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j’ai aussi observé que sur la plupart des Makis, c’est le quatrième doigt qui
est un peu plus long que les autres.
Jusqu’ici les auteurs systématiques ont donné pour caractère générique
des Makis quatre dents incisives à la mâchoire supérieure et six à l inié-
rieure : mais Etienne Geoffroy, professeur de zoologie au Muséum d histoire
naturelle, a reconnu que les animaux qui forment ce genre offrent des
caractères particuliers, et doivent par conséquent être divisés (i).
L’Indri de Sonnerat, Lemur Indri, G., n’a que quatre dents incisives àla
mâchoire inférieure, elles sont placées dans une position absolument ho-
risontale, tandis que sur les Makis elles sont au nombre de six, et dans
une position diagonale. Ces incisives inférieures de 1 Indri sont concaves
en d e d a n s e t convexes en dehors. Le professeur Geoffroy ayant reconnu
les mêmes caractères sur deux espèces de Sonnerat, llndn et le
Maki à bourres, Lemur Laniger de Gmelin, a cru, et avec raison, que
ces deux espèces devoient former un genre particulier entre les Smges et
les Makis.
Quoique sur la peau bourrée de l’Indri que j’ai figuré, je n’ai pu von
ces caractères indiqués par le professeur Geoffroy a bouche de cet individu
étant entièrement fermée, je ne laisserai pas d adopter ce genre éta-
bli par ce naturaliste, parce que je connois l’exactitude avec laquelle il lait
ses observations.
Les Makis, comme je viens de le dire, sont des animaux très-vifs et qui
voyagent sur les arbres avec une extrême facifité. Ce trait seul caractérise
leur nature ; et je ne sais pourquoi on leur a assimilé des animaux lents et
paresseux. Le Lemur Tardigradus de Linné, qui est le même que Vos-
maer a décrit sous le nom de Paresseux du Bengale, et le Loris de Buffon,
sont des animaux qui, par la lenteur de leurs mouvement , du moins e
Tardigradus, ne peuvent être comparés qu aux Paresseux d Amérique. Us
ont en outre plusieurs caractères qui les distinguent des Makis ; ceux-ci
n’ont que deux mamelles pectorales, et les Loris en ont quatre ; la tête de
ces derniers est beaucoup plus grosse, et leur museau, quoique très-pomtu,
est en même tems beaucoup plus court et presque relevé : enfin, la tete des
approche de celle du Renard, et la tête des Loris de celle du Dogum.
C’est peu d’avoir confondu parmi les Makis vifs et légers, des animaux
Magasin Encyclopédique , tome I , page 20. \entS
lents et paresseux ; on a encore rangé dans ce genre des animaux voltigeurs
, et qui, par ce caractère, se rapprochent des Chauves - souris. Le
Lemur V olans de Gmelin diffère des Makis, non - seulement par cette
membrane qui lie ses quatre membres et sa queue ensemble, mais encore
par tous les autres caractères. Il n’est point quadrumane ; ses doigts, longs
et plats comme une lame de couteau, sont réunis par une membrane, à
peu près comme les doigts des animaux nageurs ; ils sont munis d’ongles
très-arqués, tres-pointus à leur extrémité, fort épais à leur base et de même
forme que les doigts, c’est-à-dire applatis sur les côtés. Ce Lemur Vo-
lans n’a que deux dents incisives à la mâchoire supérieure et six à la mâchoire
inférieure, mais d’une forme particulière.
Cet animal a été décrit par Pallas, qui en a fait un genre sous le nom
de Galéopithèque.
Quelques auteurs ont aussi rangé le Tarsier parmi les Makis ; d’autres
ont fait de cet animal une Gerboise, et d’autres un Didelphe : nous verrons
que le Tarsier, sans être un M aki, se rapproche plus des animaux de
ce genre que d’aucun autre.
Enfin, le professeur Geoffroy a fait connoître une nouvelle espèce qui
tient le milieu entre les Makis et le Tarsier, et qu’il a décrit sous le nom
de Galago.
Il est certain que le genre Maki, Lemur, tel qu’il est présenté par la
plupart des auteurs systématiques, est très-diffus ; et comme la division de
ces animaux qu’a faite le professeur Geoffroy me semble être ce qu’il y a
de mieux jusqu’à présent, j’adopterai entièrement cette division, qui fournit
cinq genres très-distincts.
Le premier genre, Iwdri, comprend l’Indri proprement dit, de Sonnerat
, et le Maki à bourres du même auteur.
Le second genre, L emur, comprend le Mongous, le Mococo, le
Vari, etc.
Le troisième genre, L o r i s, comprend le Loris de Buffon et le Paresseux
du Bengale de Vosmaer.
Le quatrième genre, G a l a g o , comprend la nouvelle espèce de Geoffroy.
Le cinquième genre, Tarsius, comprend le Tarsier de Pallas et celui
de Daubenton.
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