
pérature égale des étés. Tant de circonstances
locales influent'sur l’état de l’atmosphère, qu’il
est presqu’impossible d’établir des règles certaines
sur de tels points de Géographie^ physique.
Les observations exactes ne sont d ailleurs
pas assez nombreuses ; quelques faits partiels,
recueillis par Pallas, Saussure, Dolomieu , Ra-
mond, Deluc, Cordier, Humboldt, Breislak, de
Buch, et par nous-mêmes, pourroient un jour servir
de matériaux à quelque bon ouvrage de ce
genre ; mais quel voyageur vit et compara assez de
montagnes pour étendre à toutes celles de 1 Univers
des raisonnemens faits d’après 1 examen de quelques
points élevés des Cordillières, du Mexique,
des îles africaines de la Péninsule Ibérique , y compris
les Pyrénées, de l’Auvergne, des Alpes, de
’’Italie, de l’Etna, du Hartz, des monticules de
la Saxe ou de la Bohême, des chaînes Scandinaves
et des hauteurs de l’Empire britannique ? Que sait-
on de très-positif sur le Caucase, dont pourtant
on a beaucoup écrit, sur le plateau d Asie, sur les
sommets de la Chine, sur cet Hymalaya, dont
on exagère probablement la hauteur ? Qui mesura
^les Gates, le Bélour ou le Bucktiri ? et qui nous
pourroit dire à quels systèmes se rattachent ces
monts asiatiques, ou s’ils sont isoles ? Sait-on rien
des chaînes de l’Arabie ou de ces sommets de 1A -
byssinie, dont Bruce rapporte que les entassemens
sont si étranges, et que nous croyons avoir fait
primitivement partie de la même terre que la
presqu’île arabique ? Quant aux autres inégalités
de l’Afrique et de l’Atlas lui-même, si voisin de
nous, ces montagnes, dont aucune ne fut mesurée
authentiquement, sont tracées au hasard
sur les cartes. En jetant les yeux sur le catalogue
des hauteurs connues du Globe, on ne
trouvera qu’une soixantaine de points connus
pour le Nouveau-Monde , dont près des deux
tiers, vers son milieu seulement, ont été déterminés
par M. de Humboldt. Le reste, soit au
sud, soit au nord, moins quatre ou cinq sommets
des Etats-Unis ou de la côte Nord-Est, est absolument
inconnu. Une telle pauvreté de ren-
seignemens ne commande-1-elle pas la plus
grande économie de comparaison entre 1 inconnu
et le connu? . ,
Pour terminer ce qui concerne le chapitre des
montagnes primitives, généralement les plus J***-
tes du Globe, nous donnerons un aperçu de 1 élé-
varion des limites de la neige permanente sur leurs
pointes ou sur leurs cimes, et selon les climats
géographiques, qu’il ne faut pas confondre avec
ce que, dans notre Résumé de la Géographie d Espagne,
nous avons appelé climats naturels. Nous
devons faire observer que cette ligne des neiges
permanentes n’a guère été calculée que pour l’hémisphère
boréal ; quelle sera probablement plus
basse pour l’hémisphère austral ; quelle s abaisse
ou s’élève sur les mêmes systèmes de montagnes,
selon l’exposition* du nord ou du sud, et qu il se
trouve des cimes sous un même parallèle, ou se
remarquent de grandes variations, ainsi que nous 1
l’avons signalé au sujet de 1 Etna. Nous avons
de fortes raisons de croire qu’on renoncera
quelque jour à l’idée de mesurer la limite dont
il est question d’après la latitude des lieux , et
qu’on se bornera à exprimer ce phénomène, si remarquable
dans l’histoire des montagnes, en signalant,
pour chacune individuellement, le zéro perpétuel
, sauf à faire monter ou descendre ce terme!
sur chaque sommet, selon que Iété
ou moins chaud.
<été plus
2460
235°
Sous l’équateur aux Andes . . . .
Sous le 19e. degré, au Mexique* 2350
Sous le 28e. 17 min., au Pic T é -
nériffe............................................. ..
Sous le 30e. degré, pentes méridionales
de l’H ymalaya.. . . . . . . Sous le 30e. degré, pentes septentrionales
des mêmes montagnes.
Sous le 37e. 45 min. à l’Etna.
Sous le. 3 7e. 10 min. à la Sierra-
Nevada d’Andalousie, pentes septrionales
1700.
2605
5°77
so
0 ^
0 0
1418 i-j66
seulement....................... 14x8
Entre les 4 1e. et 43e. au Caucase......................................................
Entre les 42e. et 43e. sur les Pyrénées,
lé 5Q 3116
145° 2816
1300 *534
1370 1670
pentes méridionales.......... *45°
Entre les 42e. et 43 e., pentes septentrionales........................................
1300
Entre les 45 e. et 47e. dans les
Alpes.......... ...................................
Entre les 6 1e. et 6 2e. en Norvège.....................................................
Sous le 65 e. en Islande. . . . . . . 550
Entre les 6 5 e. et 70e. en Laponie.
00
0 0
3 66 , 7*3
15° ic)6
* .......................... ..................... 3 ® ^
Entre les 75 e. et 78 e. à la Nouvelle
Zemble et au Spitzberg.. . .
