
éprouvâmes une grande satisfaction â la reconnoî-
tre ; elle y conservoit exactement les mêmes caractères
que sur le flanc opposé du vallon, et sem-
bloit circonscrire â deux ou trois pieds d’élévation
d’imposans pilastres. Un fait nous la rendit fort
intéressante, et acheva de fixer nos idées sur les
formations siliceuses qui nous ont occupé plus
haut.
Au milieu du mince lit de fragmens coquilliers
qui coupe horizontalement en deux parties tout le
système calcaire de Maëstricht, lit que l’on doit
trouver à de grandes distances, et probablement
au même niveau jusqu’à Fauquemont, nous aperçûmes
la pointe d’un bloc irrégulier qui nous parut,
au premier coup d’oeil, d’une substance différente
des parties friables qui l’environnoient 3 nous
y reconnûmes un silex vague, tirant sur le bleuâtre,
extrêmement dur, produisant une multitude d’étincelles
sous les coups de marteau à l’aide desquels
nous essayâmes de l’arracher. L e liquide silicifère,
déposé dans une couche que composoient mille
débris peu liés, avoir d’abord pénécré dans les interstices
de ces débris, puis dans ces débris eux-
mêmes , et se les étoir assimilés 3 l’on reconnoissoit
dans le silex de nouvelle formation, ces débris devenus
quartzeux ; ceux-ci étoient demeurés, pour
la forme, pareils aux fragmens calcaires à peine
liés, qui s’en trouvoient à une petite distance. Des
morceaux de coquilles , des dencales surtout, g isant
sur les limites de la silicification, étoient métamorphosés
en silex dans la moitié de leur longueur
, tandis que le reste étoit encore calcaire.
Quelques morceaux de bivalves étoient
demeurés calcaires dans la masse des cailloux que
nous fîmes d’impuissans efforts pour enlever avec
sa gangue : nous n’en pûmes détacher que des fragmens,
mais, tout petits qu’ils étoient, ces fragmens
présenroient les caractères de la masse.
Nous renonçâmes à notre travail lorsque la chute
de quelques pierres, venant des voûtes ébranlées,
nous avertit que le plus bel échantillon minéralogique
ne vaut pas qu’on s’expose à demeurer englouti
dans les entrailles de la terre pour ëssayer
de l’en retirer. Etant parvenus par nos efforts, en
grattant tout autour de la couche friable, à faire
produire au silex coquillier que nous avions vainement
tenté d’extraire, une saillie remarquable , le
voyageur qui visitera les mêmes lieux, et qui
voudra observer un des plus beaux échantillons des
curiosités de Kanne, l’apercevra contre la face du
premier pilier à droite, en entrant dans les sou^
terrains par la grotte indiquée sur notre carte
çn R,
On peut considérer encore comme un plateau
très-déchiré par les cours d’eau, cette portion méridionale
des Saxes qui, en Allemagne, forme l’ancien
rivage que bordèrent les monts, aujourd’hui
si reculés dans les terres, et que nous avons plus
haut indiqués sous le nom de Système teutonique
( voÿqr pag. 74 ). M. Desmarest crut devoir faire
figurer, avec des teintes coloriées, la contrée dont
il est question (voye% PI. 26 ), pour l’intelligence
de l’article T errain qu’il avoir médité, mais que
l’ordre alphabétique n’a point encore appelé dans le
Dictionnaire, où notre collaborateur M. Huot
s’occupera d’une explication qu’il deviendroit conséquemment
surabondant de donner dans la présente
Illustration. ,
En France, le plateau de Langres est l’un des
plus élevés après celui desArdennes j il unir, comme
par une très-vaste dépression, les deux extrémités
opposées de ce que nous avons appelé Système
Celtique ( voye\ pag. 80 ), et l’on peut reconnoître
sur toutes les cartes combien ses pentes sont courtes
du coté du versant que nous appellerons méditerranéen
lorsque nous décrirons physiquement la
France, tandis que les pentes sont longuement adoucies
dan^ la direction océanique selon laquelle s’échappent
la Meuse et les principaux affltiens de la
Seine. Nous remarquerons à ce sujet une disposition
analogue des versans de presque tous les fleuves du
Monde, et qui n’a encore été mentionnée dans
aucun Traité de géographie, encore qu’on la retrouve
communément jusque dans les moindres
ruisseaux*, on en pourroit, en ces termes, faire une
sorte d’axiome hydrographique : Les cours d’eau
ont en général un dés cotés de leur bassin beaucoup
plus étroit que l’autre , c’est»-à-dire que les af-
fluens y viennent de beaucoup moins loin que les
afïliiens opposés. Ce fait, auquel nous trouvons fore
peu d’exceptions sur le Globe, n’en a peut-être pas
une seule en France. En vain l’on nous oppose-
roit, dans le bassin de la Basse-Loire, la Sarthe
' opposée à la Vienne, et dans celui de la Haute-
Seine, l’Yonrie opposée à l’Aude ; mais on ne doit
pas prendre pour canal principal dans un bassin le
cours d’eau qui lui donne son nom, ou qui reçoit
arbitrairement la dénomination principale, il faut
rechercher celui qui se trouve le plus dans la ligne
de l’embouchure, soit actuelle, soit ancienne, et
l’on reconnoîcra la réalité de notre assertion, Il est
clair que la partie inférieure des bassins de la Loire
formoit primitivement un golfe considérable, et
successivement une sorte de Gironde qui s’étendoit
jusqu’entre Saumur et Tours : or, depuis les monca-
I gnes où la Loire prend sa source, jusqu’à Saumur,
ce fleuve ne reçoit guère que des ruisseaux par sa
droite tandis qu’il reçoit de longues rivières par sa
gauche. Quant au bassin de la Seine, c’est de la
source de l’Yonne au Havre que nous en reconnoî-
trons le cours direct, et dès-lors la gauche ne fournira
que de foibles tributaires, tandis que la droite
en absorbe de considérables. Une telle disposition est
surtout frappante dans la France méditerranéenne,
considérée des sources de la Saône aux Bouches-
du-Rhône ; le Doubs, le Rhône au-dessus de Lyon,
l’Isère et la Durance, en arrosant les longues et
montueusés pentes orientales qui sont exposées au
couchant, n’ont pas d’analogues sur les pentes op-
•bosées.
