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sa H I S T O I R E N A T U R E L L E
Linné et Vosmaer ont observé une apparence de queue au Loris paresseux
j mais ils ne disent point si cette queue est un prolongement des vertèbres
: je serois tenté de croire qu’elle n’est, comme dans le Magot, qu’un
appendice charnu ; car il m’a été impossible d’en retrouver la moindre
trace sur la peau bourrée qui est au Muséum, et cependant cette peau est
dans un état parfait.,
Vosmaer a possédé ce Loris vivant : il résulte de ses observations que cet
animal a les mouvemens très-lents, qu’il dort le jour, mange la nuit, qu’il
vit de fruits, d’insectes, de petits oiseaux et d’oeufs, qu’il a une odeur forte
et désagréable, et que son cri, qu’on peut exprimer par ces mots a ï, a ï,
a ï, rappelle le Paresseux d’Amérique.
Buffon rapporte au Loris proprement dit, Loris Gracilis, une notice
du chevalier d’Obsonville, sur un animal des Indes orientales, nommé le
Therangue ou Tàtonneur ; celui-ci vit dans les rochers et les bois solitaires
5 il est mélancolique, silencieux, carnivore et marche de nuit : il dort
le jour, accroupi, la tête appuyée sur ses mains réunies entre ses jambes,
L’individu décrit par d’Obsonville avoit près d’un pied étant debout sur ses
pieds de derrière ; mais, ajoute-t-il, il y en a de plus grands. Il n’avoit
point de queue ; sa poitrine étoit large ; ses bras et ses jambes ëtoient bien
formés. Sa démarche avoit quelque chose de contraint, et il pouvoit parcourir
au plus quatre toises en une minute.
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Il me semble que cette description a plus de rapports avec le Loris paresseux
qu’avec le Loris grêle ; ce dernier n’a que huit à neuf pouces étant debout
, et il ne paroît pas que ceux qui ont été décrit avant l’individu dont
je donne ici la figure, aient offert une grandeur plus considérable. Le Therangue
de d’Obsonville avoit les membres bien formés. Si ce Therangue
étoit en effet le Loris grêle * la maigreur excessive des membres de ce dernier
animal auroit-elle échappéé à l’observateur ? Cette maigreur est telle
qu’ayant vu, pour la première fois, un Loris grêle empaillé, je crus qu’on
avoit négligé de bourrer les membres j mais depuis j’ai vu et dessiné un individu
de cette espèce conservé dans l’esprit de vin, et il m’a été facile de
connoître ses véritables formes : c’est cet individu qui est gravé sur la. planche
II du genre Loris. Et cette habitude qu’a le Therangue de dormir la
tête appuyée sur ses mains réunies entre ses jambes, appartient encore au
Loris paresseux ; l’individu de Vosmaer a été empaillé dans cette attitude
au moment où il se réveille ; et je sais que l’artiste chargé de monter les
animaux du stadhouder ne négligeoit jamais de leur donner une attitude
qui leur fut propre (1). Je pense donc que c’est au Loris paresseux qu’il
(i) Un naturaliste qui a beaucoup fréquenté lès cabinets de Hollande m’a assuré que cet artiste avoit
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faut rapporter le Therangue ou Tàtonneur du- chevalier d’Obsonville.
Le Loris paresseux a treize pouces depuis le museau jusqu’à l’anus ; sa
tête est grosse, ronde ; ses yeux sont grands et rapprochés l’un de l’autre ;
son museau est court et pointu j ses oreilles sont minces et presqu’entière-
ment cachées sous le poil. Tout son corps est couvert d’un poil long, touffu
et jaunâtre, mêlé de différentes teintes plus ou moins roussès et plus ou
moins blanches, sur-tout vers les extrémités. Une teinte brune entoure les
yeux, et 1 on remarque sur le dos une ligne longitudinale de cette même
couleur brune qui s étend depuis le sommet de la tête jusque vers les lombes.
Les mains ou pieds antérieurs sont nues en dessous; le pouce est gros,
court, et l’index beaucoup plus court que les autres doigts, la dernière
phalange de cet index semble être articulée en sens contraire, et se dirige
en dehors. Les pieds ou extrémités postérieures sont longs, couverts de
poils jusqu’aux ongles; l’index-, ou second doigt, est armé d’un ongle Iqng
et subulé ; les autres ongles sont courts et plats.
Il habite le Rengale, et fait partie de la collection du IMuséum.
1 habitude de modeler en terre les animaux vivans de la ménagerie du prince d’Orange, et que ces modèles
lui servoient a monter les peaux de ces animaux lorsqu’ils étoient morts. I l seroit à désirer que cet
exemple fut suivi par tous ceux qui exercent le même art : cet art n’est point à dédaigner, il est très-
important, et se lie parfaitement à l’iconographie naturelle.