4795
4580
3 800
*534
. 1657
1071
Contre les monts primitifs, au noyau desquels
on ne sauroit retrouver les moindres indices de rien
qui ait vécu, s’appuient des montagnes moins élevées
, où se lient et s’anastomosent des chaînes, des
contre-forts et des éperons qu’isolent en partie des
cols et des vallées plus ou moins larges. Ces systèaura
mes, dont le calcaire semble former la masse, sont
appelés secondaires. Ils durent être, en effet, postérieurs
à l’élévation des masses qui viennent
de nous occuper, et auxquelles l’observation prouvera
tôt ou tard que tous les^ systèmes secondaires
se rattachent ou furent originairement subordonnés.
La substance constitutrice s y montre souvent
tellement homogène et compacte;, qu en la désignant
sous le nom de calcaire alpin , on lui Rendit
le nom de primitif. En effet, le calcaire ainsi désigné
est primitif par rapport à tout autre calcaire
que nous offre la croûte terrestre*, mais de ce qu on
n’y retrouve nulle trace reconnoissable d etres organisés
quelconques, il ne s’ensuit pas qu une création
d’êtres organisés, absolument effaces quant aux
formes, n’en ait pas préparé la modification matérielle,
c’est-à-dire la masse.
Buffon avoit pensé que tout calcaire possible devoir
1’existence aux débris animaux. Cette grande
idée qui a trouvé des approbateurs et des antagonistes,
nous paroît fondée à certains égards. L animalité
ne créa point le calcaire, mais elle l’extrait
des fluides qui en tiennent les élémens en solution,
et quand le Globe fut recouvert par les eaux, des
animaux marins ayant commencé le dépôt de cette
substance, il est très-possible que des changemens !
survenus plus tard dans la nature de ces eaux par
quelque catastrophe physique dont nous n essayerons
pas de rendre raison, aient opéré son remaniement
comme il arrive dans ces fosses où des maçons
éteignent des pierres calcinées remplies de cérites
ou autres coquilles parfaitement reconnoissables,
lesquelles disparoissent à jamais pour se délayer en
une masse de chaux entièrement homogène. C ’est
postérieurement à une telle opération , faite en
grand dans la Nature, que la vie put recommencer
pour servir d’agent à la reconstruction d’un nouvel
Univers autour d’un premier Monde dissous et
précipité en dépôts sédimenteux sur les rochers qui
formoient son noyau. Ces rochers servant de support
aux sédimens d’un autre vieux Monde, soulevés au-
dessus de l ’Océan d’alors, comme on l’a vu quand
nous avons parlé de la diminution des Mers,
porroient sur leurs pentes de vastes couches de
calcaire de remaniement aujourd’hui nommé
primitif, et à travers lesquelles les eaux pluviales
ne tardèrent pas à creuser des vallées, tandis
que le dessèchement y causoit d’immenses crevasses;
celles-ci,agrandies par le temps, séparent
aujourd’hui de plusieurs lieues des fragmeus qui
furent autrefois contigus, ou sont devenues ces
vastes cavernes si connues dans le calcaire alpin;
de tels accidens prouvent que la masse pâteuse
a éprouvé un retrait considérable par le
dessèchement ; l’affaissement des souterrains résulté
d’une telle cause, a changé et modifié à plusieurs
reprises la croûte terrestre, dans le silence des
âges effacés. D ’innombrables débris, détachés par
des milliers de convulsions, ont recouvert, en glissant
les uns sur les autres, des espaces où la roche
primitive présêntoit originairement sa surface
aride, et l’on dit aujourd’hui que tel ou tel calcaire
y est superposé à telle ou telle autre roche
primitive ; d’autres fois, de ces roches éternelles, de
qui les parties constitutives semblent présenter le
type de la matière brute, ont au contraire roule en
masses considérables, et loin des cimes qu elles cou-
ronnoient; leurs quartiers anguleux ont tracé des
sillons profonds quand ils ne bondissoient point, et
s’étant plus ou moins enfonces aux lieux ou les
retint enfin leur poids, y formèrent ces blocs usés
par les influences atmosphériques, et qu on trouve
épars ou entassés dans certains cartons granitiques
comparables au champ de bataille des Titans.^
De là cette idée bizarre qu’une certaine ecole
de géologie tente d’accréditer, que les granités sont
partout supérieurs aux calcaires; on établit cette
1 théorie en généralisant les conséquences de deux
ou trois accidens partiels dont là cause s explique
cependant d’une manière très-contraire. O n s etaie
pour prouver la prétendue disposition superficielle
ou calcaire de roches primitives, de ce que l on a
trouvé des fragmens de celles-ci gisans jusque sur
des coulées de laves. Pour nous, qui avons vu des
masses de basalte très-dur et très-compacte, grosses
comme l’arc de triomphe du Carrousel, soulevées
majestueusement par les flots incandescens
d’une coulée en marche, demeurer surnageantes
au-dessus des scories, s’y encroûter à moine,
tandis que la coulée se refroidissoit à leur base,
s’y élever en forme de monticule d’un bleu ardoisé
, quand la surface sonore et spongieuse des
scories fut entièrement figée y nous pensons qu il
est très - imprudent de prétendre renverser une
théorie reçue comme incontestable, à '1 aide de
faits qui ne prouveraient rien , les exemples en
fussent-ils plus multipliés qu’ils ne le soût. Nous
le répétons, les auteurs qui écrivent sur ce qu on
appelle formations et sur les montagnes , se font
une idée trop importante des points du Globe
qu’ils ont examinés; ils n’ont donc pas vu le beau
plan en relief d’une partie de la Suisse et des
Plantes- Alpes, qu’avoic très-habilement construit
le général Pfyffer, et dont il- y a vingt
ans environ, on montrait à Paris, sur le quai
Voltaire, une copie perfectionnée. Ce chef-d oeuvre