Le centre de la Péninsule Ibérique forme un
plateau bien plus élevé encore qu’aucun de ceux
qui se voient en France, et même en Allemagne3
sa hauteur, dans la ligne qu’on tireroit du sud-est
au nord-ouest depuis les frontières de Murcie jusqu’à
l’extrémité du royaume de Léon, abstraction
faite de la hauteur du Guadarrama qui la traverse
diagonale,ment, est :
toitet. mètres.
Au port d’AImanza........................ 162 317
A Almanza ( la pyramide ) . . . . 178 348
A Bonète ......................... 131 447
A Albaceite.................................... 175 341
(C’est entre ces deux points qui ne diffèrent,
comme on le voit, que de peu de toises, qiie
certains faiseurs de cartes font encore passer ces
grandes montagnes imaginaires qui dévoient enchaîner
les Pyrénées depuis la Biscaye jusqu’au Cap
de Gate. )
toises. mètres.
A Minaya............................. 190 370
A Quintanar de la Orden. . . . . 180 351
A Ocagna.............................. 103 395
A Val-de-Moro......................... 178 . 327
( C’est entre ces deux points que se trouve la
vallée du T a g e , qui s’enfonce à Aranjuez, village
royal, dont l’élévation au-dessus des mers n’est
plus que de 250 mètres environ. )
toises. mètres.
A Madrid .......................... *74 34®
A Sanchidrian. . . . . . . . . . . . . . 243 474
( C est entre ces deux points que s’élève le Guadarrama,
et que Ton traverse le système Carpé-
rano-vettonique Par un col élevé de 43 o mètres environ
au-dessus de la hauteur moyenne du plateau. )
A Medina-del-Campo. ............ 000 330
A Trodesillas ( sur le Duéro non
en c a is s é ) ....................... ................ i 7 i 334
A Bénavente................................. 169 330
A A s t o r g a . ..................... 210 4F0
Après ce point commence à s’élever un des plus
puissans contre-forts du groupe asturique des Pyrénées,
pour séparer le bassin duSil du plateau central
de l’Espagne. U11 plateau dans la même Péninsule
domine encore celui dont il vient d’être question 3
c’est celui qu’on traverse: pour se rendre de Burgôs
au passage de. Somo-Siéra, et q u i, n’ayant pas
moins de 44+ mètres à Lerma, s’élève jusqu’à 556
au village de Fresnillo de la Fuente, aux racines
septentrionales de la montagne. On appelle P a-
■ rameras3 dans cette partie de l’Europe, tes plateaux
intérieurs plus ou moins considérables et. fort élevés
qui s’étendent entre les systèmes montagneux,
Parameras qui font que ces systèmes ne se présentent
pas touj’ours sous un aspect aussi majestueux que
les autres chaînes considérables du reste du Globe.
Les plus remarquables de ces solitudes sont celles
d’Avila et de la province de Soria, vastes steppes
dépouillées, arides, brunâtres ou d’un vert-noir ,
monotones, silencieuses, battues des vents, comme
dédaignées de la belle saison, sujettes au plus insidieux
mirage , et qui ressemblent parfaitement,
à leur élévation près dans la région des nuages,
à ces landes aquitàniques, qui sont les parties les
plus tristes mais en même temps les plus basses
de la France.
La hauteur des plateaux, dans l’intérieur des
continens, est ordinairement en raison de celle
des montagnes qui s’y voient. C ’est ainsi que ceux
du Mexique et du Pérou, dans le Nouveau-Monde,
sont bien plus hauts qu’aucun de ceux de l’Europe,
où l’on doit distinguer, outre ceux dont il vient
d’être question, i° . le plateau des Ardennes, dont
l’élévation moyenne est de 13 0 â 140 toises : il
gît entre la Meuse et la Moselle, et présente, par
la manière dont les eaux l’ont sillonné, beaucoup
d’analogie avec le Morvent 3 20. les Fanges, d’ou
sortent, â l’Occident, la Wesdre, qui tombe dans
la Meuse près de Liège ; vers le Nord, la Roer 3 et
vers l’Orient, cette Kyll qui tombe dans la Moselle
non loin de Trêves, en arrosant une région volcanique
très-élevée, non moins curieuse que l’Auvergne
, mais encore fort peu connue. La hauteur
de ce plateau, dont on voit un prolongement en
se rendant de Spa à Malmédy, et qu’on traverse
par son centre en s’y élevant par Montjoie, n’a
pas moins de 400 toises. On n’y trouve pas un
arbre 3 de vastes tourbières marécageuses, ou de
molles sphaignes en couvrent la superficie déserte ;
la neige y persévère durant six mois de l’année eu