
distingue qu’elle est pratiquée dans la face occidentale
de la masse calcaire, mise à nu depuis ce
point jusqu’au point marqué C. En ce lieu M. Behr
-fils nous a fait remarquer une maison souterraine
abandonnée, et à quelques pas les débris d’une
brasserie, naguère écrasée par la chute des rochers
dont on voit une sorte de muraille dans l’escarpement
dominé par le fort du côté de la Jaar. Depuis
la petite entrée B jusqu’à certaines traces de fortifications
marquées V , en remontant le cours
de la Jaar par sa rive droite, on ne trouve plus
d’escarpement de rochers mis à riu , mais des
pentes plus ou moins adoucies qui les cachent. Aux
points que nous avons désignés par la lettre T , se
rencontrent deux petites exploitations toutes nouvelles,
creusées presqu’au niveau du vallon, et qui
n offrent encore l’une et l’autre que des conduits
■ fort bas, au fond desquels nous aperçûmes au loin
la lueur de lampes annonçant la présence des ouvriers.
En S sont des entrées plus considérables, formées
de deux ou trois portiques sur des pans de
rochers dépouillés. Les galeries de plain-pied où
ces portiques conduisent, paroissent abandonnées ;
nous n’y trouvâmes d’autres traces que celles des
troupeaux : les pâtres y conduisant leurs brebis pour
les mettre à l’àbri du mauvais temps ou des ardeurs
du jour. La plus septentrionale de ces deux issues
commença à nous révéler le mystère de la formation
des effondremens en entonnoir, phénomène
dont nous allons bientôt entretenir le lecteur. A
peine nous y étions-nous enfoncés d’une vingtaine
de pas, que la route se trouva encombrée de galets,
de sable et de terre végétale arrachée au sol supérieur
; et quand nous visitâmes ensuite la surface
de ce sol supérieur, précisément au-dessus du point
où nous avions rencontré l’obstacle, nous aperçûmes
en U crois enfoncemens de dimensions différentes,
mais peu considérables, résultant évidemment
de la déperdition d’une partie de la superficie
des pentes du plateau, qui avoir été engloutie.
Les derniers éboulemens ont mis à jour au point
E , près du fort, une entrée fort anciennement
abandonnée à la gauche et au bord du chemin encaissé,
D qui fut la grande route jusqu’à l’instant où
le rapprochement de ses parois en eur interdit le
passage aux voitures dont la voie étoit un peu
large.
Une autre issue également infréquentée dès
-long-temps, existe à la même hauteur sur la pente
nord-est, qui s’adoucit vers Maastricht ; on en
îeconnoît la place depuis les glacis de la ville,
à quelques buissons qui croissent à l’entour.
En continuant de voyager vers le midi, du côté
de la Meuse, on trouve bientôt la Maison blanche,
située un peu avant l’église de Saint-Pierre
et vis-à-vis laquelle existe le chemin de l’entrée G
maintenant la plus fréquentée ; c’est par celle-ci
que nous pénétrâmes dans les cryptes. A sept ou
huit cents pas de l’entrée G , se trouve Lavandegh
ou Slavande, ancien couvent de Récollets, maintenant
à demi ruiné et métamorphosé en guinguette.
C ’est contre le mur méridional de l’enclos
de Slavande qu’existe l’issue par laquelle les guides
des voyageurs rendent ordinairement ceux-ci à la
clarté du jour; elle est marquée I dans notre carte.
Pour y parvenir, en quittant la route à mi-côte,
il faut passer sous un grand rocher calcaire, désigné
par la lettre H , qu’on a percé de part en part,
et qui rappelle les ruines d’un arc de triomphe dont
tous les ornemens eussent été effacés* La cavité
de ce roc a servi plusieurs fois de salle de festin à
des curieux qui, après une excursion souterraine,
vouloient se livrer au plaisir de la table. En sortant
de Slavande , et vers la base du rocher percé,
le voyageur arrive sur une esplanade peu étendue,
pratiquée de main d’homme, à mi-côte ; des blocs
calcaires s’élèvent à sa droite, confusément entassés,
et la vieille tour de Lichtenberg couronne
vis-à-vis une hauteur en pain de sucre, qui semble
séparée du reste du plateau comme une montagne
isolée, encore qu’elle ne le soit pas réellement.
Une vieille entrée J se trouve cachée dans les
buissons, vers le milieu de la gorge, par l’effet de
laquelle Lichtenberg, vu de Slavande, paroît une
montagne détachée ; le guide nous assura que, par
cette vieille porte, on pourroit communiquer avec
celles qui se trouvent en dessous de Lichtenberg [
du côté de la Meuse, si des effondremens , dont il
nous indiqua les entonnoirs supérieurs, ne s’y op-
posoient. Ces dernières entrées, que l’on voit sur
le flanc de l’escarpement quand on le parcourt à
mi-côte en voyageant vers le sud, et lorsqu’on a
laissé Lichtenberg derrière soi, sont abandonnées,
et peut-être ne pénètrent pas dans la masse calcaire
aussi profondément qu’on l’assure ; elles sont en
assez grand nombre, et conduisent aux galeries les
moins élevées ; mais celles-ci sont fort curieuses à
visiter, car c’est dans la partie de l’escarpement où
elles furent creusées, que se rencontrent un grand
nombre de tuyaux d’Orgues géologiques, tuyaux
dont plusieurs ont été mis à nu par le fracassement
des rochers, comme pour présenter au géologue les
moindres circonstances de leur formation, et donc
les plus remarquables sont figurés dans la Planche-
28., n°. 3 de la.présente Illustration,.
