
à 3 h. 5 3 m. à Brest, etc. Ici la Mer s’avance lentement
sur une plage qu’elle abandonne de même ;
là , elle s’élance avec une rapidité telle, qu’elle peut
atteindre le cheval le plus agile ; ce qu’on voit
surtout au Mont-Saint-Michel, dans la baie de
Cancale.'
Malgré le nombre infini de modifications de ce
genre, qui doivent résulter du grand nombre de
causes secondaires et perturbatrices que nous avons
signalées, le calcul et l’observation se sont réunis
pour rendre compte de presque toutes les anomalies
, et pour dévoiler la véritable cause productrice
des marées. Ce phénomène si imposant, et que
les Anciens connoissoient à peine tant qu’ils ne
quittèrent pas les côtes de la Méditerranée, fixa
cependant leur attention lorsqu’ils eurent l’occasion
de l’observer dans les mers des Indes et sur les
bords de l’Océan. Les rapports qu’ils remarquèrent
exister entre les époques des hautes et basses eaux
avec la position de la lune dans le ciel, firent soupçonner
à plusieurs que les marées étoient le résultat
de l’action de Cet astre. Pline les attribue même
à l’influence du soleil et de la lune ; mais cette vérité
n’a été démontrée incontestable que depuis la
découverte et l’analyse des lois de la gravitation
universelle, et depuis que l’immortel Newton a
fait voir que les phénomènes compliqués du mouvement
périodique des eaux de la Mer n’étoient
qu’une conséquence rigoureuse de ces lois. En effet
, l’une d’elles est que les molécules des corps
célestes , comme celles de la matière en général,
tendent l’une vers l’autre en raison inverse du carré
de la distance qui les sépare, et d’après cela, chacune
des molécules dont se compose le Globe terrestre
est attirée différemment par celles du soleil
*t par celles de la lune. Pour ne parler, dans ce
moment, que de l’action exercée par ce dernier
astre sur la Terre, on conçoit que les parties de
celle-ci, qui sont les plus rapprochées de la lune,
sont dans le même moment plus' fortement attirées
que celles qui sont au centré , et bien plus encore
que celles qui sont à la surface de l’hémisphère
opposé i cependant, malgré certe intensité différente
d’attraction , les molécules qui composent la
masse solide du Globe ne pouvant se séparer pour
se mouvoir isolément et obéir à la force qui sollicite
chacune d’elles, l’effet défirfttif de la lune
.sur la terre solide est le résultat de toutes les actions
exercées sur chaque molécule en particulier ;
mais il n’en est pas de même pour la masse liquide
des eaux, dont toutes les parties mobiles séparément
sont attirées en raison de l’intensité de l’action
qui les sollicite ; il en résulte que, lorsque la
, lune est au-dessus d’un point quelconque de la surface
des mers, l’eau s’élève vers cet astre, et, comme
par suite des mouvemens de la lune et de la terre,
le même lieu se retrouve sous la même influence
lunaire toutes les 14 h. 49 minutes, ou à peu près
( 24 h. 48', 44^, l " 3 48 "" ). L ’élévation des eaux
a lieu par suite de cette influence une fois par jour;
mais, par une conséquence de la loi d’attraction,
dans le moment où la Mer se gonfle en un point
donné de l’hémisphère , les eaux qui occupent la
portion diamétralement opposée dans l’autre hémisphère
étant plus éloignées de la puissance attractive
que ne l’est la masse solide de la Terre, elles
restent, pour ainsi dire, en arrière de celle-ci, et
elfes forment en -sens inverse une élévation analogue
à celle produite par soulèvement : de là vient
qu’au lieu d’une seule marée montante dans les
24 h ., il y en a réellement deux ; l’une étant produite
par le plus grand rapprochement de la lune,
et l’autre, au contraire, l’étant par son plus grand
éloignement : de cette manière , la masse générale
des eaux de la Mer a la forme d’un sphéroïde
alongé. dont le grand diamètre devroit être dirigé
vers la lune, si le mouvement de la Terre, le mouvement
imprimé aux molécules aqueuses et l ’action
variable du soleil, suivant sa position respective
par rapport à la lune et à la terre, ne s’op-
posoient pas à ce'que l’effet suivît instantanément
l ’action qui le produit.
Nous n’avons parlé, dans l’explication précédente
, que de l’action exercée par la lune sur
les eaux du Globe ; mais nous devons dire que
celle du soleil la modifie, soit en s’y ajoutant,
soit en s’y opposant ; ce dernier astre, malgré
sa masse, n’exerce, à cause de son éloignement,
qu’une action évaluée au quart de celle de la
lune. Dans les syzygies, c’est-à-dire au moment
de la nouvelle et de la pleine lune, lors- :
que le soleil et la lune agissent concurremment,
les marées sont les plus fortes ; tandis que, dans j
les quadratures ( premier et dernier quartier), elles 1
sont plus foibles. Il y a donc une variation dans le
gonflement de la Mer pendant une lunaison j le
plus considérable se nomme grande mer ou maline}
et le plus petit morte eau. Lorsque la lune est à son
périgée, c’est-à-dire le plus près de la Terre, toutes \
choses étant égales d’ailleurs, les marées sont plus •;
grandes ; de même aux équinoxes, les marées des
syzygies sont les plus considérables, et les mortes
eaux sont aussi les plus basses : dans tes solstices,
les variations entre l’élévation et l’abaissement ■
dans la même marée est en raison inverse de
l’élévation, c’est-à-dire que la Mer se retire d’au-
Irant plus qu’elle s’est élevée davantage précé-
fjdemmenr. De même que l’effet produit pair la
ilune n’a pas lieu immédiatement au moment
de cet astre au méridien, de même la grande
jjmer et la morte eau n’arrivent que trois ou
'quatre, marées-après les syzygies et les quadra-
tures. Les marées du soir ne sont pas égales à
Icelles du matin ; elles sont plus grandes le soir
dans l’hémisphère où se trouve le soleil. Ainsi , K
en Europe, les marées du matin sont plus grandes
| pendant l’hiver, et en été elles sont plus petites.
