
42 ANALYSE
port des stations, les plantes marines dans les classés
■ suivantes.
> i° . Hydrophytes que la marée couvre et découvre
chaque jour.
i° . Hydrophytes que la marée ne découvre
qu’aux syzygies.
$ °. Hydrophytes que la marée ne découvre
qu’aux équinoxes. ^
4°. Hydrophytes que la marée ne découvre
jamais.
$ °. Hydrophytes qui appartiennent à plusieurs
des classes précédentes.
6°. Hydrophytes qui ne croissent qu’à une profondeur
de cinq brasses au moins, ou vingt-cinq
.pieds.
7°. Hydrophytes qui ne croissent qu’à une profondeur
de dix brasses, ou cinquante pieds.
8°. Hydrophytes qui ne croissent qu’à une profondeur
de vingt brasses ou de cent pieds.
90. Hydrophytes qui ne croissent que sur des
terrains sablonneux.
‘ - io°. Hydrophytes qui ne croissent que sur des
terrains calcaires.
1 1°. Hydrophytes qui ne croissent que sur des
rochers.
« Plus les côtes sont rapprochées, ajoutoit
M. Lamouroux, plus leur végétation offre d’analogie
: prenons pour exemple les mers du Nord. Il
existe les plus grands rapports encre les plantes de
la baie d’Hudson, de celle de Baffin, du Spitz-
berg, de l’Islande et de la Norvège boréale. La
•différence augmente avec les distances ; la végécation
marine du Danemarck et de Terre-Neuve,
de France et des.Ecars-Unis;, a moins de rapport
que celle des côtés opposées sous le cercle polaire.
•L’on trouve cependant quelques espèces semblables
dans des pays éloignés l’un de l’autre de plus de
15 00 lieues; ils sembleraient liés par des bas-fonds
qui existeraient entre l’Angleterre et 1 Amérique
septentrionale; leur uégécation participe de celle
des deux pays. Il n’en est pas ainsi de l’hémisphère
austral : les terres y sont trop éloignées, et les Hydrophytes
du détroit de Magellan n’ont plus d’identiques
à la Nouvelle-Hollande ou sur la côte de
Van-Diemen. »
Comme le nom du savant dont on vient de
transcrire quelques lignes.fait autorité, il importe
de réfuter, avant qu’elles prennenr possession d’état
dans J a science, les erreurs d®nt ces lignes sont remplies.
i° . Des rivages très-voisins produisent souvent
une végétation totalement différente, lors-
quadossés. pour ainsi dire, ils dépendent de deux
bassins différons quoique contigus-: c’est ce que nous
avons démontré lorsqu’il a été question de la Méditerranée
colombienne. ( Voyc\ pag. 15.) 2°. Ce
n’est pas en raison de l’éloignemenc des rivages,
mais en conséquence de leurs rapports réciproques,
qu’on doit présumer la ressemblance de. leur Flore
marine, et non-seulçment les Hydrophytes de
l’Islande, du Sprtzberg, de la Norvège boréale,
se ressemblent beaucoup, mais la ressemblance
s’étend bien plus loin : Terre-Neuve, le nord de
l’Ecosse et la Méditerranée de Béring, principalement
sur les côtes du Kamtchatka, y participent
très-sensiblement. 30. Ce qui pourra surprendre
les personnes qui attachent beaucoup d’importance
aux distances, et dont cependant nous avons récemment
acquis la certitude, c’est que la végétation
marine des Etats-Unis d’Amérique et de l’Europe
est beaucoup plus analogue sous les mêmes latitudes,
que cette végétation sur nos côtes occidentales
de France ne l’est avec celle des rivages méditerranéens
du Languedoc et de la Provence. 40.
Rien n’autorise à supposer l’existence de ces bas-
fonds de liaison qui contribueraient à propager sous
les eaux des plantes anglaises en Amérique ; on ne
croit plus en géographie à ces chaînes sous-marines
dont on surchargeait les mappemondes vers la fin
du siècle dernier. 50. Enfin, loin que, dans l’hémisphère
austral, la botanique marine soit totalement
différente à de grandes distances, et qu’on ne trouve
aucune identité entre les Hydrophytes des terres de
Magellan,. de la Nouvelle-Zélande et de la côte
de Van-Diemen, nous trouvons une ressemblance
frappante entre la végétation de toutes les pointes
méridionales des terres de l’hémisphère ausrral. Les
îles Malouines, le Cap Horn, les côtes du Chili,
la Nouvelle-Zélande, l’Australasie du Sud , et jusqu’au
Gap de Bonne-Espérance, présentent des
rapports frappans quand il n’y existe pas une identité
parfaite. -
C ’est ici le lieu de soumettre aux navigateurs
naturalistes qui voudroient s’occuper de l’histoire
de la Mer sous le rapport de la station des créatures
végétantes qu’elle nourrit, diverses considérations
relatives à la coloration de ces créatures.