Nous n’entreprendrons point ici un catalogue
systématique et raisonné des fossiles découverts
jusqu’à ce jour dans les environs de Maastricht,
avec la description détaillée et la figure de tout ce
qui n’auroit point été figuré ou décrit exactement;
nous réservons ce travail pour une autre occasion :
nous nous bornerons, pour le moment, à faire
remarquer combien le mélange des restes de tant
d’êtres qui ne vécurent point dans le même élément
, jette de lumière sur l’origine du système
calcaire à travers lequel la Meuse a creusé son lit.
S’il est évident, par la seule inspection des lieux ,
que les débris d’animaux terrestres, fluviariles et
marins, confondus avec des bois fossiles qü’on dit
y exister, ont été entraînés de divers points des
continens voisins par l’effet- des eaux intérieures ,
ou rejetés par la Mer sur son antique plage, ces
débris ont dû tomber au fond d’un golfe où la
jonction des rivières et des vagues opéroit, en luttant,
un de ces remous considérables, tels qu’on
en observe à l’embouchure de tous les grands
fleuves où ils causent les barres et successivement
les alluvions. ( Foye^ pàg. 49 et 54. ).
Les traces du golfe, où des Testacés, des Madrépores
et des restes d’autres animaux marins,
roulés et brisés en fragmens souvent aréniformes ,
se mêlent, en les englobant, à des carapaces de
Tortues où l’on crut voir des cornes de Cerf et
d’Elan, ainsi qu’aux débris de gros Sauriens, se re-
connoîtroient facilement sur une carte physique ,
où le bassin de la Meuse inférieure avec ses af-
fluens et ses anfractuosités seroit exactement représenté.
Quand la Mer, diminuant d’étendue., cou-
vroit pourtant encore cette vaste et aride plaine, en
tout semblable aux grandes landes de l’Aquitaine,
appelée Campine , et sur la lisière méridionale de
laquelle on trouve, notamment aux villages près
de Bilzen, des dunes de sable mouvant pareilles i
à celles des côtes d’Arcachon ou de la Hollande ; ;
quand les eaux de la Jaar, de la Meuse et de la
Gueule dévoient traverser les vases encore molles i
du golfe abandonné, pour porter à cette Campine,
plage de l’Océan , le tribu de leurs eaux, ces rivières
se creusèrent leurs lits dans ces vases profondes, .
à peu près comme nous voyons, sur le fond fangeux
des étangs qu’on dessèche , des filets d’eau se
creuser des vallées en miniature, vallées où l’observateur
attentif peut reconnoître tous les accidens
topographiques qu’offrent, dans des proportions
immenses, ledit et l’embouchure des fleuves les
plus considérables. Pour l’animalcule microscopique,
pour l'imperceptible Entomostracé nageant au
fond d’un marais bourbeux., dçs filets d’eau.strpeiitant
à la surface du bourbier mis à sec, et s’y creusant
des encaissemens de quelques lignes de profondeur,
pourroient paraître des phénomènes aussi imposans
qu’inexplicables ; et l’homme inattentif ressemble
trop souvent, par l'admiration irréfléchie qu’il accorde
à des choses, grandes seulement par la comparaison
qu’il en fait avec sa fragilité , à l’insecte
ou à l’infiisoire, qui’ ne savent pas plus que lui, reconnoître
deux choses absolument identiques dans
l’immense vallon de la Meuse et dans la rigole
s’encaissant en un tas de boue. La Meuse, la Jaar et
la Gueule, en sillonnant les vases calcaires du golfe
abandonné , y ont produit des accidens de terrain
qu’on retrouve partout où les rivières n’ont point
•eu à lutter contre des rochers. La pierre de Maastricht
n’étoit pas dure à cette époque ; elle ne s’est
consolidée que plus tard par l’effet de l’évaporation
et du tassement. Dans l’origine,,les eaux courantes
pouvoient en entraîner aisément des parties ; e t ,
tandis que la surface des laisses de l’Océan se ni*-
veloit en se durcissant, les courans inrerrom-
poient cette surface, tantôt en la coupant brusquement
aux lieux où- nous voyons aujourd’hui des
escarpemens à pic, tantôt en glissant mollement
le long de ce que nous voyons maintenant former
des pentes adoucies.
Sous la ferme de Lichtenberg , à la hauteur du
Coq-Rouge, divers fracassemens dont on ne sau-
roit que difficilement expliquer la cause,.ont détaché
de la masse du grand banc calcaire des quartiers
considérables de roches. Les travaux des hommes ,
les- eaux pluviales, l’effet de la végétation: et des
racines d’arbre, agissant à la-longue comme des
coins, ont produit, dans cette partie des flancs du
plateau, ce désordre complet et sur- plusieurs
points on pourroit se croire dans quelque partie
d’anciennes galeries qui auroient été entièrement
détruites. C ’est en ce lieu, duquel nous donnons une
vue PI. *8, na. 3-, marquée Y dans notre carre,
PI. 2 7 , qu’il faut se rendre pour étudier les Orgues
géologiques et les cônes d’éboulement qui en sont
provenus. Contre des pans de roches, près de diverses
encrées de carrières, on voit de ces cônes qui
y semblent appuyés ; ils sont semblables à ceux que
nous avons marqués M dans le n°. 1 de la même
Planche ; et alors on distingue au-dessus, sur la
face de la pierre, mise à nu, les traces du canal
qui dut faciliter le passage des galets, et du sable
dont le tas conique est composé. Ces-traces sont ici
indiquées par les lettres E et D. L ’admiration augmente
lorsqu’on distingue de tous côtés, sur la sur^
face des rochers, non-seulement les traces de pareils
cylindres.plus ou moins dégradés,,mais..encore.-