
montagnes. Ces versans sont, en procédant par le
Nord,
i° . Le R hénan ;
2°. L ’O c éaniqu e ;
3°. Le M éd ite r r an é en ;
4°. L ’A qu it an iq u e .
Un coin de la France s’étend encore sur un
versant particulier qui n’appartient pas physiquement
à sa surface ; c’est le CANTABRIQUE, versant
dont nous avons décrit la longue étendue dans
notre Résumé de Géographie de la Péninsule Ibérique
3 en des termes qu’il sera nécessaire de reproduire
tout à l’heure en partie.
On ne peut guère aujourd’hui compter le Rhin
au nombre des fleuves d’une contrée où plusieurs
des principaux affluens de ce grand cours d’eau
viennent cependant prendre leur source : l’Adour
appartenant au versant cantabrique, il ne reste
pour la France physiquement dite que quatre
fleuves réputés de premier ordre, savoir, la Seine
et la Loire dans le versant océanique *, la Garonne,
dont le versanc aquitanique est exactement le bassin,
et le Rhône qui, avec le T e t , l’Aude et
l’H érault, arrose le versant méditerranéen.
La Charente, la Vilaine et la Somme, que dans
les Traités de géographie on appelle les petits fleuves,
appartiennent encore au versant océanique,
où, jusqu’ici, on avoit imaginé sur les soi-disant
cartes physiques, un bassin de la Seine et un bassin
de la Loire, qui ne sonr point naturels, parce que
nul mouvement de terrain ni le moindre changement
de physionomie ne distinguent l’une de
l’autre les contrées qu’arrosent les deux fleuves.
On a vu ( pag. 8o ) que, pour diviser les deux
prétendus bassins, on burina sur les cartes une
jolie chaîne de montagnes entre Paris et Orléans
, où ne se trouvent cependant que de grandes
et monotones plaines légèrement accidentées par
l’effet des eaux pluviales. Il n’étoit pas surprenant
, lorsque les géographes abusoient ainsi de la
crédulité publique en altérant la topographie de
leur voisinage , qu’ils surchargeassent aussi les
plaines de la Manche espagnole de pesantes p-y-
rénées j il en falloir partout, et l’on en traça
jusque dans le Médoc, dont il a été question
plus haut, comme d’un canton qui ne le cédoit
pas en abaissement aux Palus du Bec-d’Ambez.
(Foyct pag. 55.)
Le système Pyrénaique nous a précédemment
occupé sous le rapport de ses hauteurs ( voy. p. 8 2 et
suiv. ). Ce qu’on en peut dire encore sera traité par
M. Huot quand l’ordre alphabétique en appellera
l’histoire dans le Dictionnaire; il ne nous reste donc
à considérer ce système que sous un point de vue
où ne se sont guère arrêtés jusqu’ici les auteurs qui
en ont écrit. Les Pyrénées, si bien explorées par cet
illustre Ramond, dont les sciences déplorent la
perte récente, séparent maintenant la France de
l’Espagne; mais il n’en fut pas toujours ainsi.
Nous croyons avoir démontré qu’il fut un temps
eù la Péninsule Ibérique appartenoit à un continent
africain, ou plutôt Atlantique; les Pyrénées
y étoient comme le Caucase, à l’ouest de
l’Europe, entre la Caspienne et la Mer-Noire,
là limite élevée et boréale d’une région chaude
qui protégeoit cette région contre les tempêtes
du Nord. La Méditerranée communiquant à
l’Océan, en baignoit les racines septentrionales;
cent toises d’eau seulement en plus suffisoient
pour établir l’antique rivage dans une ligne très-sinueuse
, qui, sauf vérification, peut se retracer
d’A rgèles, entre Perpignan et Collioure, jusqu’à
Saint-Jean-de-Luz, en laissant en dehors les
plaines du Roussillon, la presque totalité du département
de l’Aude, les départemens de la Haute-
Garonne et du Gers, avec le canton jadis nommé
Béharn. Quelqu’anfractueux que soient les terrains
compris au nord de telles limites, nul sommet
n’y dépasse deux cents mètres ; les plus hauts n’é-
toient donc que des bas-fonds ; les belles plaines qui
s’étendent de Toulouse jusqu’entre Saint-Gaudens
et Martres, formoient un golfe dominé par le plateau
de Lanemezan , d’où rayonnent tant de cours
d’eau divergens, affluant de la Garonne et de
l’Adour, et qui sont une preuve de plus, par leur
étrange disposition, d’une retraite rapide de la Mer
en ces lieux. Ce plateau de Lanemezan mérite attention;
semblable pour la physionomie aux Para-
méras de l’Espagne, lande très-élevée et d’un
aspect sinistre, il semble être le pivot d’une
grande circulation, et dut être long-temps un
promontoire saillant projeté vers le nord , comme
pour séparer dès-lors le versant aquitanique du
versant cantabrique. Ainsi, les pentes des Pyrénées,
considérées dans l’ensemble général du
système , épanchent leurs eaux dans quatre directions
générales opposées deux à deux : i ° . directement
au nord, depuis le Cap-Ortegal jusqu’au
plateau de Lanemezan, pour former le
versant cantabrique ; i° . vers le nord, entre Lanemezan
, est un autre Cap qui s’avançoit inter-
médiairement aux sources de l’Arriège et de
l’Aude, pour former le versant aquitanique;
3°. au sud-est et au sud, de ce second Cap jusqu’aux
sources de l’Ebre, pour former le versant
ibérique ou méditerranéen, opposé au cantabrique;
40. au sud-ouest enfin,. depuis les sources de l’Ebre
au Cap-Ortegal, pour former le versant lusitani-
que opposé, ou plutôt correspondant à l’aquita-
nique, puisqu’il ne se trouve pas en contact
avec celui-ci.
