée. J’en ai reçu
divers de Hambourg fous le nom de Seewolf. Un d’eux avoir deux pieds
neuf pouces de long; & ce n’eft pas encore un des plus grands; car
Pontoppidan en, poffédoit un de trois aunes ' & demie /)•, ; & Linné en
décrit un qui étoit auffi épais qu’un homme g ). Quoique le diable de
mer paroiife être dangereux pour les autres poiffons, il ne fait pourtant
pas grand tort à la pêche': car comme ij eft mauvais nageur, probablement
à caufe de la groffeur de fa tète, il ne s'empare de fa proie que par rufe.
Il fe cache dans.les plantes marines, derrière les monticules de fable,
les pierres & les ,rochers, ouvre la gueule,. & épie les poiffons qui
paffent auprès de lui, en faifant jouer fes houppes. Les poiffons, qui les
prennent pour des vers, s’en approchent avec confiance, & né font
effrayés ni par la couleur fale du poiffon, qu’ils prennent pour un morceau
de terre, ni par la gueule ouverte, qu’ils prennent pour un trou ; &
lorfqu’ils croient attrapper les prétendus ve rs, le poiffon vorace les faifit
fans peine. C’eft encore ici le cas-d’admirer la fage difpofîtion du Créateur.
Ce poiffon, qui nage mal, mourroit bientôt faute de nourriture, s’il n’avoit
pas ces eipèces de lignes, & outre cela des pieds pour s’arrêter & réfifter
à la violence des flots. Or, comme il vit feul dans des lipux inacceffibles,
il eft difficile de le prendre. Les pêcheurs anglois, qui croient qu’il eft
ennemi du requin, & qu’il le vainq, le rejettent dans la mer quand ils
l’ont pris A). Le . diable de mer eft au nombre des poiffons qui fe
reproduifent par les oeufs, & qui croiffent promptement quandrils ont une
bonne nourriture. D’ailleurs, ils ne multiplient pas confidérablement.
Quand ce poiffon eft cuit, fa chair eft blanche; & on dit qu’elle a le goût
femblable à celui de la grenouille z).
Le coeur n’eft pas fort gros ; mais l’oreillette, qui a un bord fait comme
un peigne, eft trois fois plus grande que le coeur même, & la bourfe qui
le renferme eft forte. Le foie eft gros & d’un jaune pâle; il eft compofé
de deux lobes. La véficule du fiel eft petite, & fon canal eft long.
L’eftomac eft grand; le canal inteftinal long, & forme plufieurs. tours. A
fon commencement, on remarque deux appendices. La rate eft arrondie.
Les reins font rougeâtres & doubles. Les uretères font terminés par une
large velïïe. L’ovaire & la laite font doubles. .
Norw. Tom. IL p. a8&"- > ■ . Ecnn. B. Z. III. p. n i .
g ) Reife nach Schonen. p. 179. i ) W'illughb. Icht. p. 85.
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Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme :
Seeteufel, Frofcherfifch, en Aile- Diable de mer, grenouille de mer,
magne.. ;' ,' ;■% - . y; y. ■ en Fran ceç z
Seewolf, à Heiligeland. ., , Baudreuil, à Marfeille;
Zee-Duyvel, Hoofenbeek, en Hol- Pefcheteau, à Montpellier,
lande. . . i. .EmxqffyepffLen Portugal.
U lk, Breedflab, en Datinemarc. Diavolo di mare, Marino Pefca-
. Steen-Ulke, Hav-Sae, Hav-Taske, tore, en Italie,
en Norvège. Martina Pifiacore, à Rome.
Marhunter, en Islande. Rojpus-Fish, à V.énife. -
Toad, F r o g -F ish , S ea -D iv el, Pefce Pefcàto're, à Gènes.'
Monk, Naß., Devil-Fisk, Fishing- Zatto, en Lombardie.
Frog, en Angleterre. .Lamica, en Sicile:
Arifioie qui, outre les rayes & les requins, ne conno'iffoit d’autres
poiffons cartilagineux que le diable de mer & Xeflurgeon, cherche la ràifoh
pour laquelle les petits n’éclofent pas dans le corps; parce qu’il penfe que la
groffeur de la tête & les pointes dont elle eft hériffée empêchent le poiffoq
de fortir & d’entrer dans la matrice a'). Mais comme dans les poiffons
cartilagineux tout eft mol & flexible, la groffeur de la tète n’empêcherpit
point le paffage du petit: car, comme nous l’avons remarqué, il eft auffi
impoifible dans les poiffons à petites têtes que dans les autres, que les
poiffons rentrent dans la matrice.
Mr. Montin croit avoir découvert une nouvelle elpèce de diable de
mer V). Mais quand on comparé attentivement fa defcription avec celle
de notre poiffon, on trouve qu’il avoit fous les yeux le diable de mer,
connu depuis longtems.
Bellon regarde les nageoires ventrales de notre poiffon comme des
pieds, dont il prétend qu’il fe fert pour marcher dans le fond de la mer,
comme la grenouille de fes pattes dans les marécages c). Mais pour-être
propres' à cet ufage, il faudrait qu’elles fuffent plus longues & qu’elles '
euffent des articulations.
Rondçlet critique, avec rqifpn le, deffm de Bellon; mais le. fien ne
vaut guère mieux: car il donne la figure d’un éventail aux nageoires
peétorales & ventrales z/).
à) Générât. Iib. 3. cap. 3 ........................ c ) Aquat.. p. 8<$.
b) Sckwed. AbkandL IV. p. 165. tab. 74. ‘ d) Hift. desPoifl! P. L p. 188*
Part. III. V