
mers , la terre et les eaux liquides reposant sur
un noyau de glaçons, et l’opinion de tant de
grands physiciens qui admettoient une chaleur
centrale, renversée d’un trait de plume en vertu
de dix-sept immersions d’appareils brisés ou qui
n’atteignirent qu’à des profondeurs à peine appréciables
par rapport au diamètre du Globe. L ’idée d’un
noyau de glaçons paroît en opposition avec tout ce
qui fut observé jusqu’à ce jour. On n’avoit pas encore
imaginé que la congélation des fluides pût
commencer par le fond pour gagner la surface. Le
docteur Kéraudren, dans son excellent article E au
DE MER , inséré dans le Dictionnaire des sciences
médicales , prouve le contraire. « Sans rechercher,
dit ce savant, en quoi l’influence atmosphérique
peut être nécessaire au phénomène de la congélation
, toujours est-il vrai que les -rivières, les
lacs et la Mer même, en se congelant, ne se
prennent pas en totalité il s’établit à la superficie
une croûte de glace qui a plus ou moins d’épaisseur
et sous laquelle l’eau reste encore fluide. » Les
navigateurs rapportent avoir trouvé en approchant
des pôles, des îles flottantes de glace de 20.00 toises
de circuit et de plus de 50 pieds d’élévation, ce qui
suppose que la partie submergée n’avoit pas moins de
5 5 o pieds d’épaisseur. « La glace, d’après les expériences
d’Irving, ne s’élève que d’un 1 2e. au-dessus
de l’eau salée j cependant les plus énormes glaçons
sont mobiles et suivent la direction des vents et des
courans j donc l’eau-qui les supporte est fluide
au-dessous comme autour d’eux, quoiqu’à une latitude
et sous une température aussi basse, l’eau
du fond de la Mer dût être gelée, s’il étoit vrai
qu’elle y pût geler quelquefois. »
De tout ce qui vient d’être dit, il ne faut
cependant pas conclure qu’il soit absolument impossible
de se former, dans l’état actuel de nos
connoissances, quelques idées approximatives relativement
à la température des profondeurs de la
Mer. Quelques expériences du baron de Hum-
boldt nous fournissent des notions plus exactes
qu’on n’en avoit avant le retour de ce voyageur.
A peine l’illustre Prussien quittoit l’ancien continent
pour explorer le nouveau, et dès sa première excursion
dans l’Atlantique il vérifioit, au moyen d’une
sonde thermométrique à soupape, que l’approche
d’un bas-fonds, au sein des mers, s’annonçoit toujours
par un abaissement sensible de température
de la surface des vagues j il, trouva déjà en se rendant
de la Corogne au Férol, près du Signal-blanc,
indice d’un blanc de sable, que le thermomètre
centigrade marquoit 120 5 et i$° 3 , tandis qu’il
§e tenoit à 150 ou 160 3 partout ailleurs où la Mer
étoit très-profonde ; la température atmosphérique
étojt alors de 1 20 8. « Le célèbre Francklin et
M. Jonathan Williams , auteurs d’un ouvrage qui
a paru à Philadelphie, sous le titre de Navigation
atmosphérique, ont, ajoute M. de Humboldt
[Voyage aux Régions équin. , tom. I ,p a g . 106),
fixé les premiers l’attention des physiciens sur les
phénomènes qu’offre la température de l’Océan au-
dessus des bas-fonds et dans cette zone d’eaux chaudes
courantes qui, depuis le golfe du Mexique, se
porte au banc de Terre-Neuve et vers les côtes
septentrionales de l’Europe. L ’observation que la
proximité d’un banc de sable est indiquée par un
rapide abaissement de la température de la Mer à
sa surface, n’intéresse pas seulement la physique,
elle peut aussi devenir très-importante pour la sûreté
de la navigation 3 l ’usage du thermomètre ne doit
certainement pas faire négliger celui de la sonde,
mais des expériences citées dans le cours de cette
relation prouveront suffisamment que des variations
de température, sensibles pour les instrumens les
plus imparfaits, annoncent le danger avant que le
vaisseau s’y engage. »
Nous ne cherchons point à expliquer les raisons
du phénomène dont il vient d’être question, il
est trop dangereux d’établir des théories sur un
petit nombre de faits, et nous bornant à résumer
ce qu’on peut entrevoir de moins douteux
dans le résultat des expériences faites jusqu’ic i,
nous remarquerons qu’on a des raisons de croire
à une diminution de température en descendant
de la surface des mers dans leurs abîmes, et
que cette diminution est plus sensible dans les
hautes légions de l’Océan que sur les rivages* Il
existe une grande distance entre les conséquences
qu’un esprit circonspect peut tirer de telles données,
et celles qu’en déduit l ’écrivain trop hâté
de se singulariser, qui s’écrioit : « La source unique
de la chaleur de notre Globe est le grand
astre qui l’éclaire } sans lui, sans l’influence salutaire
de ses rayons, bientôt la masse entière delà
terre congelée sur tous les points, ne seroit qu’une
masse inerte de frimats et de glaçons. Alors T bis-* j
toire de l’hiver des régions polaires seroit celle de \
toutes les planètes. » Dans cette hypothèse, le j
Monde ne seroit donc plus menacé d’être consumé
par un grand incendie universel, comme le
croyoient plusieurs philosophes de l’Antiquité, et
comme le prédit l’Apocalypse, En attendant ce qu’il j
en sera, et dans L’intérêt de la science, nous faisons
des voeux pour voir réitérer les expériences, faites ;
jusqu’à ce jour d’une manière incomplète, sur la
température çJes profondeurs de l'Océan. Nous l
croyons I
croyons que l’instrument le plus propre à de
pareilles .recherches est encore celui. qu’imagina
Saussure, parce qu’il est simple, facile à fabriquer
en tous lieux, et d’un emploi assez commode.
