
touchent presque les uns les autres, et s’anastomosent
par de petits cours d’eau depuis la Prusse
ducale, au sud de la Baltique, jusqu’à la Mer-
Blanche, on reconnoîc que ces deux Mers furent
naguère unies.
La Scandinavie étoit alors,une île , et les chan-
gemens récens qui ont eu lieu dans toutes ces régions,
expliquent des points de Géographie historique
qui sont demeurés très-obscurs jusqu’à ce
jour, où des savans, totalement étrangers à la
Géographie physique, ont cherché à retrouve- le
berceau des peuplades germaines connues par les
Romains dans un temps où l’Allemagne étoit de
moitié plus étroite qu’aujourd’hui, sur l’Allemagne
actuelle, qui ne ressemble plus du tout à l’antique
Germanie. Peu avant cette époque, cette même
Mer du N o rd , qui environnoit la Suède et la
Norvège, communiquoit à l’Euxin et à la Caspienne.
En.effet, de Pétersbourg à l’Euxin et à
Astracan, on voyage toujours par un pays tellement
plat, qu’excepté dans les lieux défrichés, et
en divers points légèrement accidentés, on ne
sort pas d’un marais, qu’on est obligé, la plupart
du temps, afin de ne pas s’y perdre, de couvrir de
gros troncs d’arbres en travers qui font comme des
routes pontées. Il en est de même des sources de la
Narew et du Bug, affluens de la Vistule, et de
celles du Boristhène qui tombe dans la Mer-
Noire ; ces sources se confondent dans des marais
sans fin, pour couler cependant dans deux
Mers opposées. Les troupes de Charles X I I et
de Napoléon firent la triste expérience des difficultés
que présente encore un tel pays demeuré
en litige entre la terre et les eaux. Des
marais semblables se prolongent jusqu’en Sibérie,
où Patrin nous apprend qu’ils sont infects et
impénétrables. On trouve bien dans l’étendue de
ces marais quelques monts dont les racines sont
plus marécageuses encore, parce que les cours
d’eau descendus des rochers les viennent délayer ;
mais ces monts furent des îles quand Içs marais
appartenoient à la Mer.
Le Nouveau-Monde présente également des
marais immenses ; ceux de l’embouchure du Mis-
sissipi, de l’Orénoque et du fleuve des Ainazonés,,
sont les plus vastes. On doit à M. de Humboldt
des détails fort intéressais et instructifs sur ces
derniers, peuplés de reptiles extraordinaires , d’insectes
variés, et la plupart du temps ombragés
d’arbres pressés, dont, au temps des inondations,
les familles humaines disputent les cimes aux tribus
de singes pour en’faire leur habitation. Ici la
vie et la végétation se montrent dans tout le luxe
de développement qui peut résulter de la chaleur
et de l’humidité , c’est-à-dire de l’eau fécondée
par les flots de lumière émanés d’un soleil ardent.
Partout les marais desséchés et défrichés deviennent
des terres fertiles ; mais la culture n’en
est pas d’abord sans danger. Les exhalaisons qui
s’en élèvent causent des maladies graves, auxquelles
des populations entières finissent cependant pat
s’habituer. Ainsi les habitans de la Zélande et des
bords fangeux de la Flandre vivent avec des fièvres
endémiques qui abrègent à peine leurs jours ;
tandis que, comme à Batavia, autre possession
hollandaise des Indes, les étrangers y meurent
assez promptement par une cause qui ne produit
qu’une simple incommodité pour les indigènes.
Les tourbière^, pénétrées d’eau et devenues
boueuses, peuvent présenter une apparence de
marais, mais cependant ne sont pas la même
chose : elles offrent leur végétation particulière;
peu d’animaux les habitent, et jamais elles ne
deviennent fertiles par le défrichement.
On a appelé Marais salans des marais riverains
où le flot monte et qu’il imprègne d’un
sel qu’on y vient recueillir au moyen de travaux
particuliers qui appartiennent à l’art du saulnier.
On y pratique des digues pour retenir les eaux
dans divers bassins d’évaporation et de graduation.
Le sol de cês digues, fortement imprégné de
chloruré de sodium , présente une végétation sensiblement
distincte de celle des rivages ordinaires,
et encore qu’il s’y trouve beaucoup de plantes
communes, il en est aussi de particulières ; les premiers
prennent un aspect plus rigide ou plus succulent,
selon chaque famille. Aussi quand les Graminées
y sont plus dures., les Soudes et lés Chénopo-
diées y sont épaisses et charnues. L ' Aster tripolium
est chez nous une plante comme essentielle aux marais
salarrs ; aux environs de Cadiz, c’est un Mé-
sembrianthème africain, des Statices charnus, er
le Cressa de Crète.
t t DES MARES*
Il ne faut pas confondre les mares avec- les marais
; celles-ci sont-des enfoncemens peu considérables
à la surface du, sol, dans lesquelles séjourne de
l’eau qui y tombe de l ’atmosphère ou y suinte de la
terre. Elles ne se Rencontrent pas seulement dans
les lieux bas et humides, il en existe sur les plateaux
élevés et jusque sur. les monts les plus sourcilleux.
