D e s R e q u i n s .
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V I N G T - C I N Q U I E M E G E N R E .
L E S R E Q ü I N S.: '
A r t i c l e P r e m i e r*
Des Requins en général.
Cinq ouvertures aux ouïes à chaque côté: Pifies Jpiraculis quinque
ad utrumque latus. • -
Squalus. Linn. S. N. Gen. 131. p. 397* Cartilaginei Iongî. Jonfi. p. 24.
Artéd. Gen. 44. p. 66. — vivipari. Bellùn. p. 58.
Gronov. Zooph. p. 31. Muill. p .60. Galei feu Muftelæ. Gejher. Aquac. p. 58.
Cynocephalos, Galeus, Ceftracion, Rhina. ;--------------- Aldrov. p. 379.
Klein. Miff. Pifc. HI. p. 5— 14. Chiens de nier. Rond. H. d.PoiiE IJ. I.p. 297.
Cartilaginéi longi. Willughb. p. 47. ' llh a rk . Penn. B. Z. III. Gen. 6. p. 98,
------------ — Ray. Synopf p. 23. Haayfifche. Müll. L . S. III. p. 254.
L» cinq ouveitures des ouïes, que l’on voit de chaque côté, font le
caraftère diftinctif des poiiïons de ce genre.
La tête eft terminée en pointe émoulfée. Les yeux font allongés1,
placés au fommet, & à moitié recouverts. Derrière, on apperçoit des
trous, qui fervent également à faire fortir l’eau de la bouche & des ouïes.
Les narines font doubles, avec une peau pliifée, comme dans les rayes,
qui les garnit en dedans, & une autre qui les recouvre. Les ouveitures
des ouïes ont une forme de croiffant. Le corps eft allongé, un peu
comprimé des deux côtés. Dans la plupart, la bouche eft en travers; dans
quelques-uns en oblong. L’ange de mer d) l’a en devant fur le bord. Ils ont
pluüeurs rangées de dents dentelées, pointues, tantôt immobiles, tantôt
mobiles, qui leur fervent à faifirleur proie avec plus de facilité. Cependant
faute de dents macheliêres, ils ne fauroient l’écrafer, & ils l’avalent comme
les autres poiifons. Depuis Pline V) jufqu’à Linné c ), on a cru, quelorfque
ces poiifons veulent attraper quelque chofe, ils font obligés auparavant de
fe retourner & de fe mettre fur le dos: mais je doute de ce fait, ainfl de ce
qu’on dit, qu’ils feroient une grande deftruétion parmi les autres poiifons, fi
leur
a) Squaliis Sqiiatina. L. mrafunt, talia&fupinarefiantur.KH.l.ÿ.c.i4.
i ) Voici ce qu’il en dit : Omnia autan carni- c) S. N. p. 393.
D u s R .m q if j 1 xr s. &
leur bouche ëtoit placée différemment. Je penfe qu’on peut à cet égard,
tirer des poiifons d’eau douce des conclurions applicables à ceux dont nous
parlons. Dr, le nafe, le barbeau, Vefiurgeon , 1e fterlet & le grand ejlurgeoh,
n’ont-ils pas la bouche en travers & au côté inférieur ? & cependant
on ne remarque jamais qu’ils fe tournent fur le dos pour manger. Le
brochet, la perche, la petite perche, le fandre & le fdure, ne font-ils pas
moins de ravage dans les eaux douces que ces poiifons de mer ? Nos
rivières font-elles pour cela défertes ? Pourquoi le diable de mer, qui eft
armé d’une gueule bien plus terrible, ne dépeuple-t-il pas la mer? Le
nombre des harengs, des fardelles & des morues a - t- il été diminué par la
quantité innombrable que les hommes en détruifent depuis plufieurs
fiècles ? Si le Créateur a fu par la quantité prodigiettfe d’oeufs qu’il a
donnés aux poiifons, fuppléer aux ravages de l’avidité des hommes, il
peut auffi fatisfaire cette avidité, lans caufer la deftraéMon des autres. Le
requin peut, en levant un peu la tête, & ayant la bouche ouverte, attraper
tout ce qui fe préfente devant & au-deffus de lui, fans qu’il ait befoin
pour cela de fe mettre fur le dos. D’ailleurs, la forme déliée de fon corps
le met à même de prendre dans l’eau toutes les fortes de poftures qui
font néceffaires, pour attrapper fa proie. Je ne crois pas non plus qu’il
foit vrai, comme le difent les Grecs d ), les Latins & quelques ichtyologiftes
modernes e ) , quils aient tant de tendrelfe pour leurs petits, qu’ils en
prennent un foin fi particulier, ni qu’ils les reçoivent dans leur matrice
dans un danger preffant. Je ne vois pas comment il feroit pofîible.que.cela
arrivât; car le trou ombilical eft trop petit pour qu’ils y puiffent entrer.
D’ailleurs, les parties, qui par leur contraétion & leur preffion forcent
la naiffance, telles que le diaphragme & les mufcles du ventre, .leur
en ferment l’entrée. Et puis, après la naiffance, tous Jes animaux fe
développent trop vite, pour qu’ils puiffent repafferpar le nombril de leur
mère, & être contenus dans la matrice. On ne trouvera un rapport plus
intime entre la mère & lès petits, que dans les animaux qui allaitent ou
qui couvent; car fans cela Jes petits ne pourroient pas vivre. Mais dans
les autres efpèces, la tendrelfe maternelle fe borne à dépofer leurs oeufs
ou leurs petits dans des endroits où 'ils peuvent trouver de ,1a nourriture.
Or, fi notre poiffon appartient à cette dernière claffe, & que le petit
trouve fa première nourriture dans le jaune rie l’oeuf, enfuite dans toutes
les contrées des eaux, e e penchant de la nature lèroit inutile. L ’exemple
du philandre, rapporté par Mr. Pennam f ~ ) , . ne peut convenir .ici; car les
d) Arifl. H. A. lib. i î . c. «a. I. 6. C.-IO.. Ælian. e ) Rond. Hift. des Poiff P .I .p . 303.
1. 1 . e. 1 6 .1. 9. Oppian. 1. 1. f) 'P en n . B. Z. III. p.JUU.
Part. I I I . R