( On voit, par tout ce qui précède, de combien de
| données se compose lé problème du mouvement
des eaux de la M e r , mouvement dont la connois-
Isance est d’une haute, importance pour les .na-
[ vigateurs, qui, chaque jour, dans leurs voyages,
I ont besoin de savoir d’une manière exacte la quan-
! tiré d’élévation ou d’abaissement des eaux dans un
! lieu donné et à une époque déterminée, afin de
pouvoir diriger la marche de leur vaisseau en con-
Iséquence. Pour obtenir ces résultats, les calculs
[ théoriques ne suffisent pas ; il est nécessaire qu’ils
Ispient établis sur des observations préliminaires.
Pou r arriver, par exemple, à déterminer à quelle
| heure la Mer sera haute tel jour dans tel port, et
1 savoir en même temps quelle sera la différence de
| hauteur d’eau entre la haute et la basse mer, il faut
[ que des observations précédentes aient indiqué à
\ quelle heure ordinairement la Mer est haute les
I jours de pleine et de nouvelle lune dans ce port :
c est ce que l’on nomme l’établissement du port
. ou de la marée-, point de départ des calculs. O11
peut cependant résoudre les mêmes problèmes
! en sachant quelle est l’heure de la haute mer
p pour un jour donné. Les marins possèdent des
l tables toutes faites , dressées d’après l’observation,
et qui leur indiquent l’établissement des
I marées dans les principaux ports connus ; c’est
■ «r ces tables que nous empruntons quelques exem-
[ P‘es qui donneront une idée des-iriégularités lo-
| cales qui peuvent exister, si l’on compare les différences
des heures avec la position relative et
S géographique des porcs cités»
Heures, de la pleine Mer, les jours de la nouvelle et
de la pleine lune 3 sur quelques points riverains
de l 'ancien Monde.
Hambourg ..........................
Amsterdam.. . . . . . . . . . .
Groningue . . . . ’ .................
Anvers . , . . . . ...................
Embouchure de la Tamise.
2> 45
IO 5°
I I 45
IO 5°
11 40
9 00
1 J 5
8 20
7 45
5
5
15
7 30 '
3 33
4 15
3 40
7 47
3 JO
2 1 5
4 3°
2 j o
1 2 40
10 3°
3 ‘ bp''
1 20
j min.
3 O
6 •
*5 _
45
Londres ......................
Douvres............................
Calais. . . . . . . . . . . . . . . .
Dieppe ............................ .. .
Portsmouth.............. ..
Havre-de-G ra ce..................
Rouen.. ............ .................. .
D iv e s .................... ............. .
Cherbourg.. . . . . . . ; .........
Plymouth.................................... 6
Morlaix......... .. .................
Cap Lézard ( Angleterre ) . . . .
Brest. ................... .....................
Rochefort . . . . . . . . . . . . . . . ,
Tour de Cordouan, à l’embouchure
de la Gironde....................
Bordeaux.....................................
Bayonne-
Lisbonne......................................
Cadiz...........................................
Fayal ( îles Açores ). . . . . . . . .
Funchal ( Madère). .............. ..
Sainte-Hélène ( île ). - , . . , ... .-
Cap de Bonne-Espérance.. . . . .
Foulepointe (Madagascar)... .
Avec ces tables, les marins en consultent encore
d’autres, qui leur apprennent de combien l’effet
calculé d’après le passage de la lune au méridien
d’un lieu, retarde ou avance selon que cet astre est
à son plus grand rapprochement, son plus grand
éloignement, ou bien à des distances moyennes de
la Terre; mais il devient inutile d’entrer ici dans
plus de détails sur ce sujet.
Les vagues qui viennent se briser continuellement
contre les rivages qu’elles couvrent de leur
écume , sont donc en grande partie dues au mouvement
sidérique des eaux de la Mer; aussi existent
elles lorsque l’atmosphère est le plus calme,
bien que, dans les tempêtes , les vents augmentent
quelquefois d’une manière considérable, mais momentanée,
cette agitation constante; celle-ci donne
lieu à un bruit monotone particulier et imposant,
que l’homme ne peut entendre pour la première
fois sans une profonde émotion. Lorsque la marée
monte , de même que lorsqu’elle descend, les eaux
ne s’élèvent pas et ne s’abaissent pas d’une manière 1
continue, il se fait une suite d’oscillations répétées,
à chacune desquelles la Mer semblé se retirer
et s’avancer ; on appelle aussi ce mouvement oscillatoire
Jlux et reflux. C ’est au c.hoç de la vague contre
"le sol résistant qu’est du en partie le bruit dont
nous venons de parler, car il s’y joint celui que font