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deffous. La langue eft dégagée & forte. Dans le gozier, on trouve quelques
os rudes. Les narines & les trous de l’ouïe, font près des yeux. Ces
derniers fontfaillans, & ont une prunelle noire, entourée d’un iris blanc
tirant fur le verd. L’opercule des ouïes confifte en deux petites plaques,
& l’ouverture des ouïes eft large. L ’épée & la tête font d’un bleu d’acier.
Le dos eft violet. Le ventre & les côtés font blancs au-delfous de la ligne;
& la ligne latérale, qui eft alfez près du dos, eft formée par des points
noirs allongés. Le tronc eft couvert d’une peau mince & tendre, fous
laquelle on trouve une membrane graiiTeufe & épaiffe. La nageoire du
dos eft brune; celle de la poitrine jaunâtre, & celles de l’anus & de la
queue jaunes. Les nageoires du dos & de l’anus, ont au commencement
& à la fin de longs rayons. Toutes les nageoires ont la figure d’une
faucille, excepté celle de la queue qui forme un croilfant
Nous trouvons ce poilfon dans la mer du Nord & dans la Baltique,
mais en petite quantité. En revanche, on le trouve en grande quantité
dans la Méditerranée. D habite fur-tout l’Océan méridional, dans les
profondeurs duquel il fe tient en pleine mer pendant l’hiver & en grande
quantité. Au printems, il va vers les côtes de Sicile, où il dépofe fur le»,
fond les oeufs qu’il pond en grande quantité. Cependant, à ce. que m’a
dit le célèbre Mr. chevalier Hamilton, on n’en voit paroître dans ces
contrées que de trois à quatre pieds de long. Les gros au contraire, qui
pèfent affez fouvent quatre à cinq cents livres, & qui ont dix-huit à vingt
pieds de long, vont vers les côtes de la Calabre, où ils n’arrivent qu’au
mois de Juin & Juillet. Pline avoit déjà remarqué que ce poilfon furpaffe
quelquefois le dauphin en groffeur a).
Divers écrivains parlent de l’empereur de mer, que l’on prend dans la
Baltique. Olearius b') & Schellhammer c ) , en décrivent chacun un des
environs du Holftein; Sckoneveld un du Mecklenbourg d) ; Mr. le doéteur
Wallbaum un des environs de Lübeck ; Mr. le profeffeur Kælpin un de
Creifswalde e ); Hanov j" ) & Klein g') un des environs de Danzig;
Hartmann un des environs de Pillau h) , & W u lf un des environs de
Koenigsberg z). Quelquefois auifi on en trouve dans la mer du Nord &
dans la Baltique qui ont une groffeur confidérable. Celui que décrit
Schoneveld étoit fi lourd, qu’on eut de la peine à le tirer à terre avec deux
forts
e ) SdWed. Abhandl. p. 7. tab. 1.
f ) Seltenh, der Natur. T. I. p. 468. T. III. p. 1 ai.
g) MilE Pifc. IV. p. 17.
h ) Ephem. Nat. Cur. Opp. ad ann. II. tec. III.
i ) Ichth. p. 11 .
a) Nat. Hift. lib. 9. cap. 15.
b) Gottorf. Kunftk. p. 40. tab. 23.
c ) Anat. Xiph. Pifc. Hamb. 1707. p. 24. avec
un mauvais deilin.
d ) Ichth. p. 35.
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forts chevaux Le corps avoit onze pieds de long fans l’épée, & l’épée en
avoit trois. Les yeux étoient auifi gros que des oeufs de poule, & la
nageoire delà queue avoit deux pieds de large E). Des quatre empereurs
que Mr. le profeffeur Kælpin a vus pendant fon féjour à Greifswalde
l’un àvoit à l’endroit le plus gros trois pieds & demi de circonférence;
l’épée avoit trois pieds & un quart de long, & l’animal entier dix pieds
& demi /). Klein m) parle d’un empereur de huit pieds, & Willughby
affure en avoir vu en Angleterre de fix aunes de long n).
Ces poiffons, à ce que me dit le chevalier Hamilton , s’avancent toujours
vers Meffme par paires, un mâle.& une femelle enfemble. Voici la manière
dont on les prend : Un homme placé en fentinelle fur un rocher avancé,
ou fur un mât élevé, épie l’arrivée de ces poiffons; dès qu’il s’en apperçoit,
il en donne avis aux pêcheurs par un figne, & leur indique le côté vers
lequel ils doivent ramer. Comme ce poilfon s’avance paire à paire, comme
nous l’avons dit, les pêcheurs ont toujours deux bateaux à'côté l’un de
l’autre, dans chacun defquels font deux d’entr’eux. Le plus habile, placé
fur un mât un peu bas, lance fur le poilfon un harpon attaché au bout
d’un bâton. En même tems, les autres tâchent de s’emparer du fécond
de la même manière. Cependant, il faut qu’ils aient attention jufqu’à ce
que le poilfon foit mort; car ils rifquent de voir renverfer leur bateau.
Comme l’harpon eft attaché avec une corde mince, qui coule fur une
roulette, ils fuivent le poilfon de loin, jufqu’à ce qu’ils remarquent qu’il eft
affez affoibli: alors s’il eft petit, on le tire dans un bateau; s’il eft gros
on l’amène à terre.
Ce poilfon vit de plantes marines & de poiffons. Comme il a une
terrible arme défenfive, les autres poiffons voraces ne peuvent pas l’attaquer
aifément. Selon Arijlote 0) & Pline p ) , il eft tourmenté de même que lé
thon dans la canicule, par un infecte, & la douleur le fait non-feulement
fauter furieux au-deffus de la mer, mais même dans les vaiffeaux. Selon
Statuts Millier, fa peau eft phofphorique pendant la nuit y). Quoique ces
gros poiffons n’aient pas ordinairement un bon goût, cependant celui-ci
paffe pour un bon mets. On eftime fur-tout les morceaux du ventre &
de la queue; & par cette raifon .ils font chers. On fale les.nageoires, &
on les vend, comme un bon mets, fous le nom de callo.
I ) Ichth. p. 3J. .
/) Schwed. Abhandl. Tom. XXXIH.'p. n g .
/n), MiiE Pifc. IV. p. 17. Le poiiTon donc cet
auteur fait mention, fut péché dans le Weichfel.
On en a fait tirer un deilin de grandeur naturelle.
Paru I I I
que .l’on conferve à ia maifon-de-ville de Dan2Îg.
n) Ichth. p. 161.
o) Hift. Anim. lib. 9. cap. 19.
p ) Nat. Hift. lib. 9. cap. 15.
ÿ) Linn, S. N. IV. p. 66.
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