
qui consume la croûte du Globe, comme les fusées
d’un grand dépôt, soulevant les granités et
autres substances qui leur sont superposées, le basalte
esc encore une de ces matières qui, toutes
formées et coulantes, faisoient partie du noyau de
notre planète échappée de quelque corps céleste.
Ainsi, c’est par un incendie souterrain qui réalise
leTartare de l’antiquité, que des substances, peut-
être émanées du soleil, ont été rendues a 1 influence
de ses rayons, etc. »
Péron qui, dans la relation d’un voyage où nous
avions d’abord marché unis , finit par s étudier a
bâtir des systèmes diamétralement opposés à ceux
qui pou voient résulter de nos publications, et qui
plaisanta sur l’Atlantide parce que nous en avions
raisonné, révoqua en doute le feu centrai de Buffon
et de Dolomieu, uniquement parce que nous
en avions adopté l’idée en l’appuyant de preuves
puisées dans la nature même ; et l’on a vu
(pag. 31 ) combien l’anthropologiste de l’expédition
Baudin tenoit à ce que la_surface du Globe
et ses Mers reposassent sur un fondement de glaçons.
Aujourd’hui MM. Arago et Cordier portent
jusqu’à l’évidence la théorie de la liquéfaction
janée des parties centrales de noire, planète, et
prouvent même qu’à moins d’une vingtaine de
lieues sous nos pas, la Terre est encore incandescente
et fluide. Ce fut toujours notre pensée
, ainsi qu’on vient de je voir 3 1 esprit de contradiction
pouvoir seul faire révoquer en doute
une théorie basée sur tant d’expériences qui ont
prouvé l’augmentation de la température, à mesure
qu’on s’enfonçoit dans les cavités du Globe, et
par laquelle on pourra trouver peut-être un
jour l’explication des phénomènes magnétiques,
des trembiemens de terre, des éruptions de volcans
et de leur extinction , etc. En attendant
les grands résultats que doit avoir la démonstration
de la liquéfaction ignée du Globe au-dessous d une
croûte figée assez peu épaisse, n’est-on pas tenté
de sourire lorsqu’on voit un écrivain, que des efforts
inouis n’éleveront jamais au-dessus de la ligne des
médiocrités, saisissant l’une des trompettes de la
renommée, qu’il a su s’approprier , se proclamer
le restaurateur d’une théorie qui pouvoir fort
bien se passer de son témoignage ? « Nous sommes,
s’écrie-t-il (Bulletin universel des sciences et de l'industrie,
février, n°. 18 1 7 ) , les premiers qui, dans
ces derniers temps, ayons cherché à réhabiliter la
mémoire de Buffon sous ce point de vue. » Réhabiliter
Buffon ! . . . Ne faut-il pas avoir un amour-
propre aussi incandescent que le peut être le centre
du Globe, pour écrire dans ce goût ? . .,,
§. III. D e s parties non montagneuses de la surfa
ce terrestre.
Nous ne saurions adopter le mot plaines pour
l’opposer à montagnes, et pour désigner la partie
moins tourmentée du Globe dont il nous reste à
parler. Le sens qu’on donne à ce mot plaines est
vague, et cependant que mettre à la place ? Toutes
les plaines ne sont pas nécessairement unies comme
le sont celles de la Beauce, qui est-ordinairement
la contrée que l’on cite lorsqu’il est question de
donner l’idée d’un pays plat 3 il en est de très-anfractueuses
, qu’ont déchirées des cours d’eau profonds
3 telles sont celles de la pointe de Normandie
, entre la Seine et la Manche, qui s’étendant
à perte de vue, sont interrompues par des vallées
assez profondes, brusquement encaissées, et que
s’y sont creusées les moindres cours d’eau.
La même disposition se retrouve sur les Para-
méras de l’Espagne, et généralement dans tous les
cantons où le sol, nivelé par les eaux stagnantes
qui le déposèrent, s’est fendu par le retrait après
la disparition de ces eaux, comme nous voyons
qu’il arrive en petit sur le fond des moindres mares
desséchées par le soleil de l’été. Il faut conséquemment
avoir sans cesse présent à la pensée, lorsqu’on
s’occupe de Géographie physique, que les
i plus vastes accidens de la croûte terrestre ne sont
grands que par rapport à notre extrême petitesse,
et que l’on trouve souvent dans un bourbier les
faits qui nous paroissent les plus nnposans dans la
Nature, produits par un même mécanisme, seulement
en diminutif.
Les attérissemens d’alluvion dont il a été question
au chapitre des eaux douces ( pag. 54), forment
toujours des plaines basses, tandis qu’on
trouve d’autres plaines, formées peut-être de la
même manière, mais à des époques bien antérieures,
q u i, plus ou moins élevées au-dessus du
niveau de la Mer, ont reçu le nom de plateaux.
M. Desmarest avoit choisi, pour développer ses
théories sur la formation et la dégradation de tels
plateaux, le canton appelé Morvant, dont il a
donné la description dans le Dictionnaire, et fait
graver la topographie dans les Planches 24 et 25
du présent Atlas. Nous y avons ajouté la carre du
plateau de Saint-Pierre de Maastricht (PI. 2.7 )>
que nous avons relevée et dessinée avec soin,
lorsqu’exilé de France par suite des troubles politiques
, nous fûmes réduits à chercher sous la
terre un asyle que toutes les puissances de l’Europe
nous refusoient à sa surface.
Le plateau de Saint Pierre peut être considéré
comme
comme l’extrémité septentrionale d’un plateau 1
beaucoup plus étendu, contenu entre la Meuse et
la petite rivière de Jaar, appelée Jeckere^flamand.
