
Ja continuation avec les mers septentrionales quand
leurs flots couvroient les plaines germaniques : une
relie conformation indique encore un brisement
dans le sens de la direction générale que nous venons
de trouver par deux grandes vallées opposées
vers ce qu’on nomme le Plateau de Rangier j situé
au-dessus du coude du Doubs à Sainte-Ursanne.
L ’espace marécageux rempli de lacunes, entre
Bourg et le confluent du Rhône avec la Saône,
est encore l’humide témoignage d’un plus long séjour
des eaux vers le milieu du détroit ou canal
qui existoit entre le système Celtique et les
Alpes.
La seconde région physique qu’on puisse encore
considérer comme la continuation de l’une de celles
de l’Espagne, est la région méditerranéenne j qui se
compose chez nous du versant Rhénan. Dans la Péninsule
Ibérique cette région est limitée au nord
par le versant Cantabrique et par une petite partie
de l’Aquiranique, à l’ouest par le versant Lusitani-
que, au sud par le versant Bétique $ en France, une
ligne formée par la crête du système des montagnes
celtiques, et qui se prolonge du sud-ouest
au nord-est, la sépare de la région océanique.
La vigne y réussit partout, et produit déjà des vins
liquoreux ; l’olivier qui prospère sur la moitié
de son étendue ne s’y éloigne guère du rivage,
ce qui certainement ne tient pas à ce que
les parties supérieures du bassin rhénan repoussassent
sa culture en vertu de leur latitude seulement
, mais qui vient de l’élévation du sol toujours
croissante dès qu’on a passé Montélimar. En
remontant le fleuve , cet arbre précieux, évidemment
propre au bassin de notre Méditerranée,
ne dépasse point vers le nord la prolongation de
cette ligne que nous avons tracée sur les cartes
physiques de la Péninsule Ibérique, publiées dans
nos précédens ouvrages, et qui régnant en diagonale
à travers tout le pays, depuis le milieu du
Portugal jusqu’en Catalogne, y sépare deux climats
naturels, dont nous avons donné une idée en
ces termes. ( Voye% notre Résumé géographique _,
page 74-)
« Si des coupes idéales de terrain, publiées
pour faire parler de soi dans quelque Journal,
ne méritent pas d’occuper un bon esprit, il est
une coupe réelle qui dans la Péninsule Ibérique
appelle l’attention des géographes physiciens, c’est
celle =qui distingue deux climats fort tranchés
non de ces climats d’heures, illusoires quant à la
nature des productions, mais de ceux qui, déterminant
des créations diverses, ne sont pas astreints
au parallélisme. La ligne la plus longue qu’on
puisse tirer sur la Péninsule, et qui seroit du Cap
Saint-Vincent jusqu’au Cap Creux, n’a pas moins
de deux cent cinquante lieues communes d’étendue,
mais ce diamètre, que les Anciens portoient à trois
cent cinquante et plus , ou mieux cette diagonale,
n’établit point exactement de différence de climat
dans les deux pays qu’elle partage j il faut remonter
plus au nord de l’embouchure du T a g e , où l’on
trouvera les racines occidentales du système de
monts que nous avons appelés Carpêtano-Vétto-
niques. En suivant alors exactement dans la direction
du nord-est, la crête de cette longue chaîne,
et du point où elle expire au couchant, traversant
l’Ebre toujours dans la même route, afin de gagner
dans les Pyrénées les sommets qui séparent les
sources de l’Arriège, rivière de France, de celles
de la Sègre, qui descend en Catalogne, on aura
la véritable coupe utile à connoître, la limite des
deux climats naturels. Les deux portions de pays
qu’on aura ainsi distingués seront presqu’égales
en surface ; celle du nord pourra être indifféremment
appelée région tempérée, océanique ou européenne
j celle du sud, région chaude, méditerranéenne
ou proprement africaine. >»
En France ou par le prolongement de la même
division, nous reconnoissons deux régions analogues
; la méridionale, toujours limitée par la ligne
des Oliviers, est beaucoup moins considérable,
mais elle porte les mêmes caractères dans son
exiguité. L ’Oranger, le Citronier, le Caroubier,
le Lentisque, le Laurier, le Pistachier, y sont les
ornemens toujours verts d’une campagne un peu
sèche que parfument en abondance des Labiées
aromatiques, où les Cistes commencent à remplacer
les bruyères dans les espaces déserts, lesquels
lie sont plus des landes, mais des Garrigues. Le Né-
rion étale ses fleurs d’un pourpre tendre, e t. le
Grenadier ses balostes couleur de feu. Les Agaves
et les Cactes y résistent à des hivers modérés. Les
insectes diffèrent surtout de ceux du reste de la
France j les Laminariées n’existent plus dans les
flots, ces Hydrophytes gigantesques de l’Océan
sont étrangers aux côtes de la Provence, du Languedoc
, de la Catalogne et du royaume de Valence.
