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effrayante de fon piquant. Ælien a') & Pline b') difent, que lorfqu’une
perfonne en eft bleffée, elle eft perdue fans relfource. Le premier raconte,
qu’un voleur, qui avoit pris un de ces poiffons, croyant que c’étoit une
plie, en fut blelfé & tomba mort .auprès du poilïbn c). C’elt fans doute
d après ce conte que 1 on a donné au fils de Circé un de ces piquants en
guife de poignard, pour tuer plus fûrement ULyJfèTon père. Aujourd’hui,
les peuples de l’Amérique s’en fervent en guife de flèches. Selon Ælien,
fa piqûre fait mourir un arbre cQ. Oppian prétend que fon venin ronge
les rochers e). Gronov poffédoit un de ces piquants, qui avoit quatre
pouces de long f ) .
Les pêcheurs de Heiligeland, au contraire, n’en ont point peur g ) ;
& ceux du Japon le regardent comme le remède le plus fouverain contre
la moi fuie du ferpent, quand on en frotte la plaie. Dans ce deffin, ils en
poitent toujours fur eux h'). Mais pour que ce piquant ait cette propriété,
il faut qu il ait été coupé fur l’animal pendant qu’il ëtoit vivant.
Les anciens médecins & ichtyologiftes, penfent cependant que le
venin de cette pointe n’eft pas fans remède. Diofcorid.es. i) , Rondelet A)
& ceux qui font venus enfuite, indiquent plufieurs remèdes contre fa
bleffuie. Les naturalilles modernes, & Linné /) lui-même, croient aulfi
que la piqûre'de cette pointe eft venimeufe. Mais je crois qu’elle ne l’eft
pas plus que celle de la vive, & que cette opinion n’a d’autre fondement
que les caufes dont j ai déjà parlé rn). Cette pointe fert au poilfon non-
feulement d’arme défenfive, mais aulfi il en biclfe les poiffons, pour s’en
emparer enfuite plus aifément, & les manger. Selon Pline ; il s’en fert
même pour attaquer le requin ra).
On trouve ce poilfon dans, prefque toutes les mers de l’Europe, de
l’Orient & de l’Amérique. J’en ai reçu de Hambourg plufieurs, qui font
de la grofleur indiquée fur la planche ; mais il y en a cependant de
beaucoup plus gros. Salvien en a vu qui pefoient dix livres e ) ; &
comme Pline donne cinq pouces de longueur à fa pointe p ) , il faut qu’il
y en ait de plus gros encore. On pêche ce poilfon de la même manière
que le précédent; & il le reifemble dans la qualité de la chair, la bonté
du foie, la nourriture, & les parties intérieures.
a) Lib. 1 3 . cap. 7. Jtâmi/ fapan. p. ï j j . '
■ Î ) H. N.Uib. 9. cap. 48. ¿j. De Simpl. Iib. 3. cap, 3.3.
c ) Au lieu âté. Hiit. des Poiff P. I. p. 265.
L‘b’ I3 ; “ P‘ 5’ 6' 0 S. N. p. 39b. n. 7. '
e ) Non corpus folum mortalis Capit ijla lucs.fid m) Voyez la fécondé Partie, p. 1 3 1 .
faxa pbcdit. EUioa!. p. « g . , n) N. H. lib. 9, cap. 48.
/ ) Zooph. p. 37. n. i jg . „ j Aqntfc p. 144. b.
g ) Sctohcr. Ichc. v. 58. p ) N. H à ffî& c ap . 48.
D m >z a P A csL t e n a q. v e .
Ce poilfon eft connu fous différens noms. On le nomme :
Stechroche, gröne Töpel, en Alle^ Vaflrango, ou Beefiango, en Pro.
magne.
Pylftaart, en Hollande.
Rokkel, en Dannemarc.
Fire-Flaire, Fiere-Flair, en Angleterre.
Paflenade de mer, Tourterelle, Ou
Tarre ronde, en France;
vence.
Brucho, ou Brucco, à Rome.
Ferrara, Cuccio, à Gênes.
Aliavela, à Naples.
Baflonaga, en Sicile.
G ai, au Japon.
Lancienne pointe, qui refte encore lorfque la nouvelle ne vient que
de pouffer, ont engagé Aldrovand q ) , Willughby r ), Ray j ) p & même
Artidi t ) & Klein u') à en faire une efpèce particulière, & Linné v)
une variété.
Bellon eft le premier qui nous a donné un deffin de ce poilfon v ) . La
pajletiaque rude, y ) dont parle cet auteur, n’a point été remarquée depuis,
fi ce n’eft par Gefner, qui n’en repréfente que la queue f ) , & par
Aldrovand, qui a ajouté une tête fans tronc a).
q ) De Pife. p. 416. 417.
r ) Ichth. p. <57. 6.8.
s ) Syn. Pifc. p. 34.-n.' a. 3.
t ) Syn. p. 10p. n. 3. 4.
u) Mifli Pife. III. p. 33. n. 5. p. 34. n. 9.
y) S. N. p. 896. n. 7.
x ) Aquat. p. 97.
y ) Paftinaca aipera. Au livre cité, p. 94.
l ) Thiérb. p. 97. £. Icon. Ahiiti. p. 123.
a ) De Pifc. p. 427.