Il en est distingué par un ressaut de terrain qui se
voit sur la route de Liège, par les hauteurs entre
Caster et la Cense, nommée le S art, dans l’endroit
où un pli de terrain qui conduit les eaux pluviales
vers leJaar ou Jecker, rétrécit tellement ces hauteurs,
qu’entre l’origine de ce pli et l’escarpement
oriental, il ne reste que quelques mètres de largeur
occupés par le jardin de la Cense et par la route de
Liège. I
Le cours de la Meuse, depuis Argenteau et V îsê
sur la droite du fleuve, suit la direction du sud au
nord, en décrivant de légères sinuosités, dont la
plus considérable, formant un coude vers l’ouest,
se trouve à plus d’une lieue au-dessus de Maastricht 3
jusqu’à ce coude, la rive gauche de la Meuse présente
une plaine richement cultivée, où l’on trouve
successivement les villages de Hallebaye, de Lixe,
de Léon , de Nivelle et de N a y e , après avoir
traversé le petit ruisseau qui., venant d’Heur-le-
Romain, baigne Hacour et se jette vis-à-vis de
la plus méridionale des petites îles formées devant
Visé par des alluvions. La plaine dont il est question
est bornée au couchant par une pente brusque
fort élevée, au faîte de laquelle on devine aisément
que doit exister un terrain uni, sillonné par les
eaux pluviales, et dont une craie ébloùissante ou
des teintes ferrugineuses diaprent les parties qu’une
verdure misérable, sombre et toujours broutée par
des troupeaux de moutons, ne sauroit embellir.
Cette pente, se courbant en arc immense, dont
la corde n’auroit pas moins d’une lieue et demie ,
est éloignée de la Meuse d’environ 3000 mètres
vis-à-vis de Hallebaye 3 mais atteinte, en se prolongeant
vers, le nord, par le coude que forme la
rivière au pied du Sart et de Caster, elle ne s’éloigne
plus de celle-ci, encaisse sa rive gauche,
et forme alors le flanc oriental du plateau de Saint-
Pierre. Du point où la Meuse lave la base de l’escarpement
, celui-ci change d’aspect 3 à la monotonie
de ses gazons rembrunis ou de son éblouissante
stérilité, succède un tableau aussi varié que riant.
Des brisures nombreuses, que décorent des bocages
, entre l’épais feuillage desquels on voit saillir
des blocs de rochers bizarrement groupés 3 des
murs naturels, dépouillés de toute verdure, comme
zébrés par l’effet des bandes noirâtres de silex qui
s y présentent en assises horizontales ; des antres
ténébreux, creusés à diverses hauteurs, ou disposés
quelquefois à la suite les uns des autres, comme
les portiques des .temples de l’antiquité 3 le château
de Caster et l’ancien couvent de Slavande, avec
leurs jardins disposés en terrasses, enfin la vieille
tour de César qui couronne le centre du paysage ,
font de ce site l’un des plus pittoresques qu’on
puisse imaginer.
L ’escarpement dont nous venons de décrire l’aspect
, et qu’on peur admirer surtout en descendant
la Meuse par la barque de Liège, supporte une
plaine considérable et très-unie dans toute son étendue
, à l’exception des endroits où quelques affais-
semens opérés dans les cryptes inférieures, y ont
occasionné de légères inégalités ou des trous plus
ou moins considérables en forme de cratères. Cette
plaine, depuis le point que nous supposons avoir
été la limite méridionale de l’ancien camp romain,
entre le Sart et Caster, jusqu’au fort actuel de
Saint-Pierre, situé à son extrémité septentrionale,
peut avoir cinq mille pas environ de longueur dans
la direction du sud-sud-est au nord-nord-ouest 3 sa
largeur varie selon que les pentes occidentales commencent
plus ou moins près de l’escarpement orien?
tal. Cette largeur peut être évaluée à mille ou douze
cents pas, par le travers de Slavande et de Lichtenberg
, où elle est le plus considérable.
Les pentes du plateau de Saint-Pierre, loin d’être
aussi brusques vers le couchant et vers le' nord,
où ce plateau ne s’abaisse que du côté de la Meuse,
y sont au contraire, en plusieurs endroits, assez
adoucies pour être facilement cultivées 3 lorsque
leur maigreur ne les rend pas propres à se revêtir
de moissons , elles demeurent abandonnées aux
troupeaux, qui ne permettent guère aux plantes
sauvages d’y prendre tout leur accroissement. Le
nombre de ces plantes n’est pas considérable : celles
que nous avons vues sur les pentes stériles et
broutées ont un air languissant j elles y sont à peine
ombragées par quelques genévriers appliqués contre
le sol, ou par des touffes de rosiers rubigineux,
dont les feuilles, pressées entre les doigts, répandent
une agréable odeur.
La hauteur totale du plateau, en avant du fort
qui en couronne l’extrémité, doit être d’une
soixantaine de mètres, et nous la croyons encore
plus considérable vers le château de Caster. Cette
hauteur se compose, selon Faujas de Saint-Fond,
dont nous avons vérifié les observations en ce
point,
1 °. D ’une couche de galets arrondis ou ovales, de
la grosseur du poing à celle d’une noix , quartzeux ,
opaques, tantôt grisâtres, tantôt d’un blanc plus
ou moins terne,tantôt couverts d’une rouille ferrugineuse
, parmi lesquels on trouve quelques jaspes
grossiers, rougeâtres ou d’un violet obscur. Cette