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INTRODUCTION.
<• L a 'G éographie est la description de la Terre.» Ainsi commencent presque tous les livres qui
traitent d’une branche des connoissances humaines dont on n’a même pas encore donné une bonne
définition. Le Dictionnaire de l ’Académie dit qu’elle «est la science qui enseigne la position
de toutes les régions de la Terre, les unes à l ’égard des autres, et par rapport, an ciel, avec la
description de ce qu’elles contiennent de principal. » Sans relever tout ce que présente de vague
un pareil énoncé, nous ferons remarquer au lecteur, qu’un géographe n'est pas, ainsi que le définit le
même Dictionnaire, « celui qui sait la Géographie», mais simplement celui qui en fait une écude
spéciale. Nous ne pensons pas qu’il y ait d’homme assez présomptueux pour se vanter de savoir une
science dans laquelle celui qui sait le plus et le mieux doit avouer de bonne foi qu’il sait fort peu de
chose. Il n’est peut-être pas une branche de nos connoissances qui ait été plus confusément étudiée;
on peut considérer la Géographie comme tout-à-fait dans l’enfance, et quoiqu’on en ait
prodigieusement'écrit, il n’en existe pas un seul Traité satisfaisant. Quant aux carres dont ces
Traités sont accompagnes, ou quon donne comme de la Géographie mise en tableaux, il en est
comme des feuilles publiques, où il suffit d’avoir travaillé pour savoir ce quelles valent.
La Géographie n’est pas seulement, comme on le répète sans cesse, et comme sembleroit l’indiquer
l’étymologie du nom, la description de la Terre ; son étude embrasse l’histoire du Globe entier
et la recherche des rapports dans lesquels l’universalité des corps organisés se trouve répandue
à la surface de ce Globe; elle se rattache aux médications de l’astronomie, qui nous fait con-
noître les imprescriptibles lois auxquelles obéissent les globes disséminés dans l ’espace, et les correspondances
de ces astres avec la Terre perdue entre1 l’immensité de leur nombre; elle appartient
a 1 histoire et a la politique, puisqu il n existe pas d’événemens qui puissent avoir lieu hors
de son domaine, et quelle fixe non-seulement les limites de cés empires fondées selon l’audace
ou la pusillanimité des* hommes, mats encore les bornes où nos usurpations sur le reste de la
nature doivent s’arrêter.
Les auteurs dès Traités de géographie qu on a composés jusqu’ic i , sans s’effrayer de l’immen-
site dune science qui se rattache a toutes les autres, imaginèrent d’y entasser l’astronomie,
l’histoire, la politique, les sciences naturelles et la statistique. Ils appelèrent GÉOGRAPHIE un
tel chaos; et comme aucun d’eux n’avoit la science universelle, s’il y eut dans leur ouvrage des
parties supérieurement traitées, beaucoup d autres n’y furent que d’informes compilations, où se
trouvèrent confondues des erreurs grossières en beaucoup plus grand nombre que n’y étoient les
notions exactes.
Un Traité de géographie exécuté sur le plan où furent conçus ceux de Gùthrie, de Pinkerton
et de Malte-Brun lui-même, ne peut être l’ouvrage d’un seul homme; de tels livres sont des
espèces d Encyclopédies, où la véritable science disparoît sous un amas de détails étrangers, appartenant
à des branches collatérales de nos connoissances; on diroit que leurs auteurs ont voulu