C ’est d’une profondeur d’à peu près 200 pieds en
arrivant aux Canaries, que MM. de Humboldt
et Bonpland retirèrent cette précieuse Caulerpe
à feuilles de vigne, si remarquable par sa belle
•couleur verre. C ’est de 500 pieds environ aux
approches de la terre de Leuwin , que Mangé
et Péron ramenèrent, au moyen de la drague,
des Rétépores, des Sertulàires , des Isides, des
Gorgones , des Eponges , des Alcyons , des
Fucacées et des Ulves brillantes de phosphorescehce
qui manifestolent une chaleur sensible. C ’est
de 600 pieds environ qu’entre les îles de France
et de Mascareigne, nous obtînmes une touffe enracinée
de Sargassum turbinatum -> en tout semblable
à celle que nous avions recueillie au rivage;
c’est enfin après 1100 pieds, par 79 degrés de latitude
nord, à 80 milles des côtes du Groenland,
que fur déraciné par un baleinier, ce Polype extraordinaire
figuré par Ellis (Act. Angl. 48. p. 305.
t. X I I , ec Cor a l t. 3 7 .), et devenu le P ennatula
encrinus ( Syst. nat. X I I I . t. 1. p.- 3867.), animal
•de six pieds de long, gigantesque dans sa tribu,
ombelle vivante formée d’hydres qui brilloient de
la plus belle teinte jaune ; autre preuve qu’un être
organisé peut se colorer sans la participation du
jour, à moins qu’on n’admette que des rayons de
lumière pénètrent jusque dans l ’abîme. .
Le physicien qui voudra vérifier ce qui en est,
remarquera que versda surface des eaux, brillent
de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel les tentacules
de ces Actinies, que leur beauté changeante fit
appeler Anémones de mer 3 nos Iridées, des Padines
en plumes de Paon et des Cystosceires, produisant
l’effet du prisme ; le carmin rendre, le bleu d’azur,
y parent dés Méduses, les Physales, les appendices
des Porpites, des Thalies et des Glaucus, tandis
que les Béroés et les Amphinomes y agitent leurs
cirres étincelantes. Au-dessous de cette zone presque
superficielle, où pénètre en se décomposant et
pour colorer fortement les corps chaque série de
rayons lumineux, apparoîc la multitude des Flori-
dées, où le rouge avec le pourpre étalent toutes
leurs nuances,- ainsi que le corail-couleur de sang,
qui commence avec cette zone. Le vert tendre,
mais souvent-si brillant , qui pare les Ulves et les
Confèrves depuis la surface des marais, règne in-
diffé remment dans les deux couches pour persévérer
jusqu’à la plus grande profondeur, où elle s’est
retrouvée sur leCaulerpa vit folia.Le brun-jaunâtre,
qu on remarque plus superficiellement encore, par
^apparition des espèces du genre Lichina3 humectées
seulement contre les flancs des rochers riverains par
1 écume des vagues durant la haute,marée, persiste
au-dessous de la» région de verdure, puis-
qu imprimant sa monotonie à la plupart des Fu-
cacées, des Spongiaires et des Sertulariées, nous
1 avons observé dans une Sargasse croissant vers
? 600 pieds d’enfoncement ; le jaune pur, qu’on
ne trouve guère dans la région, superficielle, ne se
montre que plus bas, où il dore, à 236 brassés, ce
P'ènnatula encrinus 3 devenu X Umbellulana Groen-
landica de M. de Lamarck. 'Quant au blanc pur,
on ne l a point encore observé dans les Hydrophytes
ou dans les Polypes, maïs peut-être le
doic-on rencontrer, si l’on parvient jamais à sonder
jusqu’aux plus grandes profondeurs. Alors le blanc
formeroit, s’il est permis d’employer cette comparaison
, les deux extrémités du diapason de la
coloration pour les productions des eaux, à la sur-',
face marécageuse desquelles s’épanouissent en corolles
d’albâtre les fleurs de Nénufar, de l’H ydro-
caride et des Renoncules aquatiles.
t t ANIMAUX INVERTÉBRÉS.
En même temps que les premiers Hydrophytes
et des animalcules improprement appelés Infusoires
j se développèrent primitivement au sein des
eaux , et par la raison qui fait que les plantes aquatiques
, croissant à de grandes distances les unes des
autres, présentent plus d’analogie entr’elles que les
Phanérogames, les Microscopiques, que nous nous
plaisons à nommer les ébauches de l’existence animale,
durent préparer de bonne heure l’existence
des Poissons. Ils sont à peu près les mêmes à toutes
les latitudes, du moins en avons-nous observé
d’identiques sur divers points du Globe, où nous,
avons appelé le verre grossissant au secours de nos
foibles organes ; .nous avons observé les mêmes
Navicules, des Cereaires et des Volvoces pareils
dans les eaux du Niémen et dans celles de l’î.!e de
France. Des animalcules obtenus de l’infusion de
corps organisés rapportés de Terre-Neuve,, du Japon
, de la Nouvelle-Hollande, de la presqu’île
«de l’Inde, des Antilles et de l’Amérique méridionale,
nous ont, comme on l’a vu plus haut
(pag. 2 2 ) , donné les mêmes animalcules, avec
un petit nombre d’espèces differentes proores à
chacune de ces infusions, espèces qui, peuf|erre
recherchées de nouveau, se retrouveront ailleurs
comme les autres. Nous: en avons conclu que le
mode d’organisation animale dans la plupart des
Microscopiques étoit le même en chaque lieu dans
les circonstances pareilles ; plus compliqués, les
Acalèphes sont moins les mêmes dans les diverses
régions de l’Océan. Le nombre en paroît augmenter
vers les régions équatoréales. C ’est là aussi que
les Polypiers préparent de grands changemens dans
la figure ec dans la profondeur des mers, ils s’y
multiplient en quantités énormes ; leur superposition
forme des écueils, effroi du navigateur, là
même où la sonde ne trouvoit naguère point de
fond. Les petites espèces de Polypiers flexibles pa-
roissent être plus fréquentes dans les régions tempérées
leurs dimensions diminuent à mesure qu’on
approche des pôles j elles augmentent au contraire