
connpître à l’Europe ce bel animal : dans son voyage sur l’Orenoque, ee
savant vit une quantité prodigieuse de singes. « Dans tout le cours de ma
« navigation sur ce fleuve, dit-il, j’en ai tant vu, et j’ai ouï parler de tant
« d’espèces différentes, que la seule énumération en seroit longue. » Je
crois bien que parmi cette grande quantité d’espèces, dont parle M. de la
Condamine, on doit compter quelques variétés, l’histoire naturelle n’étoit
pas l’objet des recherches de cet illustre académicien. C’est donc sur les
lieux qu’il faudroit s’en assurer: je dis sur les lieux, parce que, il faut
l’avouer, les peaux bourrées qu’on nous envoie des pays lointains ne servent
souvent qu’à embrouiller la science au lieu de l’éclaircir ; les nombreuses
variétés qu’offrent ces dépouilles mettent l’esprit du naturaliste de
cabinet à la torture pour les déterminer: de-là ces espèces obscures qu’on
trouve dans presque tous les auteurs. Les peaux suffisent, je l’ai déjà dit,
pour faire dès figures, des genres et des demi-descriptions ; mais ces figures,
ces genres et ces descriptions de l’envelope des animaux, ne sont qu’une
petite partie de la science. « La connoissance des genres est une connois-
« sance solide, dit Linné 5 mais celle des espèces est la véritables. » Or,
les observations faites sur la nature vivante peuvent seule donner la connoissance
complette de chaque espèce ; et si dès le commencement de cet
ouvrage j’ai annoncé que mon but unique étoit de faire connoître les animaux
par des figures, c’est que n’ayant à ma disposition que des dépouilles
d’animaux, je ne pouvois prétendre aller plus loin.