Le système Celtique , lorsque la base des Pyrénées
étoit battue par les flots dans tout son pourtour,
formoit une île alongée du nord-est au sud-
ouest, dont les pointes septentrionales étoient vers
Bingen et au Mont-Tonnerre, tandis que celles
du sud se trouvoient aux montagnes noires non loin
de Sorèze ; la haute Loire y étoit un golfe du versant
océanique, et les racines des volcans d’Auvergne
étoient baignées par les eaux de la grande Mer.
C ’est donc à tort, qu’en parlant autrefois des chan-
gemens de figure subis par la Méditerranée, nous
avons dit que, cessant d’alimenter les monts igni-
vomesde la France centrale, ceux-ci s’éteignirent
par l’éloignement des vagues qui, aujourd’hui,
servent de véhicule au VésuVe, à l’Etna, ainsi
qu’à Stromboli. C ’est la diminution de l ’Océan
atlantique, et non celle de la Méditerranée, qui
exerça son influence dans cet assoupissement.
Les grands versans déterminés par les pentes des
systèmes de montagnes composent à la surface de
la France, en raison de l’exposition, trois régions
physiques principales, desquelles les deux premières
spin.analogues à deux de celles que forment, dans
la Péninsule Ibérique, quatre grands versans généraux
qu’on y reconnoît. Dans; cette Péninsule
Ibérique, la lisière maritime q.ui porte ses eaux vers
le nord est ce versant cantabrique, duquel dépend
notre Adour. Il est fort étendu de l’ouest à l’est,
mais fort étroit, car il occupe plus de cent trente
lieues en longitude, tandis que sa plus grande largeur,
du nord au sud, n’excède pas quinze lieues : ses pentes
sont rapides, et reçoivent sans obstacle l’influence
que doit avoir l’aspect boréal sous un climat que l’on
peut déjà considérer comme doux par sa position
géographique. On ne trouve point, dans la région
qui nous occupe, de grandes plaines ; les cours
d’eau y sont encaissés, les côtes sont coupées à
pic; le climat est généralement humide ; les productions
végétales présentent des rapports saillans avec
celles de notre Bretagne, du pays de Cornouailles,
et même de celui de Galles, qui cependant est
plus élevé de neuf degrés vers le pôle. Un grand
nombre de végétaux et d'insectes, qu’on ne retrouve
point dans l’intérieur des continens, mais
communs à des rives occidentales, qui s’étendent
sl fort en latitude, parent ou animent ces régions
océaniques, où tout semble assujetti au même mode
de création sur un développement de neuf cents
lieues de côtes au moins, en suivant les sinuosités,
et comptant du Cap-Ortégal, qui brave
l’Atlantique, jusqu’au Cap Saint-David, qui semble
se cacher dans le canal de Saint-George ; ce
versant cantabrique est non-seulement, par rapport
au reste de l’Espagne, d’un aspect européen, mais
il présente plus de ressemblance avec nos contrées,
où la chaleur n’est pas assez forte pour permettre la
culture en pleine terre de l’oranger et de l’olivier,
et dans lesquelles la vigne ne réussissant qu aux
expositions du midi, ne donne nulle part de vins
liquoreux ou très-chargés en couleur. Les pentes
aquitaniques et celtiques sont comme un prolongement
du versant boréal de l’Espagne ; elles forment
avec lui une région océanique éminemment
tempérée, où toutes les eaux coulent vers le golfe
de Gascogne et dans la Manche, région dont la
Flore esr proprement la Flore française, bien différente
de celle où l’on comprit arbitrairement
(selon que des provinces s’ajoütoient à 1 Empire
français) le catalogue des richesses végétales qu’une
seule bataille perdue en devoir faire disparoirre.
On ne trouve dans cette étendue ni lavandes, ni
romarins, ni lentisques dans l’état sauvage. Les
plateaux arides appelés Landes ne s y couvrent
que de bruyères, mais les . vrais Cystes y sonr
comme étrangers. Le Nérion , le Figuier même,
ont besoin de beaucoup de soins pour n y jaas
geler annuellement. L ’hydrophytologie des côtes
est toujours celle des régions boréales ; les poissons
y sont aussi, du moins en grande partie,
ceux des mers du Nord. Les hommes de race
celtique en furent, les.premiers habitans ; ils descendirent
avec les fleuves et les rivières vers
l’Océan atlantique, en peuplanr successivement
les. longues pentes qui s’abaissoient devant eux ;
mais ils ne purent en faire de même du côté opposé
, car autant le, versant occidental du système
Celtique est alongé, autant l’orienta^ est
brusque ou raccourci ; en supposant les .eaux de la
Mer élevées de deux cents toises de plus quelles
ne le sont maintenant, et portées au niveau qui
leur faisoit baigner les racines des monts éteints
du centre de la France, ce versant ne seroit pas
sillonné par un cours d’eau qui eut quinze lieues depuis
sa source jusqu’à son embouchure. Les bords
occidentaux du bassin du Rhône, dans la direction
de la Saône et du Doubs, en marqueroient les rivages
jusqu’à la dépression qui a fourni passage au
canal de Montbéliard, et par lequel le bassin de
deux départemens rhénans de la France formoient