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cachent dans la bourbe ou dans le fable. Ils vivent d’écrévilfes, de homars,
coquillages, efcargots, plies & autres animaux qu’ils peuvent attraper. Ils
font même dangereux pour l’homme. Selon Oppian, ils s’attachent à
un individu, & le rongent jufqu’à ce qu’il foit mort a). Les hiftoriens
modernes , tels qu'Ulloa b'), l’abbé Rayrwï & d’autres, confirment cette
opinion, avec la feule différence qu’ils difent, qu’ils font mourir les
plongeurs, en les prelfant avec leurs corps, ou les étouffent, en
s’entortillant autour d’eux. Voilà pourquoi les plongeurs ont toujours un
grand couteau attaché à la main, avec lequel ils fendent le ventre au
poiffon dès qu’il veut les approcher. Ces poilfons deviennent fort gros:
on en trouve qui pèfent, depuis cent jufqu’à deux cents livres c). On les
prend à l’hameçon, & on emploie pour appât des harengs ou d’autres
poilfons peu eftimés. On les prend aulfi avec des javelots, comme les
flétans. Ces poilfons ont une odeur défagréable en fortant de la mer; mais
ils la perdent au bout de quelques jours. Arijiote a déjà fait mention de
la rhinobate d') de la pajlemque «)., de l’aigle-poijjbn f ') , de la raye
cendrée g~), de la raye lijfe h) & de la raye tremblante z). Bellon nous a
fait connoître la raye bouclée F) & le miraillet /); & Rondelet le foulon m),
Ce font ces neuf efpèces que Linné admet dans fon Syftême. Marcgraf
en a auiîi décrit trois du Brélil n). Les ichtyologiftes en rapportent, à la
vérité, un bien plus grand nombre; mais les caraétères diftinétifs qu’ils
tirent d’une petite variété de piquants, de taches & de couleurs, font
trop accidentels, pour qu’on puilfe les regarder comme des fondemens
fuffifans pour déterminer ces efpèces. Les taches rondes & blanches
viennent alfez fouvent des piquants qui font ; tombés. Ces apparences
accidentelles & la grande différence que les efpèces ont entr’elles, les ont
faites multiplier fans nécelfité. Ainfi Rondelet compte vingt efpèces o); en
quoi il a été imité par les ichtyologiftes qui l’ont fuivi. En général, il y a
tant de confufion dans les auteurs par rapport aux poilfons de ce genre,
que le pénétrant Artédi, lui-même, n’a pu s’y reconnoître, comme on
peut le voir par le grand nombre de queftions qu’il fait, & par la quantité
de variétés qu’il admet. Parmi les dix efpèces qu’il compte, la paflenaque
vient
a) Hattict. p. 0.40. i ) — Torpédo. L.
b) Nachrichc von Amerika. Tom. I. p. ai£; k ) — Clavata. L.
c) Penn, B. Z. III. p. 8a. / ) <— Miraletus. L.
d) Raja Rhinoba'tos. L. tri) ~ Fullonica. L.
e ) Paftinaca. L. n) Aiereba, Jabebirete, Narimari. Hift. Pife*
f ) — Aquila. L. lib. 4. p. 175. Pifo. Hift. Nat. Ind. p. 53.
g ) -r- Bâtis. L 0) Hift. des PoiiT P. I. p. 265.187.
h) — Oxyrinchûs. L.
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vient fous deux numéros particuliers y ) . Linné les divife en deux clalfes: ‘
la première comprend ceux qui ont les dents ,aigues; & la fécondé, ceux
qui les ont émoulfées. Klein en fait quatre, genres; favoir, la torpille q '),
où il fait entrer les quatre elpèces de rayes tremblantes de Rondelet; la
rhinobate r ) , où il compte deüx elpèces; la raye liffê s f, où il en compte
dix, & la raye bouclée t ) , où il en, compte quatorze, De forte que chez
lui le nombre des efpèces monte à trente.
Dans les tems modernes, Gronov ,zz) & Mr. Pennant x ) , nous ont
fait connoître chacun une nouvelle efpèce, & Forskaol dix y ). De toutes
ces efpèces, il n’y.en a que neuf que nous trouvions dans nos contrées,
& je vais les décrire.
p ) Syn. p. i<||£ n. 3. 4.
q) Narcacion. Miiïi Pifc. III.' p. 31.
r ) • RhinoBatus.— — f i^ p .g a .
s ) Leiobatus. . — — — p. g*.-
. i ^Pafybatus. — — p. 34.
u) Zooph.^p: 25. n. 15a,
x ) Shagreen. B. Z. III. p. 87.
y ) Raja omm es £cherit, R. Arnak, R. Trajara,
R. Schoukie, R. Mulà, R. Lymna, R. Sèphen,
R. Uârnak, R. Halavi, R. Djiddenfis. Defcript.
Anim. d.EX. 17.
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