Le second climat naturel qui commence en
France, hors de la ligne des Oliviers, et qui n’est
que la continuation du climat tempéré de la Péninsule
Ibérique, règne sur tous les versans opposés du
système de montagnes celtiques. Quelle que soit
l’ardeur de certains étés, la végétation n’y est nulle
part celle des pays chauds ; elle a cependant
quelque chose de plus analogue sur les rivages de
l’Océan, où la température esc adoucie par l’influence
maritime. Ainsi les Myrtes, les Figuiers
et autres végéaux qu’il faut abriter durant l’hiver
dans les parties centrales de la France, résistent
en pleine terre à Belle-Isle-en-Mer, à Brest, à
Cherbourg et au Havre, sous des parallèles où on
les verroit périr à Orléans ainsi qu'à Strasbourg. La
vigne qui n’y donne jamais de vins de liqueurs,
s’y cultive sur une grande étendue que limite une
digne oblique comme celle des Oliviers \ ligne que
nous traçons sur notre carte en partant à peu près
de l’embouchure de la Vilaine pour passer vers
le confluent de l’Oise avec la Seine, et qui se termine
vers le point où la Meuse sort de France pour
couler chez les Belges. Cette ligne continuant hors
du royaume par le sud du plateau des Ardennes,
et remontant selon sa première direction, coupe le
bassin Rhénan, dont la partie méridionale à notre
ligne demeure dans la région des vignes, tandis
que de l’autre côté le raisin ne mûrit qu’acci-
dentellement. L ’existence de la ligne des Oliviers
et de celle de la Vigne fut d’abord indiquée
par Y o u ng , célèbre agronome anglais j
M. Decandolle reproduisit l’une et l’aucre sur
une carte botanique, qu’on trouve dans le tome
second de la Flore française. Ce savant indique
aussi une ligne intermédiaire où cesse la Culture
du maïs. On pourroit multiplier de telles lignes
en beaucoup plus grand nombre, mais il ne faut
pas les tracer avec une règle, parce que nulle part
les productions naturelles ne s’emprisonnent avec
des parallèles. Les lignes de ce genre sont essentiellement
sinueuses, elles obéissent aux pentes
en se contournant selon les expositions, et il arrive
même qu’en dehors des bornes qu’elles établissent,
les végétaux à qui nous les faisons servir de frontières,
prospèrent dans quelques enclaves jetées au
milieu des régions voisines.
Le versant Rhénan est dans l’état géographique
de la France actuelle comme y est le Cantabrique,
c’est-à-dire une annexe contre nature. Dans un
fleuve de l’importance du Rhin, on peut prendre
indifféremment pour limites des Empires contigus
la ligne de partage des eaux, ou le large cours
qui ne présente pas moins d’obstacles aux invasions
; mais l’Etat qui possède seulement des frag-
mens d’un grand bassin géographique, doit nécessairement
, tôt ou tard, voir cès fragmens se
détacher de lui, ou bien appeler à eux les masses
disjointes que les calculs changeans de la politique
en séparèrent. Ce n’est point ici le lieu d’examiner
si des alluvions formées, aux dépens de la France
appartiennent en bonne justice au sol qui en fournit
tous les éiémens. Ce sol, duquel naquit la Baltique,
doit nous occuper seul, et uniquement, sous
le rapport de sa constitution géologique. Ce qui
nous resteroit à en dire devant être traité dans
le Dictionnaire, au mot T errain, nous n’anticiperons
point sur ce qu’eïi dira M. Huot, et
l’analyse des Cartes du présent Atlas demeure
conséquemment terminée.
FIN.