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font donc pas plus de vingt à vingt-quatre lieues, & il lui faut trois ou
quatre mois pour les faire.
L'illanken eft un beau poiffon d’un bleu foncé fur le dos & d’un bleu
clair jufqu’à la ligne latérale. Au - deffous de cette ligne, il eft d’un
blanc argentin. Ses écailles font petites, quoiqu’il foit d’une groffeur affez
confidérable. La tête eft proportionnée avec le corps, en quoi il diffère
du faumon, qui a la tête petite. Dès la fécondé année, la mâchoire
inférieure finit en crochet émouffé, & alors on l’appelle déjà rheinanken,
inlanken, ou illanken h ), quoiquliLait à peine un demi-pied de longueur.
Gefner fe trompe lorfqu’il croit que le crochet de la mâchoire inférieure
ne vient que lorfque le poiffon a pris fon accroiffement, ou qu’il entre dans
le Rhin. Il a dix rayons à la membrane des ouïes; quatorze aux nageoires
peétorales; onze à celles du ventre; douze à celle de l’anus, vingt-un à
celle de la queue, & douze à celle du dos. La tête eft cunéiforme, &
proportionnée au refte du corps, comme nous venons de le dire: car dans
le poiffon que j’ai obfervé, la tête pefoit trois livres & demie. On voit
aux deux mâchoires des dents recourbées & pointues, dont la plupart font
mobiles : il y en a deux rangées à la mâchoire fupérieure. Le palais,
la bouche & la langue en font auffi garnis. Le front & les joues font d’un
noir grifâtre marbré; au-deffus du nez, il eft noirâtre ; de chaque côté;
il a deux narines, ou plutôt la narine eft divifée en deux parties par une
cloifon membraneufe; de forte qu’on diroit qu’il y a deux narines de
chaque côté. Les yeux font grands : chacun d’eux à douze lignes de
diamètre. L’iris eft tout-à-fait argentin, & la prunelle noire. Le dos eft
d’un bleu foncé ;,les côtés font d’un bleu pâle jufqu’à'la ligne (latérale, &
argentins au-deffous. On voit çà & là, lur-tout vers la queue, des taches
noires, allongées, & de figures inégales, qui ne font point fur un fond
clair; car fi l’on n’eft pas bien près du poiffon, on a de la peine à les
appercevoir. On ne voit fur tout le corps ni taches rouges, ni points. Les
nageoires ont des rayons forts à plufieurs ramifications, & la plupart ont
une couleur grife :. je dis la plupart, car celle du dos & de la queue font
bleues. La queue, qui a la forme d’une pelle, n’a qu’une très-petite
échancrure, & eft ordinairement terminée par un rebord noir. La nageoire
adipeufe eft forte, grande & épaiffe; elle eft auffi fans taches, noirâtre
feulement aux côtés, grifâtre par-tout ailleurs.
Le vrai illanken doit avoir des taches noires, irrégulières & difperfées
çà & là, & la mâchoire inférieure doit avoir un fort crochet qui n’avance
point
è ) Gefner. Aquat. p. 974.
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point fur la fupérieure. Si ce .poiffon pouvoit aller en pleine mer, il
reffembleroit plus au faumon que tous les autres poiffons; mais il ne
peut y aller, à caufe de la grande cafcade du Rhinigqui eft près de
Schafhoufe, qu’aucun poiffon ne fauroit franchir ; & toutes les fois que
le faumon a tâché de le faire, fes efforts ont été inutiles. G illanken fe
tient pendant l’hiver dans les profondeurs du lac de Confiance.; Au
printems, dès que la glace eft fondue, il entre dans le vieux Rhin, près
de Rheiriegg & de Rhemthal. Mais comme le Rhin en fe jettant dans le
lac, a un fond de, cailloux, & coule avec rapidité, le poiffon s’y arrête
affez longtems, avant que d’arriver feulement à Gaijau, endroit qui n’eft
pas fort éloigné du lac, & qui eft fur le vieux Rhin. De Gaifau à Lujlnau, il
y a deux petites lieues, & il lui faut dix jours pour faire ce chemin. Une
chofe qui prouve encore qu’il nage très-lentement, & qui a été confirmée
par des pêcheurs dignes de foi, c’eft que lorfqu’il eft au-deffous du village
de Lujlnau, & qu’on en a déjà pris quelques - uns, les . pêcheurs qui
demeurent au haut du village, n’en voient que vingt-quatre heures après.
De-là, il nage lentement vers Bauern & Schmidten, où on le guette de
nouveau. Ce qui échappe, va jufqu’à Feldkirch, & entre dans la rivière
d’///, qui baigne, ce village, d’où il prend le nom d’illanken. Il fraie
principalement dans cette rivière. Les mâles n’entrent pas d’abord dans
1’///,- ils fe tiennent au confluent de cette rivière & du Rhin, & attendent
un tems fèrein & un beau clair de lune. Alors ils entrent auffi dans cette
rivière, & fécondent les oeufs. De forte que lorfque l’automne eft pluvieux,
& le tems longtems fombre, il y a beaucoup d’oeufs perdus. Les illanken
vont quelquefois jufqu’à Coire dans les Grifons, & même jufqu’à Bheinwald,
à quelques lieues au-deffus de Coire. De Confiance à Bheinwald, il y a
vingt-quatre lieues.
L‘illanken ne nage pas fi rapidement que le faumon. Selon Giejsler, le
dernier fait deux lieues dans l’efpace de vingt-quatre heures d). La raifon
pour laquelle Villankeri réfte fi longtems dans le Rhin, c’eft que lorfque
l’eau devient trouble, il appuyé fa queue contre une groffe pierre, en
plaçant fa tête contre le courant; ou bien il fe met entre deux pierres
près l’une de l’aurte, & s’y tient ferré jufqu’à ce que l’eau foit claire.
Lorfqu’il fait foleil & que l’eau eft limpide, ils fe jouent ordinairement
fur la furface. Du refte, ils fe tiennent toujours dans le fond. Dès que
ï illanken apperçoit le brochet fon ennemi, il fouille dans le fond, & trouble
l’eau, afin de n’en pas être apperçu. Ces mouvemens fe font fentir vers
la furface, & annoncent fa préfence aux pêcheurs qui le cherchent.
rt) Schwed. Abhandl. Tom. XIII. p. 113.
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