Les Landes aquitaniques en présentent un grand
nombre, et leurs formes y sont généralement arrondies
* on les nomme braus quand elles sont her-
fbeuses dans toute leur étendue, lagunes quand elles
fne le sont que sur leurs Bords, et que leur milieu
{ressemble à celui'd’un étang; il ne faut pas con-
j fondre non plus de pareilles flasques d’eau avec les
llagunes des rives de la Mer, et surtout avec celles
Ique Venise rendit si célèbres; ces dernières sont
Mues aux empiétemens des marais fluviaux sur le
Idomaine des flots salés.
I Les environs de Paris offrent un exemple remar-
Iquable de la situation de mares sur des plateaux
[élevés. Dans "les* plaines hautes qui de Versailles
■ s’étendent au midi vers la Beauce, dit M. Cons-
[tant Prévost, au milieu des champs cultives, on ren-
[contre çà et là beaucoup de mares separees entière-
Imenc les urfesdes autres, et qui, dans plusieurs en-
\droits, paroissent être disposées sur des lignes pres-
[que continues, de manière à faire présumer qu’elles
f ont pu être ancienriement réunies lorsque la culture
In’avoit pas encore, modifié et nivelé le terrain qui
Iles- entoure et les sépare. Ces petits amas isolés
■ nourrissent des Mollusques d eau doucé, tels que
Ides Lymnées et des Planorbes, entre quelques-
[plantes aquatiques. Chaque année le nombre de
Ices mares diminue, et la culture s enrichit de leur
. sol vaseux. Dans les fouilles qu’on y a faites pour se
| procurer des engrais après les avoir desséchées, on a
Jrencontré d’abord sur plusieurs pieds d’épaisseur, des
a couches d’une marne tfès-fine, d un blanc jaunâtre
fou bleuâtre, avec des lits minces de matière char-
Ibonneuse provenue de la décomposition de feuilles
| d’arbres dont on a retrouvé quelques troncs entiers ;
? de ce nombre étoient des chênes, des châtaigniers,
Ides noisetiers très-reconnoissables avec leurs fruits.
|L e tout étoit pénétré d’un sédiment vaseux, rempli
de débris de coquilles d’eau douce , analogues à
celles qui se retrouvent aujourd’hui dans l’eau des
I mares.
La stagnance des eaux douces, s’il est permis
1 d’employer cette expression, est peut-être l’un des
I moyens les plus puissans qu’emploie la Nature pour 1 élever le sol. Une épaisse végétation se multiplie
. bientôt daus les eaux mortes ; aux tiges épaisses des
1 Ménianthes, des Nymphéa, mal-à-propos prises
; pour des racines, se joignent des Massettes, des
| Carex, des Lis» des Scirpes sans nombre qui pré-
1 parent le sol vaseux sur lequel ne tarderont pas à
•, s’établir les plantes palustres; les Mousses entr’au-
tres, les Fontinales et les Sphaignes y préparent de
I ces Fondrières, sur lesquelles M. Desmarest a rap-
1 porté d’intéressantes particularités dans la partie du
| Dictionnaire qu’on lui doit.
CHAPITRE Y.
des parties exondées du globe ou de sa
CR O U T E T ER R E STR E .
§. I er. Des Continens.
L a surface de notre planète que ne couvrent pas
les eaux de la Mer, se compose de continens et
d’îles ; ces continens sont au nombre de deux sur
les anciennes cartes ; sur la nôtre (voye\ PI. i ) on
en trouve cinq ; et qu’on n’imagine pas que ce
nombre soit arbitraire. Comme il y a cinq
grandes régions océaniques caractérisées par leur
physionomie particulière et par la nature de leurs
productions naturelles autant que par leur position
relative sur la sphère : de même avons nous déjà
dit ( pag. 19) : il existe quatre grands continens
opposés deux à deux avec un cinquième impair
plus petit, et dont l’existence est beaucoup plus
moderne que celle des quatre autres. Ces continens
$ont :
i° . L ’an c ien c o n t in e n t b o r é a l , le plus
vaste de tous-, qui se compose de l’Europe et de
l’Asie, qu’en Géographie*physique il est impossible
de séparer. Sa plus grande longueur, prise du cap
Tchuktchi, vers l’extrémité de la Russie asiatique,
sur le détroit de Béring, au cap Saint-Vincent,
vers l’extrémité occidentale de la Péninsule
Ibérique, n’a pas moins de 180 degrés de longitude
; sa plus grande largeur est la ligne qu’on
peut tirer du cap Taimour à l’extrémité du pays
des Samoïèdes, vers le cercle polaire arctique,
jusqu’à l’extrémité de la presqu’île de Malac, peu
éloignée de l’équateur.
2°. Le NOUVEAU CONTINENT BOREAL, le
plus grand après le précédent, qui lui est opposé en
même temps qu’il lui est le plus analogue par ses
productions. Il s’étend sous les mêmes influences
climatériques; sa forme générale est celle d’un
grand triangle, au sommet méridional duquel le
Mexique forme un prolongement irrégulier.
30. Le NOUVEAU CONTINENT MÉRIDIONAL,
ou l’Amérique du Sud, dont la plus grande partie
s’étend dans l’hémisphère austral, et qu’unit au
précédent l’isthme de Panama.
4°. L ’a n c ien c o n t in en t m éridion al ,
ou l’Afrique, que l’équateur coupe en deux parties
moins inégales, qui passe pour la contrée la plus
chaude de l’Univers, et que lie l’isthme de Suez à
l’ancien continent boréal.
50. L ’au s tr a la s ie , d’abord appelée Nouvelle