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V I N G T - N E U V I È M E GENRE .
L E S A I G U I L M E S.
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Si
A r t i c l e P r e m i e r .
Des Aiguilles en général.
Le corps ârticulé; le bec cylindrique : Pijces corpore articulato,
rojlro Jîibcylindrico.
Syngnathus. L im . S. N. Gen."i4i. p. 426. CrayraciojfiMilE Plie. IL p. 23. n. 52.
■----------- Artéd. Gen. 1. p. 1. Le Cheval marin. Goüan. Hift. des, PoiiE
; Gron. Muf. I. p. 1. Zooph.p.43. Gen. 51. p. 105. 211.
Solenoitomus. Klein. Miff Pifc. IV . p. 24. Nadelfifche. Millier. L. S. III. p. 339.
L e corps coniiftant en plufieurs articulations, & le bec cylindrique,
font les caractères diftinctifs des poiffons de ce genre.
Les aiguilles font de tous les poilfons ceux qui ont le corps le plus
mince & le plus long à proportion. C’eft fans doute parce qu’il eft terminé
d’un côté en une pointe émouffée .& de l’autre en une pointe aiguë, qu’on
leur a donné le nom qu’ils portent. La tête eft petite, armée d’un long
b e c , au bout duquel fe trouve l’ouverture de la bouche. La mâchoire
inférieure eft plus mobile que la fupérieure, & s’engrêne dans cette
dernière comme un couvercle dans une boîte. La bouche n’a ni dents ni
langue, & le palais eft uni. Les deux mâchoires font arquées vers le haut.
Les yeux font petits, & couverts de côté d’une peau mince. Les narines
font placées près des yeux & à peine vifibles. Les opercules des ouïes
font grands, à rayons, & attachés au tronc par une peau qui règne tout
autour. La membrane des ouïes eft tendre, placée à la gorge, & garnie
d’un à trois rayons. L’ouverture des ouïes eft cylindrique, très-petite,
& fe trouve à la nuque. Le tronc n’eft point couvert d’écailles, mais de
boucliers à plufieurs angles, & il n’a point de ligne latérale. L’anus eft
tantôt plus près dé la tête, tantôt plus près de la queue. Toutes les
nageoires font petites, tendres, & les rayons fimples.
Ces poilfons habitent l’Océan, la mer du Nord & la Baltique. On les
trouve ordinairement dans les fonds, près des côtes, où on les prend en
péchant d’autres poiffons.
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Au printems, on remarque que dans ces poiffons les boucliers, qui
font en bas vers la queue, tout près, & au-deffous de l’anus, fe baiffent
vers le milieu pendant qu’ils s’élèvent des deux côtés; de forte qu’ils
forment deux cloifons parallèles, entre lefquelles on apperçoit une quantité
d’oeufs, renfermés dans une véficule mince. Cette véficule eft formée par
le fac qui entoure l’ovaire ; & c’eft là que les petits fe développent de la
même manière que dans l'afcite a?Sv fis ont aufti cela de cômmun avec les
poiffons cartilagineux vivipares, avec cette petite différence, que Chez les
derniers les oeufs éclofent dans la matrice; au lieu que dans nos poiffons,
ils éclofent en dehors.
Cette difpofition paroît auffi néceffaire chez ces fortes d'animaux,
parce que leur corps étant couvert de boucliers, n’eft pas fufceptible de
s’étendre affez pour faciliter la croiffance des oeufs. Ils reffemblent eil
cela aux écréviffes, qui, à caufe des coquilles dures qui couvrent leur
corps, font éclorre leurs oeufs fous la queue. Rondelet fut le premier qui
fit cette obfervation ¿), Il trouva en automne les oeufs dans le corps, &
au printems, les petits dans la véficule. Selon Bellon, on diftingue lë
mâle de la femelle, en ce-que le premier eft quarré depuis la tête jufqu’au
nombril, & pentagone depuis le nombril jufqu’à la queue; au lieu que la
femelle eft hexagone jufqu’au nombril, & quarrée depuis le nombril.c).
Mais outre que les ichtyologiftes fuivans ne parlent point de cette
différence, on n’a point connu jufqu’ici le mâle de ces poiffons. Dans fix-
poiffons que j’ai ouverts, je n’ai point trouvé de laites, mais toujours des
oeufs. Cette cireonftance a fait douter à Mr. le profeffeur Pallas, qu’il y eut
des mâles dans ces efpéces eT) : car ayant eu occafion d’en examiner un
grand nombre, il trouva dans tous la véficule' pleine de petits vivans. II
croit par cette raifon que ces poiffons fe reprodnifent fans le concours d’un
mâle , & foupçonne que la génération & la perfeétion des nouveaux
germes s’opère dans les organes delà femelle, par la force & la continuité
du mouvement vital, fans le fecours d’aucune vertu mafculine, qu’on l’a
remarqué dans les pucerons & quelques phalènes é). Comme on trouve ces
poiffons en grande quantité dans quelques contrées de la mer, ils méritent
la peine qu’un naturalifte examine avec attention la manière dont fe
fait la fécondation & le développement de ces animaux. Ils font leurs
petits les uns après les autres, de même que les requins & les rayes ; car
a) Silurus. Afcita. Voy. la première Part, p.aoo. d) Spicileg. Zoolog. FaÎc, V III. p. 33.
£). Hift. des Poiff. P. I. p. aap. e ). Au lieu cité.
c ) Aquat. p. 447.
Part. I I I . B b