requins n’ont pas, comme les philandres, une bourfe, ni des mamelles
pour allaiter leurs petits.
Les oeufs des requins, lorfqu’ils font près d’éclorre, ont une enveloppe
quarrée, comme ceux des rayes, avec la feule différence, qu’au lieu des
quatre cornes de ces derniers, les premiers ont autant de longs fillets
coriaces, comme on le peut voir par les deffins que Bellon g ) , Rondelet K)
& d’autres nous ont donnés. Ces poiffons aiment à fuivre les navires,
pour attrapper les corps morts que l’on jette dans la mer. Ils avalent tout
ce qu’on y jette : voilà pourquoi on trouve quelquefois dans leur eftomac
du fer, du bois, & d’autres corps femblables. Ils font aufii dangereux
pour les hommes quand ils tombent par malheur dans l’eau. Dans prefque
tous les voyages, on parle des malheureux qui ont péri par la dent de
;çes animaux.
Ces poiffons, à l’exception de quelques-uns, ont au lieu d’écailles, le
corps couvert .de pointes tendres, qui rendent leur peau rude au toucher,
& qui jettent de la lumière pendant la nuit i). Quelques-uns ont, outre
■cela, quelques groffes pointes fur le dos. Tous ont des nageoires à la
poitrine, au dos, au ventre & à la queue; mais peu ont la nageoire de
l’anus. Les mâles ont près du nombril deux appendices ou pieds, comme
les rayes, avec la feule différence qu’ils ne font pas compofés de tant d’os.
On trouve les requins dans prefque toutes les mers, & particulièrement
fous l’Equateur, l’Océan méridional & feptentrional. Ces poiffons ne
paroiffent que rarement dans la mer Baltique ; mais -on en trouve
quelques efpèces en très-grand nombre dans celle du Nord. On pêche
les requins avec des grands crochets ou hameçons, qui font attachés 1
une chaîne de fer; car ils auroient bientôt coupé une corde d’un coup
de dent. Le meilleur appât eft un morceau de viande pourrie. Les
Groenlandois en prennent en quantité, fur-tout en hiver, par le moyen
des trous qu’ils font dans la glace. Ces trous les attirent, foit pourrelpirer
l’air, foit pour fe jetter fur les poiffons qui y viennent pour la même raifon.
Les requins ont la chair dure & de mauvais goût. Il n’y a que quelques
peuples du Nord qui en mangent, par néceffité; mais feulement les jeunes.
Ils mangent généralement le jaune des oeufs, malgré leur mauvaife odeur.
On prend ces poiffons pour avoir leur peau & leur foie. La peau fert à
nos artiftes pour polir leurs ouvrages; & les Norvégiens s’en fervent en
guife de cuir. On tire du foie une huile qui eft très-graffe & très-bonne.
Dans un poiffon de dix-huit à vingt pieds, le foie fournit ordinairement
g ) Aquat. p. 6g. > ft) H. desPoilL P. I. p.
i) Linn. S. N. p. 389.
deux ou deux & demie tonnes d’huile k). Ces poiffons parviennent à une
groffeur monftrueufe. Selon Pontoppidan t ) , il y en a de huit à dix braffes
de long; & félon Gunner ni), de douze. Zorndràger les compare avec un
petit vaiffeau dont on fe fert ett Norvège & à Mofcou n). Un feul poiffon
de cette groffeur a donné fept tonnes & demie d’huile. Rondelet parle
d’un requin de mille livres, & Gillius d’un autre de quatre mille o).
Arijlote connoiffoit la fcie p ) , le lémifole q) , ïaguillat r ), le porc s ),
l’ange de mer t ) , le marteau u ) , le milandre x ) , la roujfette tigrée y ) ,
le cagnot bleu 7 ) , l’amie a ) & le renctrd b) . Enfuite, Bellon nous fit
connoître la roujfette c ) , & réunit le premier ces poiffons en un genre,
fous le nom de cartilagineux vivipares d ) , où il compte douze efpèces.
Il met, comme les autres ichtyologiftes, l'ange de mer au nombre des
cartilagineux plats. Bientôt après, Rondelet nous fit connoître le requin
étoilé e) ; kPillughby le requin noir f ) , & Marcgraf petit marteau 'g ).
Artédi, qui ne regarde point comme des efpèces particulières le malta de
Rondelet, le cucur & le marteau de Marcgraf h ) , & qui compte avec
raifon parmi les requins l’ange de mer, que les ichtyologiftes ont mis
jufqu’à préfentau nombre des rayes, ne donne que quatorzè efpèces à ce
genre. Linné, qui omet lé renard, & qui prend en revanche le marteau
de Marcgraf, & le grand requin i ) que Gunner a décrit, compte
quinze efpèces. Parmi les naturaliftes modernes, Séba k ) , G fo n o v l),
Mr. Briinniche n i), Borlacen) & Mr. Pennant o ) , nous ont fait connoître
chacun une efpèce, & Forskaol deux p ). De toutes ces elpèces, on n’en
trouve que deux dans nos contrées, que.je vais décrire ici.
k) Pontopp. Norw. Tom. IL p. a i 8. b) Vulpes. Artêd. Syn. p. 96. n. g.
1 ) Au lieu cité. c ) Squatulus Catulus. L.
m) Schrifc. derDronth. Gefellfch. Tom.II.p.37. d ) Aquat. p. 73.
n) Groenl. Fifcherey. p. 344. t ) Squalus Stellatus. L.
0) Voyez Rayy Synopf. Pifc. p. ig . f" ) ” §£ ■ Spinax. L.
p ) Squalus Priftis. L. g) -— Tiburo. L.
q) — Muftelus. L. , h ) Brafil. p. 164. 181.
r ) — Acanthias. L. i ) Squalus maximus. L.
s Ÿ — Centrina. L. k ) Thefaur. III. p. 35.
t ) — Squàtinâ. L. / ) Muí! I. p. <5i; n .j3 3 .
fa) — Zygæna. L. m) Squalus edentulus. Pifc. Ma ffl p.
x ) — Galeus. L. n) Porgeagle. Cornval. p. a6j.
yy — Canícula. L. 0) Beaùmaris. B. Z. III. p. 118.
7 )• —• Glaucus. L. p ) MaiTafa & Kumal, Defcr. Ànim.
ay — Carcharías. L.