Mais il faudra donner au thermomètre,
par une immersion d’autant plus longue que les
profondeurs seront plus grandes, le temps d’éprou-
i ver l’influence complète de ces profondeurs. Il ne
i faudra pas le retirer avec une lenteur qui permette
le moindre changement de température dans le
trajet du retour. Il faudra prendre de grandes précautions
pour saisir les résultats de chaque immer-
.sion avant que l’atmosphère où se trouve l’investi-
Igateur ait eu le temps d’influer sur le thermomètre
[placé dans l’intérieur de l’appareil, lorsqu’on ,en
fera l’ouverture. C e . 11’est pas soi%voile surcoût
; qu’on devra s’occuper d’observations thermométriques.
Il seroit à desicer qu’on perfectionnât
|un appareil à soupape qui, dans les profondeurs
dont on voudroit connoître la température., admet-
troit les eaux de ces .profondeurs ^ et qui isolant
| ensuite, par le moyen du suif, de la cire et du bois,
|ées mêmes eaux, ne pennettroit pas aux cou-
|ches supérieures de leur rien ôter ou ajouter pendant
le retour. Un tel mécanisme auroit encore
[cet avantage, qu’on pourroit apprendre quelque
[chose de positif sur les différences de salure, et
dans quelles proportions la mucosité marine , ainsi
jque la phosphorescence, existent au fond de la Mer,
supposé qu elles y existent, chose qu’on n’a pas
[essaye de savoir, et dont personne n’a encore
.parlé.:
§. III. Des mouvemens de la Mer.
t DES MARÉES.
. Dans leur habitude de classer ce qui n’est pas susceptible
de se prêter à des arrangemens méchodi-
[ques, des auteurs de Traités géographiques ont di-
iVisé les mouvemens de la Mer en trois sortes, où
• es ondes, les vagues, les lames, les courans et les
[marées étoient comme des genres et des espèces.
[Avant d entrer en matière, ces auteurs nous préviennent,
« que les eaux marines comme les eaux
je. onces cède ne à la plus légère pression par l’effet
F® K ut “ uFicé.» Nous renverrons ceux qui ne
i sauroient pas des choses si- simples, aux ver
jjbeuses compilations dfe Pinkerton, pour nous M-
Ljer daj ° uc®r quelques mots à ce qui a été dit
|deS| matees dans la partie du Dictionnaire ré-
ld.ge par feu M. Desmarest. Ce savant, après
pLvoir defini la signilicatipn .du mot Marées. n’a
pas eu lé temps de,s’étendre suffisamment sur un
sujet trop important pour qu’il ne soit pas nécessaire
d y revenir} et pour en parler comme il convient
de le faire, nous prendrons pour guide M. Constant
Prevosr, très-habile géologue , auquel norre
Dictionnaire classique d’histoire naturelle doit un
article excellent, dont les marées font le sujet.
Dans presque cous les points des continens et
des îles qui sont baignés par les eaux de l’Océan,
dit 1 habile géologue, on voit le niveau de celles-
c i s élever, pendanc l’espace de six heures environ
, pour redéscéndre dans le même espace
de temps, au point de départ ou à peu près.
L instant du flux ou flot est celui où la marée
monte ; lorsque le mouvement d’ascension s’arrêre,
la Mer érale, c esc-à-dire qu’elle esc pleine ou haute }
puis, lorsque les eaux s’abaissent, on a le reflux
ou jusant} et enfin, pendant le moment très-
court qui précède une nouvelle élévation graduelle,
on die que la Mer esc basse. Les effets de ce grand
phénomène général ne sont cependant pas chaque
jour les mêmes dans un même lieu, et ils varient
d une manière très-sensible dans le même moment
»d un lieu a un autre, soir pour l’instant dé la haute
ou de la basse mer, soit pour la quantité d’élévation
et d abaissement des eaux. Cette quantité varie
aussi dans un port déterminé , selon les saisons
et les jours } coures ces différences et ces irrégularités
tiennent, d’une part, immédiatement aux
causes qui produisent les marées, e t , d’une autre ,
a des circonstances secondaires et locales qui modifient
les effets des premières causes, telles que
la forme et le plus ou moins d’étendue des bassins
des différences mers} la masse et la profondeur des
eaux mises en mouvement} la disposition particulière
des rives, des plages, des falaises, des golfes,
des détroits } l'action irrégulière des courans et des
vents, etc. Ainsi, bien que la cause qui détermine
le mouvement des eaux de la Mer soit la même
dans un même point du Globe , on remarque, par
exemple, que sur les côtes de notre Océan, et plus
spécialement sur celles de la Manche , la différence
de niveau des eaux varie depuis quelques pieds jusqu
a quarante et quarante-cinq pieds.entre la haute
et la basse -mer, candis que ce niveau change' à
peine dans la Baltique, la Méditerranée, la Mer-
Rouge , et encore moins dans la Caspienne. O11
observe que, dans tel porc, la Mer esc haute plusieurs
heures plus tôt ou plus tard que dans un autre
porc voisin : lorsque la Mer esc pleine à 3 heures à
Amsterdam , elle l'est à 6 h. 45 min. à Anvers ; à
11 h. 45 m, a Calais} à 10 h. 40 m. à Boulogne 5
à 7 h. 45 m. à Gherbourg } à 6 h. à Saint-Malo }