A U T R E A D D I T I O N A U G E N R E D E S C A R P E S .
XXX.
L A C A R P E A C , f , I R,
C y p r i s v s n u d v s.
La carpe fans écailles : Cyprmus alepidotus.
1—<A peau coriace, qui tient lieu d’écailles à ce poiiTon, eft un caraétère
qui le diftingue des autres efpèces de carpes.
J’ai déjà parlé plus haut d’une carpe nue a ). Dans la fuite j’ai reçu
une lettre de Mr. le Baron de Sierstorpff, de Breslau, dans laquelle il me
mande, qu’il polfède une eipèce de carpe, dont je n’ai point parlé dans
mon ouvrage, & que l’on nomme dans fon canton Lederkarpfen, (carpe
à cuir) nom qui lui a probablement été donné parce qu’elle n’a point
d’écailles & qu’elle eft couverte d’une efpèce de cuir brun. Il ajoute, que
quoique ces carpes foient aifez rares en Siléfie, il en avoit eu cependant
environ une trentaine de dilférente groifeur & de différens âges; mais
qu’elles s’étoient prefque toutes perdues, il y a quelques années, dans une
inondation qui avoit rompu les chauffées de fes étangs. Cette carpe
multiplie autant & croît aufîi promptement que la carpe ordinaire, & ne
lui cède en rien pour le goût.
Comme on trouve ce poiffon dans plufieurs endroits de la Siléfie, &
que le manque d’écailles le diftingue parfaitement des elpèces connues de
ce genre, je crois bien fane en le donnant pour une efpèce particulière.
D’ailleurs, comme dans tout le refte il reffemble exactement à mes carpes,
foitpour la forme extérieure, foit pour les barbillons, je crois qu’il feroit
fuperflu d’en donner ici un deffm particulier.
La lettre dont je parle, étoit accompagnée d’un deffm fait d’après un
de ces poiffons, dont la couleur étoit un peu plus claire, & fur le dos
duquel on appercevoit quelques écailles. Comme il fe trouve aufii des
reines de carpes dans le même étang, Mr. le Baron penfe que ce pourrait
être une efpèce bâtarde provenue de la reine des carpes & de la carpe à cuir.
a ) Voyez la première Partie, p. 90.
A U l ’R E A D D I T I O N . A Dr G E N R E D E S < S A U M O N S.
L' ï L L A N K E N.
S A. ,£ M O L A -.C. U S T R I .f. L< ■
J ’en étois ici de mon ouvrage lorfque mob mon ami, Mr. Wartniann,
médecin à St. Galle * m’envoya un Mémoire fur une efpèce de faumon
appellé illanken. Comme ce Mémoire contient l’hiftoire naturelle parfaite
d e ce poiffon, je vais le joindre ici. C’eft le falmo lacujlris de Linnç &
d’Arte'di ,• comme on le voit par les auteurs que cite Ge dernier à cette
occafion. On verra tant par les deflins que ces auteurs' en ont donné,
que par la defcription qui fuit, que ce poiffon reffemble au faumon, & que
ce que j ’ai dit plus haut, p. 134, n’eft pas fans fondement.
On eft fouvent induit en erreur, dit Mr. le Doéteur IVartmaYin
quand on lit les defcriptions de plufieurs auteurs fur un môme poiffon.
C’eft une chofe bien trompeufe dans les cas où l’on n’a pas les objets fous
les yeuX, que de copier les écrivains fans avoir , vu, obfervé & .examiné
foi-même. U faut toujours de la peine, du travail & de l’aétivité pour
découvrir & décrire une nouvelle produftion de la nature: il faut fe fervir
de fes propres mains, de fes propres yeux & non de ceux des autres,
pour enrichir l’hiftoire naturelle de quelque vérité nouvelle.
Il en eft ainfi de notre illanken : Gejher eft le premier qui en ait fait
mention, & il lui donne le nom de trutta lacujlris ¡z).
Ce poiffon qui eft gros, beau & de bon goût, forme une, efpèce
particulière. Il approche beaucoup plus du faumon que de la truite
faumonnée. Mais comme le faumon & la truite faumonnée fe trouvent
fucceffivement tantôt dans la mer, tantôt dans les fleuves, ou ils iraient,
& que ce font proprement des poiffons de mer, notre illanken ne
peut être mis au nombre ni du premier, ni de la fécondé. L'illanken
n’habite que les eaux douces. Il fait aufii des voyages pour frayer : il
paffe du lac de Confiance, dont les èaux font douces, dans le haut Rhin.
Il part au mois d’Avril, & revient dans le lac en Septembre, ou en
Oilobre, tems où il a fatisfait à la nature* 1 Ses plus grands voyages ne
a) Aquat. p. 971,